Nuklear Frost - Subjugation
Chronique
Nuklear Frost Subjugation
Premier album de Nuklear Frost, entité complètement inconnue au bataillon (pourtant, avec un nom aussi moisi, difficile de passer inaperçu), "Subjugation" représente pour moi une véritable bouffée d'air vicié dans ma recherche frénétique d'albums d'exceptions, de perles rares à décortiquer. Non pas que la galette en question soit exceptionnelle, loin s'en faut. Au contraire, elle reste classique aussi bien sur le fond (la musique) que sur la forme (artwork dégueulasse et thématiques obscures). Mais l'album possède suffisamment de qualités, et est suffisamment bien produit et joué pour retenir aussi bien l'attention du mélomane que celle de l'amateur de musique bas du front. Autoproduit par le groupe et disponible en format digital (les versions "physiques" sortiront plus tard cette année chez Tridoid Records), "Subjugation" est un véritable hommage au Black Metal dans ce qu'il a de plus classique.
Doté d'un son résolument moderne que l'on doit à Max Karon (ayant bossé, entre autres, pour Devil Driver), l'ensemble des titres possède une production convaincante, qui fait ressortir le niveau technique plus-que-correct des musiciens. Un son excellent, oui... bien qu'un peu trop lisse. Pas de véritable "grain" auquel s'accrocher, aucune aspérité, tout est vraiment trop propre et compressé - même en FLAC (format numérique oblige) les cymbales possèdent une sonorité désagréable, sous-échantillonnée. Un point de détail, j'en conviens, mais qui devient rapidement agaçant tout au long de la demie-heure que dure "Subjugation". La voix est parfaitement mixée, et fort heureusement, car c'est réellement le chant qui va rythmer les compositions de l'album. Growls caverneux, attaques hystériques saccadées par les blasts, voire incursions monastiques sur "Become Death", R emprunte aussi bien à Kvarforth qu'à Attila Csihar (dans une moindre mesure, certes). Et, par dessus tout, arrive à incarner un sentiment de puissance, notamment dans les choeurs quasi-martiaux de "In the Name of Nothing".
Question originalité, on repassera (le sample le plus cliché de l'année 2014 en ouverture de "Charnel Ditch") et sans regret aucun, puisque la véritable force de Nuklear Frost est bel et bien de transcender un genre, non pas de le renouveller. En proposant des incursions mélodiques qui empoignent véritablement l'auditeur. Tremolo-picking vénéneux ("Vortex of Horror"), parties plus sournoises quasi-arpégées ("Charnel Ditch", justement) ou ambiances plus malsaines (les parties mid-tempo de "The Failure of Altruism"), "Subjugation" concentre réellement le meilleur du Black Metal dans une synthèse décapante. Et ce en évitant de tomber dans le piège de la répétition par des compositions judicieusement construites, faisant de l'album un crescendo qui atteint son paroxysme sur le dernier titre, probablement le meilleur. De fait, l'attention de l'auditeur ne faiblit pas un seul instant, concentration maintenue également par la courte durée de l'opus. Digeste et efficace, deux qualités qui devraient être les maîtres-mots de toute sortie extrême, et qui ne sont malheureusement qu'exceptionnelles.
Petite surprise de ce milieu d'année, Nuklear Frost sort de nulle part et signe un album de grande qualité, mélodique sans être pénible, rentre-dedans sans être lassant. "Subjugation" brille par l'homogénéité de ses compositions et se pose en véritable "hommage" au genre que nous aimons.
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