Abyssal Ascendant - Chronicles Of The Doomed Worlds - Part II. Deacons Of Abhorrence
Chronique
Abyssal Ascendant Chronicles Of The Doomed Worlds - Part II. Deacons Of Abhorrence
Parmi la pléthorique scène Death Metal hexagonale le combo jurassien reste encore aujourd’hui particulièrement méconnu malgré ses indéniables qualités, entrevues sur le très bon « Chronicles Of The Doomed Worlds – Part I : Enlightenment From Beyond » sorti déjà en 2015. Sauf que depuis ce premier long-format silence radio ou presque, et à l’heure actuelle où tout va très vite (et s’oublie finalement à la même vitesse) cinq années peuvent être perçues comme une éternité, tant il s’en est passé des choses depuis. Néanmoins on ne pourra pas reprocher à la bande d’avoir perdu (et pris) son temps tant ce deuxième opus se montre tout aussi dense et pénétrant que son prédécesseur mais avec l’expérience en plus, ce qui fait de cette galette une réussite incontestable qui va demander beaucoup du temps pour être bien assimilée. Officiant toujours dans une thématique inspirée de H.P. Lovecraft il n’est donc pas étonnant que la musique et les textes soient particulièrement tentaculaires et sombres, avec des titres aux noms énigmatiques et aux significations nombreuses qui ne manqueront pas d’éveiller la curiosité des plus assidus.
Possédant désormais dans ses rangs un second guitariste (dont l’apport va se révéler précieux sur cette galette) le groupe qui a vu le départ de son batteur a décidé de faire appel au mercenaire Krzysztof Klingbein (KHNVM et tant d’autres), qui va rendre une copie impressionnante et ultra-technique. Car il est indéniable que le trio a encore élevé son niveau de jeu, chose qui va ressortir de façon flagrante grâce notamment à une production puissante et dense (là où elle se révélait sèche et faiblarde auparavant) qui met en valeur la complexité des arrangements des Francs-Comtois, qui lorgnent encore plus vers les grands noms d’outre-Atlantique (NILE, IMMOLATION, MORBID ANGEL…), tout en s’en rapprochant de façon plus forte. Car dès la fin de l’introduction du tentaculaire « Offering Flesh To The Stars » l’ensemble va rester sur une rythmique particulièrement lente et écrasante aux nombreuses cassures, afin de faire perdre tout repère à l’auditeur qui ne sait plus où il se trouve tant il est désarçonné par cette obscurité imprenable. Heureusement un court break (entre orientalisme et messe noire) va émerger du chaos afin de permettre d’apercevoir un léger regain de lumière via notamment des courts blasts hypnotiques, avant que la chappe de plomb ne retombe via un tempo bridé à outrance qui finit d’écraser les têtes les plus solides, et ce même si un solo explosif amorce un léger regain solaire, et la transition vers la plage suivante (« Dissolved Into The Great Hive Of Shaggai's Progeny »). Montrant un équilibre des forces plus grand, celle-ci se dévoile néanmoins au compte-goutte du fait de longues plages instrumentales basées autant sur l’explosivité que sur la lenteur la plus absolue, histoire de densifier l’écriture encore un peu plus, tout en y incorporant une facette remuante réussie et que l’on va retrouver régulièrement par la suite. Cela va sauter aux oreilles dans la foulée via l’équilibré et addictif « The Dweller Awakens », qui bien que conservant un côté brumeux offre un panel plus direct et vindicatif du fait de longs moments déchaînés qui alternent avec ceux plus massifs, propices d’ailleurs au headbanging sur les tapis de double.
Si on a déjà signalé plus haut le boulot de dingue effectué par le frappeur que dire également de celui des gratteux dont les riffs conservent leur fluidité malgré leur technicité, tout comme le chant caverneux et puissant en raccord totalement avec le concept proposé ici. Du coup il n’est pas surprenant que le tout reste addictif même quand la lourdeur prend le pas sur le reste, à l’instar de « March Of The Wind-Walker » qui ne varie presque pas et conserve son train de sénateur sans devenir redondant. Car avec des morceaux qui tournent aux alentours des cinq minutes maximum ses créateurs ont l’excellente idée de ne pas s’éterniser sur la durée, afin de conserver leur efficacité comme cela s’entend sur « The Church Of Free-Will » rampant à souhait, où la chaleur ténébreuse englobe tout l’espace pour ne plus jamais le quitter, tout en dévoilant une certaine sobriété dans la façon de jouer. Ce côté plus bas du front apparaît au grand jour sur le monstrueux « Martyrs Of Mordiggian » où l’ensemble reste en mode rapide de façon quasi-continue, et où l’on se surprend à taper du pied tant c’est relativement accessible sans y perdre sa personnalité. Et même quand la bande trouve le moyen d’accentuer encore plus sa force de frappe (via diverses variations tout azimuts et breaks insubmersibles), ça ne tombe jamais à plat comme avec le religieux et suffocant « NILGH’RI VULGT’MAH EH’YEOG UH’EOG », et « Wombs Of Torment » qui prend la tête en étau sans jamais relâcher la pression d’un iota malgré des variations sans limites.
Sans vouloir paraître excessif ou dithyrambique on ne peut qu’être k.o et admiratif devant une telle maestria qui n’a quasiment rien à envier aux ténors du genre venus de l’autre côté de l’Atlantique, dont le rendu va emmener les fans au plus profond des abysses en les faisant passer par tous les états mentaux inimaginables. Sans baisse de qualité et conservant une homogénéité sans bornes du début à la fin on peut facilement dire qu’on est en présence probablement d’un des disques français de Death Metal de cette année, certes pas encore terminée mais riche en œuvres imposantes et marquantes. Avec en prime une pochette magnifique signée de l’Italien Daniele Lupidi (VALGRIND) il serait franchement regrettable et dommageable de ne pas se pencher sur cette œuvre dantesque, qui prouve encore une fois la qualité du catalogue de Dolorem Records et de la scène Metal hexagonale qui reste dans le haut du panier mondial.
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