Moins d’un an après la parution d’un premier EP prometteur intitulé
Maniac, les Texans de Fugitive viennent d’amorcer leur modeste retour avec la sortie il y a quelques jours d’un court EP baptisé
Blast Furnace b/w Standoff. Si ces deux compositions ne sont pour le moment disponibles que sur Internet (Bandcamp, YouTube et compagnie), une version vinyle a d’ores et déjà été annoncée par le groupe. Celle-ci devrait voir le jour dans les semaines à venir sur le label 20 Buck Spin Records qui n’en finit donc pas de nous régaler.
Si du côté du line-up rien n’a changé avec toujours une belle brochette de musiciens orphelins (Blake Ibanez de Power Trip) ou tout simplement désireux d’aller s’amuser ailleurs le temps d’un instant (Seth Gilmore de Skourge, Victor Gutierrez d’Impalers, Andrew Messer de Barricade et Lincoln Mullins de Creeping Death), ça n’a pas non plus beaucoup bougé du côté de ces collaborateurs de l’ombre avec qui Fugitive a une fois de plus choisi de travailler. Côté production, c’est Blake Ibanez qui s’y est à nouveau collé avec là encore l’aide de messieurs Rubio N. (enregistrement et mixage) et Slade Williams (production). Néanmoins et contrairement à
Maniac, le mastering a cette fois-ci été confié à Paul Logus (Aftermath, Anthrax, Pantera, Satyricon, Shadows Fall...). Je ne sais pas si c’est à ce dernier qu’on le doit mais la montée en gamme s’impose comme une évidence et cela dès les premiers instants particulièrement bluffants, notamment lorsque résonne cette double-grosse caisse et ce tom basse absolument implacables. Bref, malgré un retour par la petite porte, il semble clair que Fugitive n’est pas là pour faire semblant.
Illustré à quatre mains par Nicolas Poliss aka Nicky Rat (Bastard Priest, Foreseen, Killing Frost, Mere Mortal, Power Trip, Prowl...) et Jack Bruce, ce nouvel EP n’entend pas s’éterniser puisque ces retrouvailles sont ici bouclées en moins de neuf minutes. Un retour aux affaires effectué sans détour et sans manière et qui, bien que la formule soit restée la même, atteste là aussi d’une progression pour le moins significative. J’étais pourtant déjà très enthousiaste à la découverte de
Maniac mais à l’écoute de ces deux titres on a vraiment le sentiment que Fugitive a passé un cap.
Pourtant il n’y a pas grand chose qui ait changé d’un point de vue artistique chez Fugitive. La formation originaire de Fort Worth poursuit effectivement avec cette nouvelle sortie ses pérégrinations en terres Thrash / Crossover avec notamment un Blake Ibanez toujours aussi impeccable. Car si ses riffs semblent n’avoir rien de bien compliqué, l’Américain possède néanmoins ce sens de la formule qui en fait aujourd’hui l’un des meilleurs guitaristes de Thrash. Aussi, en dépit d’un côté peut-être répétitif (ou en tout cas particulièrement entêtant), difficile de ne pas succomber aux trois / quatre accords de "Blast Furnace" et de "Standoff", deux brulots qui n’auront aucun mal à s’imposer grâce, en partie, à ces guitares vicieuses au groove absolument redoutable. D’ailleurs, outre ces riffs qui ne manqueront pas de faire mouche, Blake Ibanez nous gratifie également de quelques solos particulièrement bien sentis ("Blast Furnace" à 3:13, "Standoff" à 2:59) qui participent à la frénésie de l’ensemble. Bref, ça riff sacrément dur chez Fugitive et je peux vous dire que je prends mon pied.
Pour autant, monsieur Ibanez n’est une fois encore pas le seul dont il convient de saluer la performance. Si la basse d’Andrew Messer demeure relativement discrète tout au long de ces huit minutes, elle n’en apporte pas moins certaines rondeurs indispensables aux fondations de ce Thrash / Crossover. Le reste de la section rythmique mérite également les honneurs avec une batterie impitoyable dont les nombreuses cavalcades et autres changements de rythmes brise-nuques accompagnent à la perfection le riffing affûté de Fugitive. Reste alors le chant de Seth Gilmore qui conserve elle aussi tout son charme. Une voix âpre et rugueuse qui forcément rappelle celle du regretté Riley Gale mais dont on appréciera néanmoins toujours autant le caractère particulièrement véhément ainsi que ces puissants relents évoquants la voix emblématique de John Tardy.
Alors je ne vais pas vous tenir la jambe plus longtemps dans la mesure où nous n’avons affaire qu’à deux titres mais une chose est sûre, Fugitive a ici franchit une étape supplémentaire en passant d’un groupe sympathique et convaincant mais tout de même en deçà des ténors du genre à une entité désormais capable de s’imposer comme l’un de ses chefs de file. En attendant que les Texans nous sortent le grand jeu avec avec à la clef un premier album digne de ce nom, ces deux titres serviront de parfait amuse-bouche pour tous les amateurs de Thrash / Crossover qui ne peuvent que se régaler en cette année 2023 particulièrement chargée en la matière (Enforced, Pest Control, Existence, Skourge, Dead Heat...). Quant à moi, je m’en retourne me masser la nuque et visionner pour la trente-sixième fois l'excellent clip de "Blast Furnace" qui par quelques tours de passe-passe m’aura permis de retrouver le charme et la fraîcheur des années 80 et 90.
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22/07/2023 18:52