Personne ne l’avait vu venir.
The Living Infinite ou le valeureux retour de Soilwork après dix années d’errance et parfois de chute (
Stabbing The Drama). Pris de court par le pari intrépide du double album (difficilement concevable pour le style) mais surtout par l’exhumation de cette recette magique du « hit », enfin. Les plus récalcitrants auront même retrouvé des clins d’œil au mythique « prédateur » de 2001. Oui, des adeptes comblés. Alors comment les Suédois, le Belge et notre Sylvain national allaient-il surprendre leur auditoire après un tel coup de poker et déjà neuf albums pondus. Une triple galette (Swallow The Sun s’y attèle en novembre) ? Un morceau unique ? Un autre concept exotique ? Non, Soilwork revient à son format standard. Seule une thématique sombre apparaît, comme en témoigne la gravure du Hongrois Róbert Borbás (fortement inspirée d’un Gustave Doré). Une œuvre presque maudite, chaque membre a en effet perdu un proche pendant l’enregistrement de
The Ride Majestic. « Let’s ride ».
L’euphorie estompée et les deux années passées,
The Living Infinite bien que de qualité supérieure, avait ses tares. On pouvait lui reprocher un aspect plutôt inégal, une efficience en dents de scie sur les deux disques qui pouvaient tenter quelques-uns (moi compris) à sauter plusieurs titres… Malgré cela au rendu final définitivement dans le haut du panier. Ici Soilwork reprend les mêmes bases mais ira affuter ses compositions (Speed comme principale artère) et condenser ses idées pour une fluidité exemplaire. Le groupe fixe désormais son attention sur un metal direct à l’accroche constante (combo mélodies et refrains imparables chères aux Suédois). L’ouverture éponyme imparable annonce la couleur. « Direct » et plutôt surprenant, peu habitué à un death mélodique si « rentre dedans » depuis longtemps de la part de la bande. Chaque titre ayant droit à son passage « pêchu », les introductions de « Petrichor By Sulphur », « All Along Echoing Paths » voire carrément des passages vindicatifs à la limite du death/black (tremolo et blasts déments pris de face) comme sur « Alight In The Aftermath » ou « The Phantom » (le pied). Soilwork ? Sérieusement ? Dirk n’avait d’ailleurs jamais autant matraqué sa batterie dans le groupe, le frêle musicien frappe comme un sourd et dévoile pleinement ses atouts extrêmes. Quant à Speed, ses vocaux paraissent plus modulés (grave/criard) et jouissivement puissants. La stupéfaction.
Une hargne pour autant toujours associée à la versatilité et les expérimentations qui suivent la bande depuis
The Panic Broadcast. Si les morceaux plus « posés » inciteront les plus réfractaires à appuyer sur « suivant » à la première écoute, Soilwork jouera la carte du contrepied, balançant un break impromptu comme un tremplin explosif. « Death In General » ou « Enemies In Fidelity » en sont de parfaits exemples. De facto ces titres moins tapageurs se dévoileront au fur et à mesure des écoutes, l’on découvre ainsi que le chant clair de Speed gagne considérablement en émotion (« Petrichor By Sulphur » à 0:54) sans tomber dans le pathos et ajoute une saveur encore méconnue du groupe, au-delà du terme « balade » déjà entendu. On retrouvera presque des relents d’un Dan Swanö (« Whirl Of Pain », presque dans la case doom mélodique atmosphérique) dans son timbre voire aussi lors des nappes de clavier kitsch (« The Phantom » à 2:06). Ecoute au casque obligatoire, les morceaux grouillent d’arrangements (basse dans le lot), le clavier mis de côté autrefois refait surface sous une production encore exemplaire de la nouvelle référence Jens Bogren (Opeth, Katatonia, Dark Tranquillity…) : robuste et organique. Chaque morceau a droit à son solo classieux de la paire Coudret/Andersson « The Ride Majestic (Aspire Angelic) » (2:57). Tout cela en réussissant à avoir une identité propre et cohérente. Velus et rêveurs seront ainsi sustentés.
L’apothéose était si proche… La fin d’album moins percutante ou certains refrains en deçà de l’instrumentation proposée (« Petrichor By Sulphur », « The Ride Majestic (Aspire Angelic) », « Whirl Of Pain ») retiennent de peu de l’excellence. Des points qui se dévoileront plus tard qui sait, pour le moment l’accroche est moindre. Pour la critique du « chroniqueur batteur », nul ne pourra contester le jeu de batterie de Dirk à la technique imparable et indiscutable (certaines frappes et une vélocité « extraterrestres »). Malheureusement un jeu qui ne colle pas forcément à chaque fois, notamment lors des passages plus « subtiles » où le bonhomme balancera des plans à la double pédale et des variantes martiales... Peu inspiré et manquant d’âme pour le coup, on aurait apprécié d’avantage d’idées progressives, utilisation de cymbales ou de patterns alambiqués.
The Living Infinite n’était pas qu’une simple parenthèse, Soilwork confirme son réveil et sa stature d’antan (laissée depuis
Natural Born Chaos). Acéré,
The Ride Majestic accrochera l’auditeur tout le long, certes il manque peut-être les tubes intemporels de l’époque mais il faudra du temps pour en juger pleinement. La richesse, la qualité de composition mais aussi l’atmosphère mélancolique surpassent tout ce qu’avait pu faire les Suédois à ce jour et a fortiori la maigre concurrence. Suivant un rythme de croisière, le line-up semble avoir trouvé la balance et la clé du mécanisme de son death mélodique, le douzième album devrait suivre la courbe ascendante. Soilwork règne sur le genre, longue vie au roi.
8 COMMENTAIRE(S)
27/09/2015 15:32
07/09/2015 16:19
Là, je trouve ça assez "linéaire", du coup j'ai pas mal décroché ...
03/09/2015 10:00
Très varié passant d'un extrême à un autre, beaucoup d'influences ("Dissection, es-tu là? sur "The Phantom"), un Bjorn Strid au sommet de son art, toujours ces mélodies, ces soli de folie !
Dirk est toujours ultra polyvalent mais certes manque parfois de subtilité. Après on est loin de la prestation d'un Axenrot bafouant outrageusement chaque interprétation de Lopez chez Opeth. Il nous gratifie de quelques passages pas mal chiadés il faut l"avouer.
Le fan que je suis est amplement satisfait et je ne manquerai pas d'aller voir ça en live dès que l'occasion se présentera
P.S : Les vinyles sont juste magnifiques ^^
Je plussoie avec tout ça, sauf le passage sur Dirk. C'est bourrin, c'est fin aussi, c'est génial...
02/09/2015 13:58
Très varié passant d'un extrême à un autre, beaucoup d'influences ("Dissection, es-tu là? sur "The Phantom"), un Bjorn Strid au sommet de son art, toujours ces mélodies, ces soli de folie !
Dirk est toujours ultra polyvalent mais certes manque parfois de subtilité. Après on est loin de la prestation d'un Axenrot bafouant outrageusement chaque interprétation de Lopez chez Opeth. Il nous gratifie de quelques passages pas mal chiadés il faut l"avouer.
Le fan que je suis est amplement satisfait et je ne manquerai pas d'aller voir ça en live dès que l'occasion se présentera
P.S : Les vinyles sont juste magnifiques ^^
05/09/2015 13:38
27/08/2015 16:14
26/08/2015 23:10
Allez plus que 2 jours ^^
26/08/2015 22:22