Tool - Lateralus
Chronique
Tool Lateralus
En 2001, mon poisson rouge est mort. Alors, une fois que j'eu tiré la chasse d'eau pour donner à mon compagnon un repose éternel au milieu des cacas de tout le Val d'Oise, je suis allé me consoler en écoutant Lateralus, l'album que Tool a eu la bonne idée de sortir cette même année. Fou comme coïncidence, non ?
Donc, après 2 ans de tournée pour Aenima, puis 2 ans de litiges légaux les opposant à leur label, et 1 an de composition, après que Maynard ait fait son intéressant en vendant 1 million d'exemplaires du premier album d'A perfect circle, Tool est revenu sérieusement aux affaires, d'abord en sortant Salival, coffret tant espéré des fans puisqu'il contenait toutes les vidéos du groupe jusqu'à présent, en plus d'un cd de live et d'inédits, puis en sortant son album déjà attendu de puis 5 longues années (puisque d'après le théorème de Fermat et ma maîtresse de primaire, Mme Boutin que je salue ici, 2+2+1=5).
Donc quid de cet album, en cette année 2005, où Tool est déjà (enfin façon de parler) à l'œuvre afin de donner une suite à cet album. Tout d'abord, pour l'artwork, bien que je préfère Aenima pour le côté plus sombre, celui-ci est particulièrement réussi et original : chaque page du livret constituant une couche d'un écorché, dessiné par Alex Grey, dont je ne saurais trop vous recommander les œuvres et qui s'insère parfaitement dans le côté mystique du groupe. Toujours aucune parole ; pour le karaoké c'est donc foutu.
J'avais une petite appréhension au départ , en me demandant comme Tool allait se relever d'une telle progression, d'Opiate à Aenima, comment ce groupe allait pouvoir m'épater encore une fois. Après avoir cliqué sur play dans mon lecteur Open source favori, une petit déclic se fait entendre, comme si on allumait l'ampli de Doc utilisé par Marty au début du mythique "Retour vers le futur".
Donc je m'attends à une déflagration, qui se produit à moitié seulement : une rythmique syncopée démarre, toujours sur des mesures à la con qui tombent pas juste, marque de composition du groupe. Un constat s'impose, le son a changé, est beaucoup plus brut de décoffrage, ce qui est la marque avouée du producteur/mixeur David Bottrill qui a décidé de mixer cet album avec peu d'effet, d'où un son un peu plus rauque que sur Aenima. Ça ne me gène pas plus que ça mais on est loin de la production plus léché d'Aenima. Et après un break où on peut constater que Danny Carey n'a rien 0perdu de sa capacité à jouer de la double (on regrette qu'il ne le fasse pas plus souvent), Maynard entre en scène, sa voix toujours doucement posée, ajoutant un touche d'humanité et de fragilité à ces chansons métalliques. Ce dernier sait aussi se faire plus dur comme sur Ticks & Leeches où il démontre une impressionnante faculté à pousser des cris aigus et à trouver d'autres recoins inexplorés à son spectre de voix et qui en l'occurrence s'adapte bien au thème de la chanson (ticks & leeches étant une référence plus ou moins avouée aux labels/industrie musicale/major/avocats, rayez la mention inutile qui leur ont pourri la vie) ou sur la fin de The Grudge qui offre un final tout en puissance avec un Dabby Carey qui s'éclate sur ces toms (et qui les éclate par la même, 'faut dire que la petit gars, fait son 1'95 facile avec des bras gros comme ma tête.)
Cette fin apporte aussi toute la saveur à Eon Blue apocalypse, petit intermède de guitare dont la simplicité et le calme s'accordent superbement avec le début de The patient, la chanson suivante, tout en douceur, le titre rejoignant bien la musique. Sauf que comme toute qualité, elle a ses limites, et la chanson se durcit après 3 minutes, tout en conservant ce côté mystique, supporté par le chant de Maynard. Probablement une des plus belles chansons de Tool. "Mantra" est l'intermède précédant le seul "single" de Tool et première vidéo de cet album, "Schism", une chanson sur l'impossibilité de communiquer et les incompréhensions qui résident au sein de toute relation. Cette chanson s'applique beaucoup au groupe, puisque les litiges légaux ont fait porter des ombres de rupture et induit des incompréhensions entre les membres du groupe. Sur elle-ci, la basse se fait prédominante, donnant le ton à toute la chanson. Et comme beaucoup de chansons de Tool, après un pont calme, très mélodique, la fin se fait plus brutale, accélérant. Putain j'en ai des frissons d'écouter ça. Ha non, merde, j'ai oublié de fermer ma fenêtre.
Le duet Parabol/Parabola, support de la seconde vidéo sortie pour cet album, était en fait une chanson à la base qui a été redécoupée en 2 morceaux, le premier étant l'intro éthérée du second, avec une basse bien présente, une guitare qui la complète sans être en avant, pour se lancer à toute bombe dans parabola, avec un des meilleurs riffs d'intro que j'ai entendu du groupe et un des plus lourds pour terminer depuis 4th of July de Soundgarden. Tout cela pour en arriver à des roulement de toms, et "Tickes & Leeches". Alors cette chanson me pose un problème, parce que faite comme ça, je dois dire que la majorité du temps elle m'emmerde. Et quand on sait que les principaux riffs viennent de la période de composition d'Opiate, on comprend mieux que ce soit plus rentre-dedans. Non, ce qui me fait chier, c'est ce pont au milieu, trop long et inutile. Donc au lieu de 8:10 elle aurait dû faire 3:30 et ça aurait pas été plus mal. Et c'est d'autant plus dommage que Maynard pousse sa voix comme probablement il ne l'a jamais fait à part sur Opiate, et encore.
"Lateralis" (eh ouais, moi j'ai la version digipack en 100 000 exemplaires où le bonus c'est une faute d'orthographe sur un des titres) vient ensuite ; une chanson typique du groupe, toujours aussi riche en émotion, avec une recherche mélodique probablement plus profonde que sur le reste de l'album (à part "The patient" peut-être) Et surtout avec une fin complètement hypnotique, lourde.
Et enfin, le tryptique disposition/reflection/triad, construit là aussi comme une seule chanson (20 minutes, le bordel) et divisé après, et rejoignant un peu la structure de parabol/parabola, la première section en étant l'intro mystique, guitare light et tablas en avant, la voix aérienne de Maynard sur le tout, pour réaliser une introduction à "Reflection" où une fois n'est pas coutume, la basse donne le La. (en pinçant la deuxième corde grave pour une basse à 4 cordes, c'est pas dur, moi aussi j'peux le faire.)
On fait monter progressivement la mayonnaise, (en agitant très fort avec un fouet ! pas avec une cuillère en bois ! vous appris où à faire la cuisine bande de romanichels ?!) avec une intro très envoûtante, où on se laisse facilement perdre, et où la voix posée de MJK, vient offrir un parfait complément au tout, son chant laissant transparaître une tristesse, une mélancolie, contrebalancée avec le solo d'Adam Jones à 7'50, beaucoup plus dur au départ, puis repassant sur le même type de mélodie que celle chantée par Maynard. Et là encore une fin qui tue tout.
Il faut reconnaître ça à Tool, c'est un des seuls groupes que je connaisse qui construise ces chansons bout par bout, et une fois arrivé à la fin, où tout est à fond, en un paroxysme mélodique, on finit par avoir des frissons (à part quand on a oublié de fermer sa fenêtre et là c'est un courant d'air.) Et le groupe se paye le luxe de finir sa triade par un morceau de 8 minutes, instrumental, basé sur un même riff avec des variations sur tous les instruments, guitare, basse et batterie.
Enfin, la connerie de fin d'album, avec un mec halluciné, ou sous Peyotl, appelant une radio, et qui est convaincu de la présence d'ET sur la base 51, le tout accompagné avec des bruits sursaturés. Pas grand chose à en dire, ça ne sert pas à grand chose même du point vu global de l'album. A noter pour nos nombreux lecteur qui ne parlent pas la langue d'Enoch, que le titre "Faap de Oiad", veut dire Voix de Dieu et que le mec qu'on entend à avouer que c'était un hoax. On apprend tous les jours des choses qui servent à rien.
Bref, après ce fouillis descriptif, et comme le dirait Jean-Claude Dus, que conclure ?
Tool pratique toujours le même type de métal, des compositions relativement longues, avec une voix posée, magnifiquement chantée, mystique par moments, aux rythmiques cassées, mais plus souples que Meshuggah, que cet album à globalement une production moins chiadée que Aenima, mais largement rehaussée par la qualité des chansons, à part Ticks & Leeches, que je trouve un chouia en-dessous. Donc Aenima reste n°1 pour moi, mais celui-ci le suit de peu. J'attends toujours un format plus adéquat à leur musique et aux visuels (je rêve toujours d'un film à la The Wall….raaaahhhh *bave*)
| $am 28 Mars 2005 - 6354 lectures |
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