Svartsyn - In Death
Chronique
Svartsyn In Death
Tu connais forcément Svartsyn, le suèdois, si tu t’intéresses un tant soit peu à la scène BM scandinave. Si ce n’est pas son représentant le plus flamboyant, la faute à un parcours un peu chaotique, ponctués de perles (…His Majesty et Timeless Reign) comme de bouses (Wrath upon the Earth), Svartsyn en est tout de même l’un des plus prolifiques (9 albums avec le dernier, In Death, 5 demos, 3 EP et un split) et des plus studieux. In Death, le petit dernier, est plutôt, disons-le clairement, dans la catégorie des bons albums du groupe.
Seven Headed Snake, qui ouvre l’album, tape ainsi direct à l’estomac, dopé par une batterie hystérique, des grattes tout en attaque rapide et un son, ni trop harsh, ni trop clean, qui porte l’ensemble de sa puissance malsaine. Les plus de 7’ du titre développent de jolis contrastes, que l’on va retrouver par la suite : le choix d’un mid-tempo qui brise ou relance les accélérations, très pertinent, des mélodies qui tournoient, tantôt aériennes, tantôt menaçantes et une voix qui, un brin en recul dans le mix, semble hantée (With Death). La batterie ne baisse jamais le pied, tapissant l’espace sonore de ses roulements puissants, qui joue également le rôle de moteur, de propulseur aux morceaux. Les quelques breaks de batterie sont encore une idée – certes courante – mais pertinente dès lors qu’ils renforcent considérablement les contrastes, offrant à l’auditeur des aspérités où s’accrocher pour rompre, parfois, une certaine linéarité du titre (En pont sur Seven Headed Snake par exemple).
Les morceaux sont plutôt longs (près de 7 minutes à chaque fois) et denses, les structures étant chargées en informations, en arrangements subtils (les lead légèrement orientalisant sur le départ de Dark Prophet, qui portent littéralement l’intro ; le départ sourd de The White Mask) et, surtout, en relances permanentes. Les titres sont conçus telle une reptation. Les structures bougent continuellement, les riffs changent, progressent, s’affirment, reculent… tandis que la batterie pilonne (Seven Headed Snake, Wildernesse of the Soul, Exile in Death) ou, parfois, casse certaines dynamiques (With Death, The White Mask, Black Thrones of Death), comme pour les alourdir le temps d’un passage (The White Mask).
Svartsyn réussit un travail d’équilibriste de haute volée tant ses morceaux sont bien dosés, les mélodies se fondant naturellement dans les structures, elles-mêmes évoluant avec tout autant d’évidence, sans heurts, sans faute de goût. Et si la violence domine très largement cet opus, elle semble ici transcendée. Ou, plutôt, au service d’autre chose que le simple étalage de muscles. Comme si elle légitimait les mélodies, comme si, finalement, elle était à leur service, pour que le relief joue à plein (The Wilderness of the Soul). Le son, qui n’a pourtant rien d’exceptionnel, a cependant ce petit quelque chose de profond, d’emphase (The White Mask, Black Thrones of Death) qui trouble et qui ajoute à la richesse de l’ensemble un aspect légèrement chaotique (Black Thrones of Death).
Svartsyn accouche là d’un album franchement intéressant qui, tout en gardant la ligne des Grands Anciens, tout en respectant les canons du genre, parvient à s’en affranchir dans le même temps, qui offre à l’auditeur un produit de belle qualité, varié et riche.
| Raziel 3 Novembre 2018 - 1428 lectures |
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