Après le départ d’un de ses membres piliers (Juan Montoya, guitariste en chef de la formation jusqu’en 2008) et un enchainement de déceptions faisant suite au bronzodrome
Meanderthal, la lourde tâche de devenir la bande-son de l’été était plutôt donnée au prochain Baroness qu’à Torche et sa musique dédaigneusement rangée dans la série B ad vitam aeternam. En effet, arborer moustaches et chemises à fleurs ne suffit pas pour mettre les doigts de pieds en éventail tels que l’ont prouvé les splits aux allures de fins de contrat avec Boris et Part Chimp ainsi qu’un
Songs for Singles pop dans le mauvais sens du terme : grossier, efficace un (bref) instant, superficiel comme un cocktail à couleurs mais sans saveurs.
En un mot, avant l’arrivée d’
Harmonicraft, le navire des enflammés ressemblait de plus en plus à un caméo du Titanic dans « La croisière s’amuse ». Et bim, Lazare, Jésus Christ, le phœnix ou Mickey Rourke n’auraient pas fait mieux ! Le Torche nouveau est plus qu’une résurrection, il baigne pleinement dans ce que ses œuvres précédentes ont seulement effleuré : la jeunesse visée au cœur, celui qu’elle partage entre « Hartley, Cœurs à Vif », Offspring, Quicksand et les essais les plus skateboard de Therapy? ! La troisième tentative longue-durée est la bonne – enfin – et c’est une farandole de titres imparables d’adolescence vécue à pleins tubes (les meilleurs endroits où surfer, comme chacun sait) qui déboule sur nos enceintes !
La pochette vend du rêve, les titres aussi (« Kiss Me Dudely », grand fou !), mais c’est bien une fois l’écoute lancée que le songe sucré d’
Harmonicraft commence, lui et sa production ronde comme un bonbon où les rythmiques de mécano issues de Floor adoucissent leur frappe Godfleshienne pour une vigueur détendue du gland donnant envie de taper un 100 mètres à chaque lancée. Un riffing de winner accumulant les victoires autant que les mariages réussis stoner/punk/pop pratiqués par-dessus la jambe (« Walk it Off », bombe atomique n’ayant retenu que la fin du titre « Hiroshima, mon amour ») et n’hésitant pas à faire oublier la voix de Steve Brooks – pourtant un atout majeur pour rappeler l’époque où nous étions mineurs – sur un morceau-titre aux tappings transformant les half-pipes en rollercoasters émotionnels. Torche ne joue pas uniquement de « refrains fédérateurs » ou esthétique naïve : pour la première fois, il est tout entier insouciance dorée (« Sky Trials », « Kicking », « Skin Moth ») et retours contemplatifs à la maison avec des potes plein les bras et des souvenirs plein la tête, tous lessivés d’un après-midi ensoleillé aux paroles inutiles et rires sans-gênes, le plomb des rayons devenant un amical appel au repos (« Roaming », « Reverse Inverted », « Snakes are Charmed »).
Une fantastique compilation « Feel Good Hit of the Summer » à ranger dans sa boite à gants aux côtés de Kvelertak et consorts, donc ? Il y a néanmoins « In Pieces » et « Looking On », leur étrange angoisse transmise par des guitares attrapant une lourdeur abattue et un Steve Brooks aux intonations de Josh Homme en devenir, à en croire que Torche se prend ses élans vitaux sur le coin de la joue dans ces coups de barre rappelant la fragilité de l’éphémère à lui-même.
Harmonicraft ne transmet pas que la saine idiotie présente dans le clip de « Kicking ». Il laisse émerveillé et un peu amer dans ce qu’il montre de fontaine de jouvence inaccessible. Sans déranger la fraicheur de l’ensemble, ses quelques retours à la réalité ajoutent de la profondeur à un disque qui s’écoute longtemps après son acquisition, pour ses candides brûlots et ses pointes d’anxiété suggérées selon la ligne de conduite de l’ensemble : avec la délicatesse du colossal et la crudité que sait cacher l’efficacité.
Torche retombe ici ou là dans d’anciens travers (la poussive « Kiss Me Dudely » notamment) mais se fait rapidement excuser par l’énergie dont déborde
Harmonicraft. Si, comme moi, le mot « vacances » ne peut rester chez vous qu’une vague envie de saison (salauds de privilégiés), faites vous une faveur : les jours fériés chantés ici sont rares et, de fait, immanquables !
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