Hordous - Mon fantôme
Chronique
Hordous Mon fantôme
Quel groupe m’aura donné le plus de frissons en 2022 ? Sans doute SAPAUDIA et son EP, trop court, de deux pistes : Requiemonument. Mais très près derrière, il y a deux sorties signées Transcendance Records. VERTIGE tout d’abord, avec son premier album à la sincérité et à la force implacables. HORDOUS ensuite, avec lui aussi son premier album : Mon fantôme.
Et pourtant, personne n’attendait vraiment le groupe de Bordeaux. D’ailleurs, ceux qui en avaient déjà entendu parler pensaient sûrement qu’il était mort, inactif depuis un EP sorti en 2015. Et ils s’en fichaient peut-être aussi un peu aussi, parce que les compositions n’étaient pas encore véritablement abouties. Elles présentaient pourtant déjà les prémices de ce qui allait émerger. Une d’entre elles a même survécu et se retrouve à nouveau intégrée à Mon fantôme, dans une version réenregistrée : « En chiant ». Oui, « En chiant »... C’est un nom aussi poétique que ceux de CATACOMBES, le Français nouvellement établi au Canada. Et pourtant il s’agit d’un texte emprunté à... Rabelais ! C’est tiré de Gargantua, et cela narre :
« En chiant l'aultre hyer senty
La guabelle que à mon cul doibs;
L'odeur feut aultre que cuydois :
J'en feuz du tout empuanty.
O ! si quelc'un eust consenty
M'amener une que attendoys
En chiant !
Car je luy eusse assimenty
Son trou d'urine à mon lourdoys;
Cependant eust avec ses doigtz
Mon trou de merde guarenty
En chiant. »
Comme quoi la vulgarité peut se faire art ! C’est plutôt pertinent quand on parle du nôtre, du black metal qui sait être cru, direct, grossier, mais qui cache quelque chose caché derrière... Avec le premier EP, il fallait savoir creuser pour découvrir ce qui était caché, mais avec le temps, au bout de 7 ans, le côté rèche a été légèrement nettoyé, et les morceaux se dévoilent bien plus facilement. C’est un peu la même différence que lorsque PESTE NOIRE a proposé La Sanie des siècles - Panégyrique de la dégénérescence après des splits plus crades. Non d’ailleurs, ce n’est pas « un peu », mais c’est « véritablement » la même différence, d’autant que musicalement aussi on retrouve beaucoup de cet album culte. Les guitares qui geignent et leurs mélodies qui se plantent directement dans l’esprit. Les passages acoustiques qui apportent une lumière salvatrice, messianique... Les vocaux qui transmettent une sensibilité écorchée, un trop plein d’émotions et un ras-le-bol. Des idées de choeurs simples mais touchants... Tout l’album emporte et marque l’auditeur. Certains reprocheront le pathos qui rôde toujours dans chaque recoin, mais ceux qui apprécient justement d’affronter les douleurs seront conquis, sans aucun doute possible.
Je frémis à chaque piste, au moins sur un passage. Je m’incline devant l’évidence et l’efficacité des mélodies, d’un bout à l’autre... J’ai hâte maintenant de voir si la suite gardera cette tension juste et fragile, ou si comme Famine, monsieur Cendres apportera une évolution qui viendra tout chambouler... Vu qu’il est seul aux commandes de son groupe, tout est possible...
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