Un plaisir de pouvoir entendre de nouveau les grognements de la (ex ?) coqueluche boulimique suédoise Christian Ävelstam (j’apprécie beaucoup le gaillard), nettement plus discret depuis son départ de la machine Scar Symmetry à vrai dire. Le revoilà ainsi dans des groupes plus intimistes et « extrêmes ». Un an après la sortie du dernier Torchbearer, le Scandinave refait son apparition dans Miseration. Deux ans et demi se sont écoulés depuis la deuxième galette
The Mirroring Shadow, toujours chez Lifeforce Records, les Suédois se sépareront de leur batteur ainsi que de leur bassiste Johan Ylenstrand (Inevitable End) pour le remplacer (après l'enregistrement) par une autre « brutasse », Christian Lundgren (Vomitous). Son acolyte Pär Olofsson s’occupera une nouvelle fois de l’artwork du groupe (classique mais efficace).
La transition entre
Your Demons - Their Angels et
The Mirroring Shadow a été plutôt abrupte (doux euphémisme) : Miseration est passé d’un death mélodique « catchy » (duo avec Jani Stefanović dans la lignée des groupes mélodiques de Christian Älvestam) vers un death metal moderne nettement plus « couillu ». L’arrivée de deux membres du groupe de death/grind Inevitable End (porté lui aussi sur le christianisme) n’y est clairement pas étrangère. Pas vraiment de surprise cette fois-ci, les Suédois suivent leur direction « brutale » et « technique » pour leur troisième album
Tragedy Has Spoken. Christian se met en retrait de la composition (uniquement aux paroles au côté de Pär Johansson) et laisse les deux guitaristes armés de leurs engins à 8 cordes pour accoucher de plans alambiqués. Là où
The Mirroring Shadow laissait toujours entrevoir une musique mélodique et assez facile d’accès, Miseration fait clairement du pied aux auditeurs en manque de sauvagerie musicale. L’ombre Inevitable End est encore plus flagrante : vagues dévastatrices (l’accélération à 2:51 de « Ghost Barrier » est juste hallucinante), riffs imparables (« White Light / Black Rain »), nouveau batteur sous anabolisants (au son pas franchement naturel) et grognements modulés de Christian. Les rares percées mélodiques restent ici quasi-anecdotiques (l’épique « Ciniphes », « Tomb Of Tephra »). Habitué aux passages accrocheurs antérieurs, 42 minutes assez éprouvantes lors des premières écoutes il faut bien l’avouer. La production synthétique et le mixage façon « mousseline sonore » (batterie typée « BAR » en premier plan) n’aidera pas la chose. Assez rageant car avec quelques efforts d’oreille et pas mal d’écoutes, on découvrira un réel boulot dans la recherche des riffs et des structures des morceaux.
Comme d’habitude, les prestations vocales de maître Christian demeurent exemplaires (puissantes et variées) mais surprise, on retrouvera quelques escapades au chant clair. « Quelques » est un bien grand mot, un seul titre en profite (« On Wings Of Brimstone »). Bien loin des débuts de Miseration (parfois trop poussif il est vrai), un léger brin de fraîcheur pas franchement négligeable dans ce death metal « étouffant »et relativement linéaire. Malgré tout, quelques expérimentations seront perceptibles et pas des moindres ! Esraj (harpe indienne), santour (cithare perse), scie musicale, orgue, mandoline, piano (la fin poignante de « Ciniphes »)… Pour le style pratiqué il fallait oser. Sur le papier cela éveillera la curiosité de bon nombre, le problème c’est que cela reste très anecdotique, aspiré dans un maelström sonore trop imposant. C’est bien dommage. Le titre final « Waylaver » aux accents black démontre le potentiel du groupe, un Miseration sachant créer une atmosphère frissonnante particulière et pas simplement un death metal à la violence assez fade.
Carré et aux compositions fouillées, il manque malheureusement à
Tragedy Has Spoken l’efficacité passé. Après s’être accommodé de la nouvelle tournure méchamment agressive de Miseration, l’album s’enfile sans trop de problème mais on n’en retiendra pas foncièrement grand-chose. Une nouvelle fois, Miseration prouve son talent dans les passages plus « aérés » et mélodiques, leur aspect « brutal » trop inégal peine à convaincre. On redemande d’avantage d’expérimentations et une ambiance plus « léchée », les Suédois sont capables de choses encore plus étonnantes.
1 COMMENTAIRE(S)
01/06/2012 21:36
Déjà que le dernier Torchbearer et son son ultra synthétique m'avait grave soulé, il serait temps que Alvestam & Co se renouvelle un peu car tout se ressemble massivement au final...