Reptilian - Perennial Void Traverse
Chronique
Reptilian Perennial Void Traverse
C’est vrai, le nom de Reptilian n’est pas de ceux qui donnent particulièrement envie… Même l’artwork de Timo Ketola (Dead Congregation, Lvcifyre, Verminous, Teitanblood...) n’est pas forcément des plus encourageants... Alors pourquoi perdre son temps avec un groupe que personne ne connaît et qui, au moins sur le papier, n’a pas beaucoup d’arguments pour convaincre ? Et bien pour plusieurs raisons. La première est que Reptilian est aujourd’hui signé sur le label Edged Circle Production à qui l’on doit deux des plus intéressantes découvertes de 2015 (Inculter et Sepulcher). La seconde est que le groupe est originaire de la petite ville de Fusa en Norvège, comme le sont justement Inculter et Sepulcher. La troisième est que les membres de Reptilian font tous partie de cette jeune génération norvégienne désireuse de rendre hommage à leurs aînés tout en apportant un semblant de personnalité à leur musique. Il n’en fallait alors pas davantage pour que je me décide à m’intéresser à Reptilian.
Perennial Void Traverse est donc le premier album de cette jeune formation fondée en 2012 par les membres du groupe de Thrash Cockroach Agenda. Trois ans après un split en compagnie d’Inculter (décidément...), Reptilian passe enfin à la vitesse supérieure. Et comme vous pouvez le constater en jetant un coup d’œil à la note, en dépit d’un patronyme et d’un artwork que certains pourront juger peu engageants, le contenu vaut néanmoins la peine que l’on s’y intéresse sérieusement.
Toutefois, n’attendez pas non plus de Reptilian qu’il change la face du Death Metal. Comme je l’ai déjà évoqué un peu plus haut, ces jeunes garçons restent très attachés à certaines valeurs. Aussi, leur musique entend bien être le reflet d’une certaine époque avec en ligne de mire quelques influences plutôt évidentes à commencer par celle des Américains d’Autopsy. En effet, il ne vous faudra pas plus de quelques minutes en compagnie des Norvégiens pour vous rendre compte que Reptilian partage ce même amour pour les séquences mid-tempo impromptues et tarabiscotées et un riffing décharné et abrasif (le titre "Swamp" devrait rapidement vous plonger dans le bain). Un lien de parenté évident mais dont l’héritage n’est pas aussi pesant qu’il aurait pu l’être puisque celui-ci vient se mêler à d’autres sources d’inspirations dont celle de ses compatriotes d’Obliteration. Les connaisseurs retrouveront ainsi cette frénésie ainsi que ce même grain de folie transmis par une voix tout aussi hallucinée et chevrotante que celle de Sindre Solem. Une ressemblance tout aussi saisissante même s’il est étonnant de voir à quel point ce groupe semble avoir influencé de très près ces jeunes norvégiens (que ce soit chez Inculter, Sepulcher ou Reptilian, on retrouve systématiquement un peu d’Obliteration/Nekromantheon/Sindre Solem...)
On serait donc naturellement tenté de penser que Reptilian n’a pas grand-chose d’autre à offrir que ce qu’ont déjà pu faire ces deux excellents groupes avant lui. Pourtant, l’écoute de ce Perennial Void Traverse tend malgré tout à démontrer le contraire. Certes il y a des similitudes, des similitudes plus qu’évidentes, mais Reptilian réussi malgré tout à tirer son épingle du jeu pour nous offrir une musique qui va au-delà du simple hommage. Comme le suggère la durée de ces six compositions, les Norvégiens sont plutôt du genre à prendre leur temps. Une façon pour le groupe d’étoffer ses atmosphères et de jouer également sur la dynamique de chacun de ses titres. Ainsi, les passages lents et maladifs qui viennent tourmenter l’auditeur côtoient systématiquement ces séquences explosives et rock’n’roll où tout fout le camp dans un bordel sans nom. Comme c’est souvent le cas, cette bipolarité rythmique, en plus de varier les plaisirs, donne davantage d’impact à chacun de ces moments qu’il soit entêtant, chaotique, halluciné, tout en urgence... Enfin, s’il répète parfois plus que de raison certains patterns au sein du même morceau, Reptilian construit généralement ses compositions de manière à les faire évoluer au fil du temps et des minutes qui s’écoulent (comme l’atteste par exemple l’excellent et captivant "Cadaverous Creature"). Ainsi, les Norvégiens ne donnent jamais l’impression de tourner en rond préférant plutôt aller de l’avant en enjoignant l’auditeur à être attentif à chaque changement de rythme, à chaque nouveau riff, à chaque nouvelle atmosphère, à chaque nouvelle intonation de voix…
A la manière de Mausoleum Tapestry de Sepulcher, Perennial Void Traverse donne dans un premier temps l’impression d’un album simple et facile à appréhender, notamment grâce à ces fameuses sonorités empruntés à quelques noms plus (re)connus. Pourtant il n’en est rien et celui-ci nécessitera quelques écoutes avant d’être assimilé dans son intégralité. Car en effet, ces morceaux à géométries variables et en perpétuel mouvement ne rendent pas la chose aisée en dépit de séquences menées pied au plancher auxquelles il semble plus facile de se raccrocher. Quoi qu’il en soit, si vous appréciez le son dépouillé de cette jeune scène norvégienne (Gouge, Mion’s Hill, Sepulcher, Condor, Mabuse et compagnie...), je ne vois pas comment vous ne pourriez pas succomber à ce premier album de Reptilian qui, en plus de faire un clin d’œil au passé, cherche constamment à proposer quelque chose d’assez personnel. Certes, les influences avancées sont les mêmes que pour les deux précédentes sorties estampillées Edged Circle Productions et pourtant chacun possède un petit quelque chose qui lui ait propre et qui fait la différence. Ainsi, même si le premier album de Sepulcher garde ma préférence ce Perennial Void Traverse vaut vraiment la peine que l’on s’y intéresse.
| AxGxB 10 Mai 2016 - 906 lectures |
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