Contaminated - Final Man
Chronique
Contaminated Final Man
Si Blood Harvest est un label plutôt discret, chacune de ses productions mérite pourtant que l’on s’y intéresse très sérieusement. Ainsi depuis ce début d’année, la petite structure suédoise tenue, je vous le rappelle, par le chanteur/batteur des Satanic Surfers (groupe de Punk Rock ayant fait la gloire du label Burning Heart dans les années 90), s’est fichue de quelques disques particulièrement savoureux à commencer par ce premier album de Contaminated. Un album que j’attendais de pouvoir découvrir avec impatience après une première démo (Pestilential Decay) pleine de promesses.
Originaire de Melbourne, Contaminated voit le jour en 2013 à la seule initiative de Lachlan McPherson. Celui-ci est rejoint l’année suivante par Christoph Winkler (batterie) et Matthew Johnson, guitariste au sein des excellents Ignivomous. Bien que le groupe semble tout à fait capable de fonctionner sous la forme d’un trio, deux nouveaux membres viendront intégrer les rangs de la formation courant 2015 laissant ainsi à Lachlan McPherson la possibilité de se concentrer désormais sur un seul instrument, la guitare.
Intitulé Final Man, ce premier album des Australiens attire d’emblée la sympathie grâce à cet artwork improbable, grouillant et dégoulinant. On y découvre une espèce de monstre informe avec une pince de crabe en guise de bras gauche et qui, pour couronner le tout, porte ce qui semble être les restes d’un scaphandre. Le genre d’illustration qui vous dit, avant même d’avoir posé vos oreilles sur la musique des Australiens, que tout cela risque quelque peu de tâcher.
Et en effet, Contaminated ne perd pas de temps pour nous éclabousser de son Death Metal crasseux et abyssal qui vient quelque peu rappeler l’extrême pesanteur d’un certain Disma. Une ressemblance qui passe en premier lieu par une production relativement similaire à celle de l’écrasant Towards The Megalith. On retrouve ainsi chez les Australiens ce son de guitare particulièrement chaud et épais ainsi que ce grain qui vient nous poncer les chairs jusqu’à l’os. Un mimétisme des plus remarquables qui à défaut d’apporter de l’originalité à l’ensemble vient écraser l’auditeur par la force naturelle des choses. Une impression d’extrême lourdeur d’ailleurs renforcée par la basse tout en saturation de Nick Warren, le growl particulièrement profond et monocorde de Zev Langer mais aussi et surtout ces ralentissements poisseux à vous rompre les cervicales ("Squalid Survival" à 0:49, "No Time To Rot" à 1:03, les premières mesures écrasantes de "Their Future", l’inquiétant "Starved" d’ailleurs dénué de chant, "Forlorn And Desolate" tout en mid-tempo, l’ultra lourd « Mired In Shit » où le growl de Zev Langer n’a jamais été aussi profond...
Là où Contaminated vient véritablement tirer son épingle du jeu et ainsi éviter une comparaison risquant de lui faire peut-être un peu trop d’ombre, c’est dans la cadence particulièrement soutenue que le groupe nous impose ici tout au long de ces neuf compositions. Si Disma ne s’est jamais refusé à de franches accélérations bien viriles, elles sont chez les Australiens beaucoup plus nombreuses et surtout nettement plus intenses (mention spéciale pour Christoph Winkler qui derrière ses fûts s’amuse à tartiner dans tous les sens entre blasts épileptiques et jeu de cymbales particulièrement intéressant). Il se dégage ainsi de ces multiples séquences une véritable impression de chaos (les cinquante premières secondes de "Squalid Survival" répétées ensuite durant le morceau, l’expéditif "No Time To Rot" et ses deux minutes et trente-neuf secondes, "Their Future" à 1:26 et ses cymbales explosives, "Boneless Mass" et ses passages d-beat endiablés, etc). On y trouve finalement avec plaisir ce petit côté typiquement australien - quelque part entre gros bordel et folie malsaine - qui bien souvent fait toute la différence.
A l’image de l’artwork, ce premier album de Contaminated est gras et difforme, gris et dégoulinant, absurde et effrayant. Certes, l’influence de Disma se fera ressentir tout au long de ces trente-quatre minutes mais peu importe. Déjà parce que le résultat est tout à fait convaincant dans son genre. Ensuite parce que les Australiens ont su apporter dans leurs bagages quelque chose de bien à eux grâce à un jeu de batterie explosif et à des séquences particulièrement intenses insufflant à leur Death Metal une toute autre dynamique ainsi qu’une diversité des plus bénéfiques. On repassera donc pour l’originalité mais par contre, question efficacité, ces petits gars-là n’ont de leçon à recevoir de personnes.
| AxGxB 2 Juin 2017 - 1606 lectures |
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