Appréhender le Fear Factory post-« Obsolete » n’est pas chose aisée, à bien des égards la discographie du groupe s’apparente à un wagon fou lancé sur une montagne russe enchainant, pour toujours plus de sensations fortes (bonnes ou mauvaises) les hauts (« Archetype »,
« Mechanize ») et les bas (« Transgression »,
« The Industrialist »). Une nouvelle fois frappée par quelques mouvements de line-up (mineurs cette fois ci je vous l’accorde) avec l’arrivée de Mike Heller derrière les fûts, l’usine de la peur s’apprêtait donc il y a deux ans à nous offrir son neuvième album studio déjà, le premier pour Nuclear Blast. Compte-tenu de la qualité en dents de scie des dernières sorties du combo j’avais personnellement fait l’impasse sur un « Genexus » qui n’a finalement atterri que très récemment sur mon lecteur. Quelle erreur ! Car s’il y a bien un album des Américains qui nous ramène à la belle époque de « Demanufacture » / « Obsolete », c’est celui-là. Oui j’ose la comparaison, « Genexus » (entièrement composé par le duo C. Bell/Cazares) est de cette trempe et se place peut-être pour moi comme le deuxième meilleur opus du groupe après l’inégalable sortie de 1995.
Dès l’excellente entame « Autonomous Combat System » les connections neuro-sensorielles se font et l’on ne peut s’empêcher d’entendre dans les premières paroles de Burton C. Bell le phrasé du début de « Demanufacture » quand son refrain offrira lui une résurgence de « Zero Signal ». Le break à 2’15 sur « Dielectric » ? Dans la stricte veine d’un « Self Bias Resistor ». Les clins d’œil à la grande époque sont légion (le début du titre éponyme…) mais pas de crainte excessive toutefois le tout reste à distance réglementaire de la repompe pure et dure. Et si « Genexus » devait enfiler les vêtements d’un de ses grands frères ce serait d’ailleurs globalement plutôt ceux d’ « Obsolete » de par l’aspect massif du riffing nerveux de ce bon vieux Dino ayant retrouvé une certaine vivacité et une redoutable efficacité (à défaut du côté tranchant des deux premiers opus du groupe) bien mise en avant par une production maousse costaud et appuyée comme il se doit par le déluge de double pédale assénée par le petit nouveau Mike Heller. Et quand bien même les riffs saccadés autoritaires du fluet six-cordistes ne surprendront plus personne aujourd’hui, force est de reconnaitre que ce cru 2015 possède ce qu’il faut d’accroche et d’énergie pour balayer d’un revers de main les critiques sur un manque d’originalité évident mais inhérent au style même de Fear Factory. Que ce soit dans un style frontal classique (« Autonomous Combat System », « Anodized », « Protomech », « Genexus »), avec des accents plus groovy d’obédience très « Obsolete »-like (« Dielectric », « Soul Hacker ») voire plus mélodiques (la très entrainante « Regenerate »), rien ici ne loupe sa cible (hormis peut-être un « Church Of Execution » qui aurait pu être le meilleur titre de
« Digimortal »), l’ensemble étant d’une cohérence et d’une évidence délicieuses.
Toutefois si le gros Dino parait avoir retrouvé tous ses moyens, posant des bases rythmiques d’une solidité antisismique, les compos de « Genexus » semblent également avoir été taillées sur mesure pour mettre en valeur son alter ego qui nous livre peut-être ici sa meilleure prestation studio. Surfant une nouvelle fois sur l’opposition ou plutôt la fusion de l’homme et de la machine (les hommes devenant de plus en plus machines, et les machines devenant de plus en plus humaines, se rapprochant de ce point appelé par certains ‘’la singularité’’ où la différence entre les deux sera devenue imperceptible), la prestation de Burton C. Bell est impressionnante (laissons de côté les retouches studio devenues coutumières aujourd’hui). Si son growl n’a jamais réellement failli il se montre ici au sommet de sa forme mais c’est aussi et surtout dans ses refrains que le frontman s’avère plus qu’inspiré. S’ils n’ont pas toujours été des plus heureux, ces derniers constituent l’un des principaux atouts de ce « Genexus » débordant de pre-chorus/chorus absolument divins, qu’ils soient dans une veine purement mélodique (« Autonomous Combat System », « Anodized », « Dielectric », « Protomech », « Regenerate », « Battle For Utopia ») ou plus accrocheuse à beugler au volant (ceux énormes de « Soul Hacker » et « Genexus »), il figureront parmi les meilleurs du combo et risquent de vous coller longtemps aux tympans.
S’il semblait manquer un petit (voire un gros) quelque chose à chacun des derniers albums de Fear Factory, « Genexus » est quant à lui un album plein, entier, aucun aspect de la musique du groupe n’y étant négligé. Même l’acolyte de toujours Rhys Fulber y réalise un travail remarquable sur tous ses samples et claviers parfaitement idoines et bien intégrés (plus qu’évident dès le début du titre d’ouverture ou sur « Regenerate » par exemple) apportant l’ambiance mécanique indispensable à un grand opus de Fear Factory, les Californiens réussissant même le pari souvent risqué du titre de clôture plus mélodique et planant avec un « Expiration Date » élégiaque au refrain une fois encore superbe. Même si la maestria retrouvée sur « Genexus » n’exclue pas un plantage total au prochain épisode, elle aura au moins eu le mérite de raviver complètement mon intérêt pour l’usine à peur et nul doute que je guetterai cette fois-ci attentivement la sortie de son successeur en espérant que l’alchimie puisse une fois encore opérer parce qu’il n’y a pas à chier, un bon album de Fear Factory qu’est-ce que ça fait du bien par où ça passe !
« People are always fearful of something they don’t understand. The next step in evolution is a machine; a machine that can think and feel. Surviving is all that will matter. »
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