Apocryphetic - Heir To The Cosmos
Chronique
Apocryphetic Heir To The Cosmos
Originaire du Tennessee et plus précisément de Knob Creek, Apocryphetic est un groupe relativement récent dont les premiers balbutiements remontent en effet à 2019. Formé par Brandon Von aka Lord Of The Carrion Pit, le groupe évolue dans un premier temps sous la forme d’un one-man band avant d’être rejoint quelques mois plus tard par trois autres musiciens. C’est ainsi en tant que quatuor que la jeune formation sort en janvier 2020 sa troisième démo intitulée Through Cruelty Is Our Ascension To Paradise. À celle-ci succèdera en décembre de la même année un premier album intitulé Heir To The Cosmos paru sur le label Sunshine Ward Recordings (Altar Blood, Infestment, Typhonian...).
Pour l’illustrer, Apocryphetic a fait appel aux services de l’artiste espagnol Raúl González (Ataraxy, Dead Congregation, Horrendous, Morbus Chron, Cadaveric Fumes...) qui signe ici un artwork discutable entre traits naïfs et enfantins à l’image de ces volcans que ma fille de six ans auraient très bien pu dessiner elle-même et ajouts numériques pas forcément de très bon goût (ces quelques portes célestes)... Du coup non, l’artwork n’est clairement pas l’atout principal de ce premier album.
D’ailleurs, puisque l’on en est à aborder les choses qui fâchent, sachez que cette illustration n’est pas vraiment le seul défaut de Heir To The Cosmos puisque la batterie synthétique risque elle aussi très certainement de faire grincer quelques dents. D’autant qu’Apocryphetic n’est pas un groupe de Funeral Doom et que celle-ci est largement mise à contribution ici. Si vous avez donc en horreur ce genre de batterie ultra-triggée, sans relief et qui clairement manque d’authenticité et de feeling, soyez prévenu que c’est bel et bien ce que vous trouverez à l’écoute de ces vingt-cinq minutes particulièrement musclées. Libre à vous de passer votre chemin ou bien de vous en accommoder...
Si quelques griefs peuvent donc être énoncés à l’égard du premier album d’Apocryphetic, il y a bien une chose que l’on ne peut pas lui reprocher, c’est son intensité particulièrement élevée. Alors certes, l’originalité n’est pas non plus vraiment au rendez-vous, mais la durée peu excessive de ce premier méfait (vingt-cinq minutes, pas une de plus) permet néanmoins de compenser les indiscutables liens de parentés qui existent ici entre le Death Metal du groupe de Knob Creek et celui d’Angelcorpse dont il s’inspire très largement. Mené évidemment tête baissée, le couteau entre les dents avec la furieuse envie d’en découdre à la moindre petite remarque, Heir To The Cosmos ne fait aucunement dans la demi-mesure. Derrière les fûts, monsieur Infernal Dominator aka Blastphemator enchaîne comme son deuxième nom le suggère les rafales de blasts à une vitesse qui frise l’indécence. Des salves radicales et peu subtiles néanmoins nuancées de temps à autres par quelques brèves séquences de tchouka-tchouka volontaires et entrainantes ("Liturgy Of The Blade", "Oppression Through Genocide", "Imperial Defenestration", "Apocalyptic Prophecies") et autres moments moins en tension ("Liturgy Of The Blade" à 2:35, la première partie de "The Millenial Key", "Blood Flow" et son break bien lourd entamé à 0:58 ou bien encore "Dawn Of Lamentation" et l’arrivée de ces nappes de synthétiseur façon Nocturnus / Nocturnus AD à 0:46).
Sans surprise également, le riffing absolument infernal dispensé par Lord Of The Carrion Pit et Ghoul aka Derrik Goulding de Father Befouled qui signe d’ailleurs ici l’intégralité des leads et autres solos chaotico-mélodiques que l’on va pouvoir retrouver tout au long de ces vingt-cinq minutes explosives. Si certains passages peuvent sembler parfois redondants ou même un petit peu trop simples ("Liturgy Of The Blade" à 2:04, "Oppression Through Genocide" à 1:27, "Apocalyptic Prophecies" à 0:21...), dans l’ensemble on reste tout de même sous le charme de ces déferlantes de riffs et de notes exécutés à des vitesses tout à fait hors du commun. Il s’en dégage une impression de force brute et de chaos que rien ne semble pouvoir arrêter... À noter également que sans être particulièrement remarquables, certains solos moins frénétiques offerts par Derrick Goulding permettent de varier les plaisirs et d’apporter un soupçon de mélodie ("Oppression Through Genocide" à 1:43, "Apocalyptic Prophecies" à 1:41), parfois de façon un petit peu bancale et hasardeuse ("Blood Flow" à 2:05), à un Death Metal pourtant sans compromis.
Alors évidemment, n’est pas Angelcorpse qui veut (à ce titre, la voix pourtant âpre et véhémente de Brandon Von est loin de porter le même degré de haine que celle d’un Pete Helmkamp). Pour autant, Apocryphetic s’en tire ici plutôt bien malgré quelques défauts de jeunesse que l’on espère voir corriger à l’avenir (ça semble déjà être le cas pour cette batterie synthétique à en juger par les quelques titres du split avec Entrantment paru en début d’année). En attendant, les amateurs de Death Metal bestial à la Angelcorpse, Cambion, Perdition Temple et autres joyeusetés de ce genre seraient bien avisés de passer outre cet artwork discutable pour jeter une oreille attentive à Heir To The Cosmos, un premier album imparfait mais suffisamment radical et efficace pour faire oublier ses quelques défauts.
| AxGxB 22 Février 2022 - 1021 lectures |
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