1800 est définitivement une grande année pour ce fier représentant du fertile vignoble danois qu'est le vin di Cation (
allez paf, le pire jeu de mot de l'année en entrée de chro!). Si les cuvées du château ILLDISPOSED ont toujours eu de la cuisse, il faut reconnaître qu'elles ont en effet rarement connu l'excellence atteinte lors de 2 pics créatifs majeurs: dans les années 1994 – 1997, avec "Return From Tomorrow", "Submit" et "There's Something Rotten" – productions du groupe ayant remporté tous les suffrages des connaisseurs et provoqué l'ivresse d'une scène internationale conquise – et en 2004, avec le millésime qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui – pour lequel la méthode de vinification a été modernisée avec finesse et à propos. Entre ces 2 époques fastes, le groupe a eu un temps l'inspiration en jachère, allant jusqu'à gâcher son savoir-faire à singer d'illustres grands crus sur
"Retro", diluant par là même caractère et saveur dans une facilité bien fade.
Groupe parfois inégal mais prolifique, ILLDISPOSED n'a par contre pas vendangé l'occasion de se refaire en trouvant refuge dans le réputé cellier Roadrunner. Un extrait sur la B.O. du film "Saw" (
"Dark") et une plus large couverture médiatique plus tard, la récolte est pour le moins fructueuse. "1-800 Vindication", c'est tout sauf de la piquette ! Oh bien sûr, question gros rouge qui tache, les danois savent y faire et les ingrédients d'une grosse avoine nordique sont toujours présents : un chant monstrueusement abrasif qui décape bien le palais, et un art consommé du mid-tempo creusant le sillon d'un death metal martial reléguant
BOLT THROWER au rang de seconds côteaux. Même à 3 grammes, une écoute suffit pour y voir clair : ILLDISPOSED a plus à voir avec la bête de somme qui a labouré le champ qu'avec le cépage qu'on y a planté ! En bons pères pinard, Bo Summer et consorts renouvellent la formule juste ce qu'il faut, en noyant une poignée de samples et de chants clairs (
pas systématiques, on n'est pas chez SOILWORK) sous une large couche de gras. A ce titre, l'opening track "I Believe In Me" est sans doute le meilleur exemple de l'intégration réussie de ces nouveaux éléments ; passé une rétrospective radiophonique des meilleurs riffs passés du combo, le tracteur danois entraîne tout sur son passage. Vignes, système d'irrigation, étudiants sans le sou, rien ne résiste au rouleau compresseur danois qui n'a que faire des accidents de travail ! Au rayon double pédale et riffs qui hachent menu, ça pèse à mort dans la surface de déflagration, comme sur les fantastiques "Still Sane" (
et son "let's go to hell" introductif d'anthologie!) ou encore le pachydermique "When You Scream", parfaite illustration de ce qu'auraient dû faire les allemands de
RAMMSTEIN s'ils n'avaient pas égaré leurs burnes en chemin.
A l'œil, le ILLDISPOSED nouveau conserve donc cette belle robe rubis, d'un rouge sang indigne qui abreuve leurs sillons. Au nez, pas de doute : ça envoie toujours le sous-bois, ça fleure bon l'humus, la châtaigne et la pêche des grands jours. En bouche, la première impression est immédiatement accrocheuse, souple et grassement groovy. Pourtant les palais les plus délicats, soucieux du fait que le groupe conserve son A.O.C., pourront éventuellement trouver à cette offrande un arrière-goût légèrement amer. En effet quand on a lâché l'affaire avec "Submit", il n'est pas forcément facile d'avaler cul sec ce passage d'un cru très charpenté, chaleureux, abrasif et vieilli à grands coups de (
fûts de) chaînes dans la tronche, vers un breuvage plus moelleux, plus sucré, plus accessible, agrémenté d'une production très propre (
Tue Madsen et l'Antfarm obligent), de mélodies épiques empruntes de mélancolie (
"Dark", "Now We're History", "In Search of Souls" … liste non exhaustive) et de chant clair présent sur plus de la moitié des morceaux. Bref, il ne faudra pas avoir le vin triste, mais accepter les choix nouveaux, la désundergroundisation et le changement léger de cap entrepris par nos pi(
c)rates danois. M'enfin le groupe sait nous rassurer à grands coups d'attaques de vigne à la hache comme sur "Jeff", ou sur "You Against the World" qui voit le groupe fouler sauvagement les raisins de la colère au pied, sous l'emprise de poussées sporadiques d'une hargne punk/black limite
IMPALED NAZARENE-ienne (
cf. à 2:33).
Quant à ceux qui apprécient l'humour bien barré des danois (
comme ce hennissement mythique sur "Intoxicated", la reprise d'OBITUARY – "Retro", 2000) , qu'ils se rassurent. Le sample introductif de "Jeff" est tiré du film le plus sérieux de tous les temps après la liste de Schindler, j'ai nommé Wayne's World 2 (
si ma mémoire est bonne, c'est le passage où Wayne affronte à coup de tatanes le père de la sublime Tia Carrere, un monument quoi !). Comme tout a une fin en ce bas monde, même les plus gros fûts, la nuit d'ivresse s'achève sans Thierry Lhermitte, mais avec deux derniers verres suffisamment remplis pour ne jamais dépasser la troisième une fois au volant. Retour aux fondamentaux avec un "No More Time" sismique au groove totalement désinhibant, avant d'ensevelir un auditoire déjà bien entamé sous une pluie de blasts du plus bel effet (
"The Final Step", tout en finesse !). Pour toutes ces raisons, "1-800 Vindication" est donc un grand cru qui, il faut le souligner tant que la main ne tremble pas, a particulièrement bien vieilli, ce qui n'est pas le cas de tous les albums ayant cédé à la mode cyber/electro/musette sortis à la même période.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène