Furis Ignis - Decapitate The Aging World
Chronique
Furis Ignis Decapitate The Aging World
One-man band allemand formé en 2019 par un certain Tyrst, Furis Ignis a semble-t-il décidé que 2022 serait son année, celle ou l’on parlerait enfin de lui, que ce soit en bien ou en mal. Il faut dire aussi qu’en l’espace de sept mois, celui qui n’avait jusque-là rien sorti de probant s’est montré relativement prolifique avec la parution en janvier dernier d’un premier album intitulé Decapitate The Aging World auquel vient déjà de succéder un généreux EP de plus de trente-deux minutes, le tout sous la bannière de l’indéfectible Iron Bonehead Productions qui une fois encore semble avoir eu le nez creux.
Si je ne suis donc pas vraiment en avance ni même à l’heure pour vous parler de ce projet, sachez tout de même que dans la pléthore de sorties proposées chaque années par le label allemand, il aurait été dommage de faire l’impasse sur celle-ci. Pourtant, on ne peut pas dire que Furis Ignis ait quelque chose de nouveau à offrir tout au long de ces trente-neuf minutes. Toutefois, dans le genre premier album rondement mené, Decapitate The Aging World remplie parfaitement son office. On saluera ainsi pour commencer l’artwork plutôt engageant (qui n’est pas sans évoquer celui du premier album de Dimmu Borgir) qui justement m’a donné envie de m’intéresser à ce premier album et qui derrière ses traits un tantinet naïfs laisse tout de même planer dès le premier regard une atmosphère voilée et mystérieuse qui va servir à poser les fondations sur lesquelles repose le Black Metal du one-man band.
Car oui, c’est bien évidemment de Black Metal dont il est question ici. Un Black Metal largement inspiré par les années 90 et notamment la scène norvégienne et des groupes tels que Burzum, Mayhem, Satyricon ou Emperor à qui Tyrst va emprunter de manière assez évidente en évitant cependant le piège de la pâle copie sans âme. En effet, plutôt ambitieux dans son travail malgré tous ces liens de parentés relativement flagrants, l’homme va faire en sorte d’offrir quelque chose d’assez personnel tout en restant naturellement très attaché au respect d’une tradition que l’on sait immuable. Pour y parvenir, l’Allemand va miser sur une certaine diversité. D’un point de vue global pour commencer avec des morceaux qui oscillent ainsi entre trois et treize minutes et attestent d’une capacité à développer des pièces généreuses tout en étant en mesure de proposer à l’inverse des titres pas sans détours, pas nécessairement plus directs mais en tout cas beaucoup plus simples et concis. De manière plus spécifique ensuite avec des titres fleuves où les idées, ambiances et variations de rythmes s’enchaînent avec brio ("Witness The Nightsky Palpitating To The Beat Of Premonition", "Hostis Mundi" et "Guarding The Gate") et d’autres où Furis Ignis va changer de registre, parfois de manière relativement surprenante, sans pour autant perdre en cohérence ("Zinnen Von Eis" et "CBMG3"). Bref, derrière une certaine rigueur suggérée par ces influences et cet artwork sans équivoque s’esquisse assez rapidement un album plus varié et intéressant qu’il n’y parait de prime abord.
C’est sans attendre que Tyrst va ici rentrer dans le vif du sujet, attaquant fort sur les premiers instants de "Witness The Nightsky Palpitating To The Beat Of Premonition" avant d’entamer une séquence moins soutenue qui par la répétition de certains patterns et à l’aide de ces claviers aux notes bullesques va rappeler le Burzum de Filosofem avant de conclure finalement par une troisième partie de nouveau beaucoup plus intense et dynamique. "Hostis Mundi" qui prend la suite va jouer la carte du titre mid-tempo dans une certaine tradition teutonique rappelant (en tout chez moi) leur compatriote de Mavorim. En plus de chouettes mélodies dispensées ici et là, il se dégage également de ce morceau un côté guerrier et épique entretenu par ce rythme lancinant mais néanmoins particulièrement entêtant (notamment sur la deuxième partie entamée à 2:30). S’en suit "Guarding The Gate", pièce-maitresse de plus de treize minutes où Tyrst débutant par une première moitié relativement rapide mais surtout très répétitive avant de hausser le ton par le biais d’une courte transition particulièrement furieuse et intense évoquant l’hystérie d’un certain Katharsis. À ce moment aussi court que jouissif va succéder une dernière partie beaucoup plus calme faite de mid-tempo tantôt menaçants, tantôt plus mélodiques, tantôt plus dynamiques mais dans tout les cas judicieusement sublimés par cette basse toute en rondeurs qui n’aurait pas fait tâche sur un album de Death Metal technique. À l’aide de ces claviers surannés, "Zinnen Von Eis" va servir d’interlude instrumental, cultivant habilement ces atmosphères mystérieuses et brumeuses déjà suggérées via l’artwork de ce premier album. Outre un intitulé énigmatique, "CBMG3" va quant à lui prendre l’auditeur à revers en versant dans un Black Metal aux accointances Rock et Heavy Metal évidentes. Une sorte de Celtic Frost en plus musclée qui pour le coup, outre une efficacité des plus directes, apporte également un soupçon de fraîcheur à l’ensemble. Enfin, l’album se conclu par un "Donner In Den Bergen", titre mid-tempo à l’ambiance sinistre qui vient calmer le jeu une dernière fois avant de tirer le rideau sur ces trente-neuf minutes.
D’habitude pas très client de l’exercice du "track by track", c’est finalement la diversité offerte par ce premier album qui m’y a quelque peu contraint, tout cela "à l’insu de mon plein gré" bien évidemment. Alors non, Tyrst ne révolutionnera pas le monde du Black Metal avec ce premier album de Furis Ignis. Néanmoins, s’il y a bien une chose que l’on ne peut pas lui reprocher c’est de correctement faire les choses. Outre des titres en effet très bien composés, l’homme a su apporter grand soin à nombre de petits détails comme la place de cette basse qui de bout en bout régale de ses rondeurs (chose plutôt rare dans le Black Metal), comme également ces nombreuses mélodies dispensées tout au long de l’album et qui permettent de voyager ou bien effectivement comme ces moult changements de rythmes et/ou de tons qui mis bout à bout font de Decapitate The Aging World un premier album particulièrement réussi. Maintenant, on se donne rendez-vous dans quelques jours pour la suite... D’ici là, vous aurez bien le temps de poncer ces six titres forts recommandables.
| AxGxB 22 Juillet 2022 - 1168 lectures |
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