On avait quitté FEAR FACTORY en plein no man's land avec un « Transgression » pas inintéressant sur le principe –
plutôt que de livrer un « Archetype » bis ou un « Demanufacture » III, le groupe avait jugé bon d'adjoindre à son fond de jeu brutal quelques adjuvants pop surprenants – mais profondément mal branlé et probablement enregistré dans l'urgence vu le trop plein de reprises (U2 et KILLING JOKE, pour mémoire) et la confondante neutralité de l'ensemble. Le faux pas de trop après un
« Digimortal » trop basique et orienté néo pour être honnête ? Toujours est-il qu'il a fallu cinq ans et quelques « légers » réaménagements dans le line-up pour relancer la machine ; des changements de poids en vérité puisque seuls Burton C. Bell et Byron Stroud ont survécu au jugement dernier, Christian Olde Wolbers et Raymond Herrera (désormais réunis sous la bannière ARKAEA) cédant pour raisons contractuelles leur place à Gene Hoglan et … Dino Cazares. Le revenant Cazares, qui après avoir donné dans le metalcore bas de gamme avec DIVINE HERESY et le death grind déjà plus fréquentable de ASESINO, rentre au bercail après huit ans de fâcherie avec l'autre entité indissociable de l'usine à peur, Burton C. Bell, rassénéré après avoir communié avec la nature au sein de ASCENSION OF THE WATCHERS.
Burton et Dino travaillant à nouveau ensemble ? Ça valait une grosse côte, au moins autant que les sales défaites de Davydenko contre des sans grade du circuit type Martin Vassalo Arguello mais les faits sont là. Et l'album surtout, un « Mechanize » foudroyant d'efficacité aux premières écoutes, qui nous ramène sans ménagement aux plus belles heures d'un « Demanufacture » dont le pendant officiel était jusqu'alors incarné par l'excellent « Archetype ». Retour de Dino oblige, le mimétisme entre les deux productions est encore plus saisissant ici, d'autant qu'un come back peut en cacher un autre avec un Rhys Fulber à nouveau derrière les manettes pour recouvrir les riffs monocordes de Cazares d'un linceul spectral et glacial qui avait cruellement manqué aux albums précédents, « Obsolete » compris. Lancé sur des bases déjà franchement élevées avec un "Mechanized" sombre, violent et saccadé à souhait aux faux airs de MESHUGGAH allégé, l'affaire prend une tournure géniale dès l'entame du nouvel hymne maison, « Industrial Discipline », brillante relecture de deux oldies du back catalogue : « New Breed » meets « Shock » !!! Un titre monstrueux sur lequel Burton C. Bell retrouve des vertus d'aboyeur oubliées depuis « Zero Signal », avec rythmique technoïde et lignes de chant irrésistibles en prime. Dans le même registre en à peine moins bon, « Powershifter » n'a pas été désigné premier single pour rien au regard d'un refrain qui marque immédiatement les esprits, la divine surprise venant du contenu majoritairement brutal d'un album faisant feu de tout bois jusqu'à la piste huit, le titre le moins marquant du lot, « Oxidizer », étant tout de même du niveau d'un titre comme « Hi-Tech Hate » ! Et ce n'était pas forcément attendu, vu la propension passée du groupe à appuyer avec un peu trop d'insistance sur la touche « mélodie » une fois passées les premières salves purificatrices. Pas de ça ici pour le plus grand bonheur des brutes venues quérir leur quota de rythmiques
Terminator like avec la complaisance d'un Gene Hoglan comme papa dans l'eau ou poisson dans maman après l'arrêt programmé de STRAPPING YOUNG LAD. Une aimable distribution de mandales et de saccades telluriques on vous dit, Burton remisant son chant clair au placard sur une « Christploitation » aux parties de piano ennivrantes, le tout basculant rapidement dans l'emphase pugilesque la plus totale à l'instar de « Controlled Demolition », dernier momument d'une cyber sauvagerie –
une fois de plus, le refrain est parfait et Burton, c'est à souligner, a intelligement disséminé ses parties de chant clair sur chaque titre - dont on avait fini par oublier les vertus annihilatrices.
Ceci étant posé, et si l'on excuse l'absence quasi-totale d'éléments nouveaux dans le son FEAR FACTORY (excepté quelques lignes lead inhabituelles à 3 :39 sur « Fear Campaign »), « Mechanize » compte quelques défauts dans sa cuirasse, notamment une chute de tension évidente le temps d'une « Designing The Enemy » aux atours plus atmosphériques et surtout du monolithique et inutile instrumental « Metallic Division », heureusement très bref. Egalement très classique mais plus satisfaisant, le traditionnel mid tempo de fin d'album sur lequel Burton se permet un clin d'œil appuyé à ASCENSION OF THE WATCHERS avant une lente extinction des feux, là aussi une évidente marque de fabrique. Si l'on peut légitimement reprocher un certain manque de densité aux compositions de « Mechanize » -
Archetype était plus consistant sur ce plan – et un côté efficacité à tout prix qui devrait le priver d'une plus longue durée de vie, on y gagnera par contre en live où nombre de ces nouveaux titres sont appelés à devenir des classiques. Enfin, pour en finir avec les griefs, on sera également réservé sur le timing concernant la sortie d'un tel album, tout de même très typé nineties et qui aurait eu bien plus d'impact s'il était sorti en … 1998 ou 2001, soit en lieu et place de « Obsolete » ou
« Digimortal ». En l'état, malgré tout le bien que je pense de cette nouvelle galette, j'ai bien peur que le train ne soit passé depuis longtemps pour un FEAR FACTORY en phase de reconquête de son public et de sa gloire passée, à moins que Gene Hoglan, qui leur fait déjà beaucoup de bien ici, ne relance définitivement le groupe lors d'un prochain album en forme de quitte ou double.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo