Il paraît que Darkthrone, « c’est plus ce que c’était ». Faudrait me dire depuis quand ça date et ce que c’était. Vous parlez des albums de metal vieux ? De ceux Crust / Punk ? De ceux rock n’roll ? De ceux où ils font encore du black metal ? Non parce que, ces critiques, on les entendait déjà à l’époque de
Hate Them. Et même avant. À croire que le problème n’est pas tant que Darkthrone ne soit plus ce qu’il a été, mais que c’est vous qui êtes encore coincés dans le passé pendant que lui trace sa route. Ce qui n’est pas grave : rien n’oblige à aimer l’évolution d’un groupe. Mais, franchement, vous vous voyez suivre quelqu’un dans la rue qui décide qu’une conversation est finie et insister lourdement pour dire que vous voulez la continuer et que ce qu’il souhaite faire maintenant n’est pas aussi intéressant ? N’insistez pas. Vous êtes lourds.
Donc,
Hate Them. Soit la période où Darkthrone, ce groupe qui laissait déjà derrière lui les bloqués dans « la sainte trilogie » – qui, exceptés
Transilvanian Hunger et quelques titres de
Under a Funeral Moon, n’est pas tout à fait à mon goût –, maudissait son prochain et ses contemporains avec une aigreur qui se fichait déjà pas mal de correspondre à tel ou tel critère. Pas encore trop vieux mais déjà trop froid, d’un dédain qui regarde son héritage avec un sourire narquois aux lèvres. Clairement, ce n’est pas tout le monde qui ose débuter un album par un titre de la trempe de « Rust », morceau qui joue sur la longueur, grésille, ne transmet pas sa haine par des assauts comme on en a l’habitude mais des riffs qui suintent une solitude rêvée, la voix de Nocturno Culto commençant à avoir ce grain grave et râpeux qui explosera sur
The Cult is Alive. Darkthrone n’accroche pas d’emblée ; il invite presque à le laisser seul, à qui n’est pas prêt à vouloir laisser tout derrière lui. Un titre fier qui s’emballe sur la fin, histoire de bien inscrire la pureté punk de l’exercice. Parfait.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : parfait,
Hate Them ne l’est pas. Il lui manque la raideur et la constance qui départagent les bons albums de Darkthrone de ceux véritablement marquants, la fine ligne qui sépare un bon
Dark Thrones and Black Flags d’un excellent
Circle the Wagons, un correct
Arctic Thunder d’un génial
Old Star… Et une leçon comme
Sardonic Wrath au ci-présent disque, qui touche du doigt cette misanthropie totale sans la prendre fermement. « Fucked Up and Ready to Die » et « Ytterst i livet » ne sont pas des exemples de perfection comme le duo nous en a tant offert ; ils sont des marquages au fer de ce black metal racé qu’ils ont contribué à définir, intransigeant, répétitif et prenant, tel une course dans la neige dont on ne perçoit plus la limite entre elle et nous. Froid extérieur et froid intérieur, soit du Darkthrone comme on l’aime.
Mais même un album mineur de la part des Norvégiens contient ses moments majeurs.
Hate Them ne déroge pas à la règle, « Det svartner nå » ou « Divided We Stand » propulsant l’écoute vers des pics de négativité à la fois rock n’roll et punk, rappelant que les lubies récentes de Darkthrone ont toujours été là, racines devenues arbres par la suite. Impossible de ne pas citer également « Striving for a Piece of Lucifer », titre mordant et dominateur où Nocturno Culto regarde d’un air méprisant les enfants auto-proclamés de leur black metal.
Si cet album doit être le premier sur un domaine, il l’est dans cette conscience de lui-même avec laquelle commence à jouer Darkthrone, son statut, ses influences et ses valeurs propres.
Hate Them n’est ni la claque à la concurrence qu’est
Sardonic Wrath, ni le manifeste punk
Circle the Wagons, ni le vieil âge assumé de
Old Star… mais il prépare tout cela avec sa haine des autres, y compris les faux amis de la formation. Avant de se connaître soi, il faut apprendre ce qu’on ne veut pas être. Darkthrone, lui, appelle clairement à détester ses détracteurs.
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