Molder, ce groupe que rien n’arrête, pas même une pandémie mondiale et qui depuis sa formation en 2017 enchaine les sorties - il est vrai pas forcément toutes très pertinentes - à un rythme effréné est aujourd’hui de retour (oui, déjà ou encore, c’est au choix) avec un deuxième album intitulé
Engrossed In Decay.
Si depuis la parution de
Vanished Cadavers en 2020 le groupe a fait parler de lui à trois reprises avec la sortie de deux splits live et d’une compilation intitulée
Sonic Purulence sur le label Goat Throne Records, on note également quelques petits changements. Le premier est l’arrivée dans les rangs de la formation d’un deuxième guitariste en la personne de Carlos Santini des sympathiques Cryptum (même si celui-ci n’a vraisemblablement pas participé aux sessions d’enregistrement de ce nouvel album). Le second est la signature des Américains sur le label Prosthetic Records qui, on l’a vu, a quelque peu changé son fusil d’épaule ces derniers temps pour s’intéresser d’un peu plus près à ce qui se passe sous son nez au sein de cette florissante scène Death Metal américaine (on lui doit notamment les derniers albums de Phobophilic, Undeath et Sadistic Ritual).
Sorti en juillet sur Headsplit Records (cassette) puis le mois dernier chez Prosthetic Records (CD et vinyle),
Engrossed In Decay a une fois de plus été enregistré au Novy Studio sous la houlette de Cheyenne Brandt (Ares Kingdom, Cianide, Nucleus, Rotted). Côté mastering, Molder a fait appel aux services d’Arthur Rizk alors que l’artwork particulièrement réussi et dégoulinant est l’œuvre de l’artiste américain Adam Michael Nevler aka Gruesome Graphx (Acid Witch, Cardiac Arrest, Coagulate, Mortuous, Plasmodulated...) qui pour l’occasion signe une illustration bien baveuse qui donne furieusement envie de s’y intéresser.
Stackanoviste dévoué, Molder n’a néanmoins jamais brillé par l’originalité et la fraîcheur de son propos. Depuis ses débuts et la sortie de sa démo
An Act Of Revenge effectivement déjà très encourageante, le groupe originaire de la ville de Shorewood dans l'Illinois enchaîne les poncifs et autres gimmicks empruntés à quelques grands anciens de l'époque. De Autopsy (notamment d’un point de vue musical) à Death en passant par Obituary et Asphyx (pour le growl arraché d’Aaren Pantke qui oscille aisément entre les tessitures de Chuck Schuldiner, John Tardy et Martin Van Drunen), les influences transpirent très largement à l'écoute de chaque nouvelle production de la formation. Sans surprise,
Engrossed In Decay ne fait pas exception à la règle même si les premières écoutes révèlent un groupe beaucoup plus à l’aise qu’auparavant dont la formule semble s’être affinée.
En effet, deux ou trois écoutes suffisent pour se rendre compte que Molder a maturé son propos non pas pour gagner en originalité ou en personnalité mais plutôt en aisance et en efficacité. Jusque-là jugé sympathique grâce à un Death Metal effectivement sincère et passionné mais quelque peu limité et parfois même un poil trop simple et anecdotique, le groupe a ici clairement élevé son niveau de jeu et de composition. Encore une fois, les titres de ce nouvel album ne révolutionneront pas notre petit monde, néanmoins les coups de mou et autres petits flottements que l’on pouvait constater précédemment ont désormais complètement disparus.
Pour autant, la formule proposée par Molder n’a pas changé d’un iota, le groupe s’engouffrant une fois encore dans la brèche d’un Death Metal rudimentaire aux relents Thrash particulièrement odorants. L’auditeur va donc pouvoir se délecter de nouveau de ces accélérations menées tambour battant, pour l’essentiel à coups de tchouka-tchouka diablement efficace et entrainant ainsi qu’à l’aide de quelques passages nettement plus musclés qui viennent ainsi apporter un petit coup de fouet évidemment toujours bienvenu ("Relentless Pestilence" à 0:54, "Chemically Dissolved" à 0:52, "Unsubstantial Hallucinations" à 0:24, "Ghastly Mutations" à 1:33 ou "Decomposed Embryos" à 3:14, etc). Comme à son habitude, Molder n’est pas non plus sans calmer le jeu grâce à de nombreux passages moins soutenus et définitivement plus pesants. Des instants comme ceux constatés sur "Glutinous Remains" à 3 :09, "Engrossed In Decay" et sa première minute bien lourdingue, "Relentless Pestilence" à 1:55, les premières secondes de "Chemically Dissolved" puis plus loin à compter de 2:00, la première partie de "Huff The Stench" ou bien encore les premières secondes de « Ghastly Mutations » permettent comme toujours d’amener ce qu’il faut de relief et de nuance (et parfois même une pointe de groove) pour éviter à une formule effectivement un poil facile et rudimentaire de sombrer dans une linéarité pouvant grandement nuire à l’efficacité de l’ensemble.
Vous l’aurez donc aisément compris à ce stade de votre lecture, Molder a accouché avec
Engrossed In Decay de son meilleur album à ce jour. Une affirmation elle aussi un brin éculée mais que vous aurez néanmoins très vite fait de confirmer après deux ou trois écoutes au compteur. Car si les riffs restent effectivement très simples, le groupe ne souffre plus de ce caractère un tantinet passe-partout qui qualifiait non pas son Death Metal en général mais plutôt certaines de ses compositions et/ou idées effectivement un poil anecdotiques. En l’état,
Engrossed In Decay est un album honnête, certes sans surprise ni véritables grands moments, mais néanmoins extrêmement efficace et surtout débarrassé désormais de ces moments les plus faibles et les plus pénalisants.
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