Tool - Aenima
Chronique
Tool Aenima
1996 : une grande année pour le Bordeaux et le métal. Manson sort des bayous de la Nouvelle Orleans "Antichrist Superstar", Korn sort des bas-fonds de Bakersfield "Life is peachy", et Tool sort d'une dimension parallèle "Ænima".
Il paraissait alors plus qu'improbable que dans un monde musical où la radio-friendly-song de 3 minutes faisait office de norme ISO, un groupe, qui ne se montre jamais dans ses vidéos, a des titres aussi vendeurs que Stinkfist, H., 46 & 2 ou Ænima (qui joue sur la consonance avec enema, soit un lavement, y'a plus vendeur comme titre aux US…), et qui sort un album de 65 minutes de 9 chansons sur 15 titres (le reste étant des interludes qui lient les chansons) dont une qui tape dans les 13 minutes sans forcer (Third Eye), il paraissait improbable, disais-je avant de me lancer dans une description minutieuse qui a fait que j'ai rajouté encore 5 lignes à cette chronique et qu'elle est encore plus confuse que d'habitude, il paraissait improbable qu'un tel groupe puisse avoir du succès, aussi bien public que critique. Eh bien Tool l'a fait.
Emmené par un chanteur aussi énigmatique que charismatique, Tool a réussi à imposer son style, son point de vue, sa démarche à l'industrie et pour avoir du succès, preuve en est qu'il n'est pas nécessaire de SE vendre pour FAIRE vendre, mais d'avoir du talent, ce dont peu d'artistes peuvent se revendiquer.
Ce deuxième album, sorti 2 ans après Undertow pousse encore plus loin ce que Tool avait déjà entamé avec ce premier album, c’est-à-dire des chansons longues aux structures complexes, avec des rythmiques à faire baver d’envie le moindre amateur de jazz tellement elles sont invraisemblables. (enfin toujours moins que du Meshuggah, qui a fait la première partie de Tool… coïncidence ? complot gouvernemental en association avec l’amicale bouliste de Melun ? hasard des calendriers ?).
Cependant, pour toutes longues qu’elles soient, ces chansons n’ont pas le défaut majeur qu’ont la majorité des chansons à durée indéterminée (CDI), c’est-à-dire que ce ne sont pas la répétition jusqu’à ce que mort ou ennui s’ensuive (et le moins douloureux des 2 n’est pas toujours celui auquel on pense le premier). La variété même de la composition des chansons fait qu’on ne peut pas s’ennuyer (même si on trouvera toujours un crétin qui a réussi à ne pas aimer). Cet album ne vient pas immédiatement aux oreilles, il faut faire un effort pour rentrer dedans et se laisser porter par la voix de Maynard James Keenan, sur ses délires sur l’Arizona Bay (qui existera quand la faille de San Andrea aurait fait couler la Californie-prions tous ensemble) ou sur la part de féminité de l’âme décrite par Jung (d’ou Ænima). Sa voix porte tant d’émotion qu’elle arracherait une larme à un dictateur, pédophile, nazi et producteur de téléréalité.
On a souvent dit que Tool est un groupe de prog-métal (le prog-métal étant un style ou les 5 musiciens s’affrontent au sein même d’une chanson pour savoir celui qui ira le plus vite ou celui qui est le plus doué, le plus bel exemple en étant Dream Theater. En gros ça ressemble plus à une showcase Ibanez qu’à de la musique, mais bon je m’égare). A part la propension partagée à faire des chansons longues, Tool possède une véritable alchimie de groupe où tous les éléments s’imbriquent parfaitement les uns dans les autres et ou personne ne tire réellement à lui mais où l’auditeur ressort changé de l’écoute des chansons, que ce soit avec une envie de tout casser (Hooker with a penis) ou bien ému (Pushit) par cette musique.
Enfin, un mot sur un aspect je crois assez rarement évoqué dans l’univers de Tool et sur cet album en particulier est l’humour que recèle ce groupe et ce disque particulier. Bien entendu, comme ce que fait Tool, l’humour ici est froid, noir, caustique, et vitriolé. Déjà par l’hommage rendu à Bill Hicks (‘another dead hero’), qui faisait de la stand-up comédie satirique (pour situer ce serait un peu un mélange entre Coluche et Pierre Desproges sous acide), et qui fut une source d’inspiration pour les chansons (pour les paroles mais aussi pour la musique puisqu’on l’entend samplé à l’entame de Third Eye, épique dernière chanson.) Puis, par certains interludes, notamment Intermission qui reprend le thème de Jimmy, et fait penser irrésistiblement au moment du même nom dans "Sacré Graal" des Monty Python ou encore Die Eier Von Satan (littéralement, l’œuf de satan) qui est en fait la recette d’un space cake (mais en allemand tout de suite on a l’impression plus d’assister à un discours de dictateur teuton qu’à un émission de Joël Robuchon). Enfin, un truc qui m’a fait bien rire aussi, ce sont les fausses pochettes d’albums faites dans l’édition européenne du disque, notamment celui-ci : Bethleem Abortion Clinic, ‘fallait y penser..
Un conseil cependant à ceux qui vont découvrir Tool par cet album, plusieurs écoutes sont nécessaires pour découvrir cet album (j’en suis à ma 2000ème et j’y trouve encore des trucs, fou, non ?)
| $am 2 Novembre 2004 - 6847 lectures |
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