Enthroned - Prophecies Of Pagan Fire
Chronique
Enthroned Prophecies Of Pagan Fire
Au début des années 90 la Belgique est également touchée par le raz-de-marée sombre venu principalement du nord de l’Europe, ce qui va mettre en marche toute une petite série de formations qui vont avoir pour but de réveiller le plat pays. Parmi celles qui commencent à avoir une petite notoriété l’on trouve MORBID DEATH, dont deux de ces membres vont bientôt faire parler d’eux quand le groupe se séparera quelques temps plus tard, ceux-ci sont connus sous le nom de Sabathan et Cernunnos et vont fonder ENTHRONED un beau jour de 1993. Avec sa voix particulière et sa basse le premier va tenir le devant de la scène, alors que le second derrière sa batterie va s’occuper principalement de l’écriture des textes, et leur aventure va vraiment commencer après le recrutement de Tsebaoth à la guitare. Sous cette forme de trio le groupe de Wallonie va enregistrer une première démo, suivie peu de temps après par un Split avec ses compatriotes d’ANCIENT RITES, avant de signer chez les nordistes d’Osmose Productions et d’enfin enregistrer un premier album à l’impact inattendu.
Car si l’année 1995 marque le début de l’apogée du son Norvégien, c’est aussi le début de la mode du symphonique d’où commencent à émerger CRADLE OF FILTH et DIMMU BORGIR, ce qui ne sera pas sans conséquences sur la musique de la bande qui n’hésitera pas sur cet opus à incorporer quelques éléments de clavier avec parcimonie et de relativement bon goût. Le morceau-titre d’ouverture qui sert d’introduction nous met déjà dans l’ambiance humide et sombre à cheval en une forêt froide et noire et un cimetière abandonné à la nuit tombée, avant que ne s’enchaîne le premier futur classique intitulé « Deny The Holy Book Of Lies », dont les paroles sont sans équivoque. Mais avant que celles-ci ne retentissent il y’a le long début instrumental et lourd de plus de deux minutes qui sert à augmenter progressivement la pression jusqu’à l’arrivée du chant où tout explose au niveau du tempo, qui nous fait remarquer que les gars ont du talent, que leur musique relativement primitive n’oublie pas d’intégrer de nombreux solos bienvenus et aussi que leur frappeur est relativement limité techniquement. Certes on remarque vite (et principalement sur les parties rapides) que celui-ci est souvent à limite de la rupture, qu’il a tendance à répéter les mêmes plans assez fréquemment et que ses parties de double ne sont pas super synchrones, pourtant cela contribue aussi au charme de cet opus malgré ses quelques défauts récurrents. A l’instar de cette très bonne en matière, d’autres compositions vont passer l’écueil des années et revenir encore de temps en temps en concert, en premier lieu le très lourd et réussi « Rites Of The Northern Fullmon » bien plus massif que le reste du disque, et agrémenté de parties rapides au milieu d’entre elles, ou encore « At The Sound Of Millenium Black Bells » et sa partie centrale presque Doom où se niche une partie lead fort agréable.
Cependant le jeune âge de chacun des musiciens finit par se faire sentir sur la durée, car comme les parties de batterie les riffs de guitare ont tendance à se répéter assez rapidement, notamment à cause de longueurs inhérentes sur plusieurs titres et cela finit par affaiblir un peu l’ensemble qui dure près d’une heure au final. « Scared By Darkwinds » et « Skjeldenland » quoique fort agréables se retrouvent donc plombés par une linéarité que l’on peut regretter car l’ambiance est présente et est mise en exergue par les textes qui traitent autant du satanisme, que de l’occultisme et le religieux, ainsi que par les notes synthétiques qui amènent un côté atmosphérique que l’on ne retrouvera que rarement par la suite. Avec une production très équilibrée où la basse joue un rôle important, et une pochette signée de leur compatriote Kris Verwimp (qui bossera également avec MARDUK, SETHERIAL, HORNA ou encore RAGNAROK), les Belges réussissent dès leur arrivée sur une scène en pleine effervescence à se faire remarquer dans le bon sens du terme (c’est-à-dire au niveau musical et pas dans celui des faits divers). Alors certes tout n’est pas parfait, il y’a des erreurs de jeunesse mais celles-ci sont compensés par leur enthousiasme et leur envie, et surtout par une poignée de titres qui font déjà mouche et qui continueront à le faire dans un avenir proche et éloigné vu qu’encore aujourd’hui ils sont déterrés pour certaines occasions. Un avenir prometteur était en marche pour le trio, qui ne le restera pas longtemps par la suite à cause d’une série d’évènements qui rendront l’ensemble cependant plus fort et qui va signer une réussite encore plus grande quelques temps plus tard où les cartes vont être redistribuées.
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