Abigail Williams - In The Absence Of Light
Chronique
Abigail Williams In The Absence Of Light
Risée de la scène pour son passé aux accents « core » puis pour un premier album hermétique mais des plus prometteurs, Abigail Williams souhaite plus que tout redorer son blason « black metal MySpace » et gommer ce « buzz » handicapant. Enfin dirais-je plutôt, Sorceron (devenu guitariste d'Aborted), tête pensante du groupe qui évincera (ou laissera partir selon le point de vue) tous les anciens membres. Ainsi nous ne pourrons malheureusement plus nous rincer les yeux sur la ravissante claviériste Ellyllon, cette dernière devenant membre permanent de Cradle Of Filth… Après moult changements de line-up et un EP
Agharta en 2009 (disponible avec la réédition « deluxe » de
In the Shadow of a Thousand Suns), Abigail Williams devient finalement un trio. La bande s'était offerte Trym (Emperor) à la batterie, les Américains feront appel cette fois à un autre maître scandinave. Il s'agit de Peter Tägtgren pour le mixage de leur deuxième album
In The Absence Of Light à l'artwork classieux de Farron Kerzner (Nachtmystium).
Ceux ayant écouté
Agharta ou ses extraits MySpace pouvaient déjà sentir un Abigail Williams entamant un virage significatif (à la manière des jeunes The Funeral Pyre). Et les premières écoutes de
In The Absence Of Light dévoileront effectivement un groupe tout autre... Les jolies mélodies suédoises de
In The Shadow Of A Thousand Suns et les nappes de claviers grand guignolesques disparaissent peu à peu au profit d'un black metal sans artifice. La Norvège devient donc la terre principale des influences, ce côté froid et cru (Gorgoroth et Immortal en tête) marié à la complexité d'un Enslaved sauront parler aux adeptes du metal noir. Le groupe n'abandonne pas pour autant toutes ses saveurs symphoniques d'un Emperor ou mélodiques da la scène black/death suédoise aux résonnances d'un Watain (« Final Destiny Of The Gods »). Elles sont cette fois-ci placées avec parcimonie (soli heavy compris) pour pouvoir asséner au mieux le coup fatal (« In Death Come The Great Silence »). Sorceron va clairement élever d'un cran son travail de composition qui est, il faut avouer, assez titanesque : des arrangements par paquet de cent ainsi que des titres à la structure complexe qui ne tombent jamais dans le schéma facile du « couplet/refrain/break ». Terminé aussi cette production synthétique atroce, elle est désormais en parfaite adéquation avec le style (puissante mais occulte) et le mixage impeccable de Peter démontre au mieux cette richesse musicale. On regrettera cela-dit cette batterie toujours « triggée » à la moelle, d'autant plus que nous sommes bien de loin de la sulfateuse Trym.
Mais là où Abigail Williams surprendra le plus, c'est qu'il va balayer son principal défaut : l'absence d' « émotion ». Au delà du son, le groupe est enfin parvenu à créer sa propre atmosphère sombre et glaciale intrinsèque au genre pratiqué. Appuyé d'un chant criard puissant beaucoup moins caricatural, les Américains possèdent la recette de la kératose pilaire, que ce soit le final dantesque de « Hope The Great Betrayal » (aux gémissements de loups frissonnants), le break dévastateur à vous prendre les tripes de « The Mysteries That Bind The Flesh » ou encore « Infernal Divide » et « What Hells Await Me » (et leur riff mystique principal à vous invoquer les esprits). Les New-Yorkais semblent avoir réussi un coup de maître… Pourtant, malgré tout ces efforts remarquables, leur musique gagne encore à être domptée. Difficile de ne pas noter un bon nombre de passages inégaux à rallonge (et peu personnels) éparpillés gâchant le travail d'ambiance, tout particulièrement sur la fin de la galette (deux derniers titres). On sent une musique prête à exploser mais il manque ce petit quelque chose ou ce moment de trop pour pouvoir hisser l'album jusqu'au trône du malin.
Abigail Williams a mûri et devient méconnaissable. Certes il n'y a rien de bien révolutionnaire sur ce
In The Absence Of Light, patchwork du metal extrême scandinave qui respecte l'aura de ses pères et dévoile une musique composée avec grande minutie. Si le groupe continue en ce sens, inutile de dire que la scène américaine pourra bientôt prétendre à un autre disciple des enfers dans ses rangs. Au final, une très bonne surprise qui saura assurément émoustiller certains auditeurs de black metal d'Europe du Nord.
| Mitch 19 Septembre 2010 - 2945 lectures |
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