Un an après avoir sorti
"Opiate" en 1992, leur premier EP, Tool récidive en 1993 (en effet puisque d'après Pythagore : 1992 + 1 = 1993) en sortant Undertow. Première vraie plongée dans l'univers sombre, dérangé et profondément artistique d'un groupe qui allait devenir une des formations les plus respectées du métal, tant pour la musique, que l'intégrité artistique. Tool s'est bâti autour d'un guitariste-sculpteur-réalisateur de-leurs-clips (excellents par ailleurs, et pour l'instant inégalés, à part peut-être par Blashyrk d'Immortôle[ondulée]), qui fait également boucher-charcutier-plombier pendant les week-ends et les vacances scolaires, de Danny Carey, un espèce de géant vert mais blanc, dont les poignets sont aussi gros que mes cuisses, démolisseur de peaux de toms de son état, de Paul d'Amour, bassiste, et de Maynard James Keenan, ancien de l'académie militaire de West Point (passage qui a laissé des traces comme dans la chanson "Intolerance" : "You lie, cheat and steal, I cannot tolerate you", qui est un des préceptes martelé dans cette merveilleuse école), chanteur et parolier du groupe.
"I dont want to be hostile" chante ce dernier sur le premier titre de cet album, "Intolerance", et pourtant, le ton général donne l'impression contraire : colère dans la voix, son métallique de la guitare. Evidemment, en ces temps où la double pédale revient en force (*hum* pas de commentaires s'il vous plaît…ça n'a rien à voir avec 'Queer, 5 experts dans ton cul'), cet album peut paraître relativement "peu" hostile, mais il faut bien se souvenir qu'en 1993, le truc le plus violent qui existait dans le mainstream c'était Nirvana et MetallicA. Tool approche sa musique d'une autre manière, en utilisant des riffs à la mélodie assez simple mais qui rythmiquement utilisent des mesures proches de celles utilisées en jazz, chose qui peut paraître presque normale maintenant que Meshuggah, ou autre HxC Chaotique ont émergé sur la scène, et Tool n'est pas étranger à cette introduction. Le son, également, plus froid et métallique, se démarque des productions du moment. Enfin par la qualité de son chanteur, Tool a su créer un genre à lui seul, inimitable et reconnaissable entre 1000 tant Maynard James Keenan sait allier la douceur de son chant à la force quand il s'agit de pousser un peu (sans hurler non plus, 'faut pas exagérer.)
Passé "Intolerance, on arrive dans le diptyque des deux "singles" (je mets entre guillemets parce que des singles de plus de 5 minutes, ils sont pas près de passer sur NRJ, Foune Radio ou même Joui FM), qui ont été mis en image de façon magistrale par Adam Jones : "Prison Sex" et "Sober". Rarement deux chansons auront allié aussi bien l'émotion avec la dureté de la musique, notamment sur le pont et la fin de "Prison Sex" et sur les couplets de Sober. A voir d'urgence en video, les images malsaines de ces derniers sublimant d'autant la musique. Et quand je dis images malsaines, il faut pas avoir en tête les clips de Cradle of filth.
"Bottom" s'ensuit. Le climax de celle-ci étant le pont avec en featuring Henry Rollins au spoken word, qui donne encore plus de sordide à cette chanson. Il faut dire que le loustic a de la voix, même quand il gueule pas (et je dirai même à la limite plus.), le texte allant de pair avec la voix "There's no choice but to confront you, to erase you…I'll use my mistakes against you."
Puis "crawl away" et "swamp song" s'enchaînent. Ces chansons ne ressortent pas vraiment du lot, elles sont construites un peu (trop ?) sur le même modèle, et elle ne me font pas vibrer plus que ça. Par contre "undertow", là c'est un autre histoire. Le riff d'intro est magistral de simplicité et donne une impulsion à tout la chanson, et là encore le chant aérien de Maynard donne tout sa sombre ampleur à la musique, ce qui ne l'empêche pas de pousser un peu plus sur les refrains et sur la fin, donnant un impression d'apocalypse selon St Maynard. C'est à la limite sur celle-ci où on ressent la relative faiblesse de la production. Je trouve que globalement le son de cet album manque de compacité de rentre-dedans, ce qui n'est pas le cas sur Aenima. La raison en est probablement la faiblesse de la guitare un peu en retrait.
Influence très orientale avec une intro où la guitare se fait sitar pour "4°" (différence entre la température anale et la température vaginale - et je déconne pas pour le coup.) et le chant aérien de Maynard qui vient compléter le tout sur cette chansons sur l'ouverture d'esprit.
Ensuite une longue intro, glauque, répétitive nous mets dans l'ambiance pour "flood", ce qui est le point d'orgue de la chanson, le reste de la chanson étant anecdotique pour moi. Et surtout on arrive sur ce final halluciné, en plage 69 (une preuve de plus que Tool, en dépit de l'image que j'ai pu en donner jusqu'à maintenant, est un groupe qui a de l'humour, caustique et noir présent jusque dans l'artwork de l'album avec une photo de vache qui essaye de se lécher, image qui a fait fantasmer bon nombre de pervers zoophiles limousins et quelques chroniqueurs de métal), j'ai nommé "disguspitated".
Sur une base de percus et de samples divers (sons à l'envers, bruits d'animaux divers) Tool montre sa face caustique avec un texte sur un télévangéliste (Bill) qui voit un ange qui lui montre le massacre des carottes, avec en fin, la répétition, comme un mantra, que "This is necessary" et que "Life feeds on life feeds on life feeds on life…"
Bref, un album qui pose les jalons de ce qu'allait devenir le groupe plus tard, mais qui a les défauts d'un premier album, les chansons, même bonnes (et de bonnes chansons de Tool surpasse des chansons excellentes de bon nombre d'autres groupes), se ressemblent un peu, et les structures n'étaient probablement aussi travaillées que sur les albums suivants. A conseiller aux inconditionnels du groupe, et peut-être aussi à ceux qui veulent découvrir, cet album étant peut-être plus accessible, mais ne donnant pas toute la mesure du groupe.
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