Banished - Deliver Me Unto Pain
Chronique
Banished Deliver Me Unto Pain
Comme si les galères rencontrées par les Américains de Baphomet avec Peaceville Records pour la sortie tardive de leur premier album (The Dead Shall Inherit) en 1992 n’avaient pas suffit, il a en plus fallu que le groupe change de patronyme à cause d’un homologue allemand évoluant peu ou prou dans le même registre (même si en l’occurence, les Européens versaient dans un Death Metal beaucoup plus thrashisant). C’est donc sous le nom de Banished que les quatre garçons de Buffalo vont signer leur retour en 1993 avec la sortie d’un premier (ou nouvel, c’est selon) album intitulé Deliver Me Unto Pain. Seule ombre au tableau (encore une !), Peaceville Records n’est désormais plus distribué sur le sol américain ce qui signifie malheureusement que ce nouvel album ne sera disponible qu’en Europe (un comble pour un groupe américain). Décidément, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas...
Si l’illustration du premier album de Baphomet n’avait pas du jouer en sa faveur à l’époque (et encore moins aujourd’hui), celle choisie pour ce premier album de Banished s’avère à l’inverse bien plus convaincante. Les connaisseurs auront probablement déjà reconnu le coup de crayon de monsieur Tim Vigil, illustrateur de comics (notamment sur la série Faust) qui renouera quelques années plus tard avec l’univers de la musique en signant l’artwork du premier album des Parisiens de Kickback (Cornered). Si du côté du line-up il n’y a rien à signaler, l’effectif ayant été intégralement reconduit, notons néanmoins que ce nouvel album a été enregistré aux Mark Studios sous la direction du producteur Fred Betschen bien connu des amateurs de Hardcore pour avoir signé certains enregistrements de groupes comme Snapcase, Despair, Soulstice, Brother’s Keeper et SeventyEightDays.
Grâce à ce changement de producteur et de studio, le Death Metal de Banished va gagner notamment en agressivité et en nervosité mais également en lisibilité et en impact puisque les quelques défauts évoqués lors de ma chronique de The Dead Shall Inherit, notamment cette fâcheuse tendance qu’avait la grosse caisse à faire ploc ploc, sont désormais de l’histoire ancienne. Bien plus incisives, les guitares ont également laissé davantage de place à la basse pour que celle-ci puisse s’exprimer pleinement. Une basse tout en rondeurs que l’on entend désormais virevolter avec davantage de force et de vigueur.
Pour le reste, on ne peut pas dire que le Death Metal des Américains ait subit de grands bouleversements. On va ainsi retrouver avec plaisir cette formule typiquement new-yorkaise avec comme caractéristique première ce groove vicieux qui pue le bitume et les quartiers mal famés et qui ne devrait pas manquer d’en faire chalouper plus d’un. Difficile en effet de rester de marbre face à des séquences comme celles que l’on peut trouver sur "Deliver Me Unto Pain" à 0:20, "Cast Out The Flesh" à 1:10, "Inherit His Soul" à 1:27, "Valley Of The Dead" à 0:12 (titre repris du premier album de Baphomet), "Succumb To The Fear" à 0:50 et tout un tas d’autres moments du même acabit qui possèdent cette espèce de feeling résolument Hardcore et qui donne envie de rouler des mécaniques.
À ces passages mid-tempo résolument bad-boys viennent s’opposer encore et toujours tout un tas d’accélérations bien senties qui vont venir dynamiser l’ensemble et ainsi apporter de manière virile une pointe de brutalité nécessaire histoire quand même de corser le ton et d’offrir autre chose que ces passages au groove certes délicieux mais néanmoins quelque peu limité. Comme du temps de Baphomet, c’est essentiellement à coup de blasts ("Diseased Chaos" à 0:22 et 1:16, "Cast Out The Flesh" à 1:36, "Inherit His Soul" à 3:03, "Valley Of The Dead" à 0:59, "Succumb To The Fear" à 0:05, "Scars" à 0:44, "Through Deviant Eyes" (autre morceau issu de l'album de Baphomet) à 0:40...) que les New-Yorkais (l’état, pas la ville donc) vont s’imposer avec force. Il n’y a là rien de bien sorcier mais les quatre garçons de Banished maitrisent clairement leur sujet et livre finalement avec Deliver Me Unto Pain leur meilleur album sorti à ce jour.
En effet, mieux produit et un poil plus abouti que son prédécesseur indirect, il convient de placer cet album légèrement au-dessus du pourtant déjà fort sympathique The Dead Shall Inherit. Un choix qui ne me paraissait pas si évident avant de m’atteler à la rédaction de ces deux chroniques mais qui aujourd’hui m'apparaît pourtant très clairement, un peu comme le nez au milieu de la figure. Quoi qu’il en soit, Deliver Me Unto Pain est le genre d’album largement sous-estimé qui mérite pourtant que l’on s’y intéresse surtout si l’on possède un tant soit peu d’intérêt pour la scène Death Metal new-yorkaise des années 90. Et si après toutes ces galères de label, de changement de nom et de distribution, on peut aisément comprendre pourquoi de tels albums sont passés à l’époque relativement inaperçus, il paraît aujourd’hui plus difficile de botter en touche. Vous voilà en tout cas prévenu.
| AxGxB 28 Juin 2021 - 1071 lectures |
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