Évacuons d'entrée une question qui a pu tarauder ceux qui, comme moi, ont été pris par surprise par Torche en 2012 : non,
Restarter n'est pas un deuxième
Harmonicraft. Le groupe de Miami n'a pas réitéré l'exploit d'offrir une usine à tubes entre stoner et pop à écouter en surfant sur des vagues imaginaires. Un aboutissement de ce que cherchait à atteindre depuis ses débuts la formation menée par Steve Brooks et qui, à bien y réfléchir, n'appelait pas à être répété. Torche n'est pas votre nouveau groupe un peu bêbête à lancer durant l'été et oublier ensuite, dans l'attente d'une nouvelle gorgée de Sunny Delight agrémentant vos vacances.
Et tant mieux.
Restarter reprend ce qui fait le son particulier des Floridiens mais y ajoute une dose d'émo-tion qui place Torche au-delà des notions d'efficacité ou d'accroche. Son stoner d'adolescent a mué, devenant plus contrasté dans ses élans, plus tourmenté dans sa lourdeur. Une chose pas si nouvelle (souvenez-vous des titres « In Pieces » et « Looking On » et leur langueur plombante) mais qui se déploie ici, donnant l'impression qu'en comparaison d'
Harmonicraft, les rapports entre hits stoner-pop et morceaux ambiancés se sont inversés. Vous trouvez la pochette de ce nouvel album étrangement mélancolique par rapport aux nuages sucrés illustrés autrefois ? Elle n'est pas là par hasard, ce quatrième longue-durée étant celui des fins de journées laissant lessivé, un peu rêveur mais abattu, où l'on préfère contempler la plage de loin que s'y engouffrer.
Avec une délicatesse inédite, Torche dessine ces instants de repos à regarder le paysage. Toujours armé de ses guitares au grain particulier, à la fois heavy et enveloppant, il peint dunes, effluves maritimes et ciel d'un bleu profond laissant bientôt la place à un rouge attendrissant, synonyme de retour à la maison. Si la formation sait encore se montrer taquine lors d'accélérations soudaines (« Bishop In Arms »), c'est bien dans cette rêverie précédant la nuit qu'elle se complaît, cela avec une bonhomie qui fait passer aisément son vague à l'âme vécu au milieu d'autres poussées d'écumes tonitruantes et cependant agréables à entendre.
Une direction plus sensible donc, et pourtant déjà extrêmement aboutie. Finies les maladresses qui pouvaient encombrer
Meanderthal :
Restarter montre que, derrière ses airs de branleur un peu léger, Torche est devenu expert dans cet équilibre entre mélodies entêtantes (« Undone » et ses faux-airs de Kylesa par exemple) et passages éthérés, jusqu'à une synthèse où l'on hésite entre taper un jogging avec ses amis sur le sable et rester seul à voir les éléments suivre leur propre course. « Restarter », le morceau, est sans nul doute celui qui exprime le mieux cette sensation : basées sur un riff et une rythmique imparables, menées par le chant d'un Steve Brooks à son plus vaporeux et caressant, ces neuf minutes n'en finissent pas d'emmener dans leurs répétitions nos jambes voulant bouger et nos esprits souhaitant s'égarer, avec un entrain qui cache mal son envie presque maladive d'ailleurs.
Soyons clairs : Torche reste ce groupe cultivant une image de mecs attardés aimant jouer une musique à la fois agressive et enivrante. Seulement, celui qui décidera de laisser de côté un instant ses envies de danser – reconnaissons-le, la tuerie « Blasted » rend l'exercice difficile ! – trouvera ici quelque chose de bien plus touchant. Si après des écoutes répétées, une certaine inconstance se remarque (notamment durant « Barrier Hammer », un peu lourde à s'enquiller en fin d'album), cette subtilité parsemant
Restarter vaut bien qu'on ferme les yeux sur ces quelques baisses de régime. Un disque précieux, pour un groupe qui s'inscrit de plus en plus au-dessus d'une simple impression de fraîcheur, accompagnant parfaitement ces instants où j'attends le printemps, à regarder par la fenêtre.
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