Non content d’avoir déjà sorti cette année un premier album particulièrement sympathique (le très bon
Decapitate The Aging World), Furis Ignis revient en ce deuxième semestre 2022 avec la parution récente (fin juillet) d’un premier EP intitulé
Turm. Évidemment, c’est une fois encore sous les couleurs du label allemand Iron Bonehead Productions que s’est opéré ce retour pour le moins inattendu et surtout particulièrement généreux puisque ces cinq nouvelles compositions s’étalent tout de même sur plus de trente-deux minutes (soit seulement sept de moins que
Decapitate The Aging World).
À l’instar de ce premier album, je ne sais toujours pas qui a réalisé l’artwork de
Turm. Néanmoins, une chose est sûre, on y retrouve et cela dès le premier coup d’oeil les mêmes caractéristiques à commencer par ce côté naïf parfaitement assumé, ce coup de pinceau personnel dont on reconnaît aisément la technique et de manière plus générale ces atmosphères grises, voilées et mystérieuses sur lesquelles reposent à nouveau les compositions d’un Furis Ignis chez qui, vous l’aurez aisément deviné, rien n’à vraiment changé...
En effet, définitivement ancré dans les années 90, Tyrst continue ici de rendre hommage à tous ces groupes majeurs qui d’une manière ou d’une autre ont contribué à l’émergence de cette seconde vague en Europe. Un parti-pris qui sur le papier semble très peu risqué et qui a priori ne réserve évidemment que peu de surprises mais qui ne doit pourtant pas occulter une chose assurément très importante, un certain talent de composition. De manière systématique, l’Allemand évite ainsi l’écueil de la pâle copie sans âme dont on devine chaque plan et chaque séquence avant même leurs interprétations pour finalement délivrer une musique certes inspirée par quelques grands anciens mais néanmoins suffisamment personnelle et intelligente pour espérer convaincre et ainsi ne jamais ennuyer.
Dans le cas de
Turm, on a néanmoins le sentiment que Tyrst à souhaité laisser davantage de place à ses influences allemandes et autrichiennes (Moonblood, Absurd, Abigor...). En effet, si "From Unremembered Dark Pagan Dreams" et "Die Enthauptung Der Alternden Welt" jouent la carte instrumentale chacun à leur façon (le premier dans un registre mid-tempo au son de ces riffs mélancoliques et épiques qui vagabondent, le second dans un style beaucoup plus onirique et synthétique rappelant le caractère mystérieux de Furis Ignis), "Vanguard Of Black Years", "To Trespass The Commandments Of Tangible Being" et "Turm" vont porter quant à elles les traces de cet héritage germanique, notamment à travers ce riffing certes direct mais là encore porté par ces mélodiques tantôt épiques, tantôt mélancoliques dont il se dégage d’ailleurs un sentiment partagé de grandeur mais aussi de nostalgie. D’une manière plus générale, on peut également déceler une certaine ferveur typique de certaines productions allemandes des années 90, que ce soit à travers les atmosphères développées tout au long de ces trente-deux minutes ou bien dans le chant de Tyrst dont la voix menaçante et rugueuse ne laisse planer aucun doute quant à ses intentions malveillantes.
Turm se distingue également de son prédécesseur par une approche finalement moins variée. Certes, Tyrst n’est pas sans y apporter de la nuance grâce à des changements de rythmes bien sentis (notamment quelques séquences mid-tempo qui viennent contraster avec ces passages menés tête dans le guidon et qui pour le coup évoquent plutôt le Darkthrone des deux derniers albums comme sur la dernière partie de "To Trespass The Commandments Of Tangible Being") mais là où
Decapitate The Aging World était capable d’évoquer tour à tour Satyricon, Burzum, Emperor, Katharsis ou Mavorim au milieu de quelques incursions Heavy Metal,
Turm reste fidèle tout au long de ces trente-deux minutes à ses racines allemandes évoquées un petit peu plus haut. Alliée à une production un tantinet plus brute et rachitique,
Turm semble perdre un petit peu de ce qui faisait le charme de son prédécesseur sans pour autant véritablement décevoir. En effet, même si ces quelques titres se montrent moins variés, il n’en reste pas moins que Furis Ignis à du talent à revendre et qu’encore une fois celui-ci s’en sort ici particulièrement bien malgré, on l’a vu, tout un tas de ficelles plus ou moins évidentes.
Sortie surprenante dans la mesure où celle-ci fait suite à un premier album paru moins de sept mois auparavant,
Turm confirme tout le bien que l’on pensait de Furis Ignis. Cependant, malgré des compositions réfléchies et toujours très efficaces, on regrettera tout de même un petit peu la diversité de son prédécesseur qui permettait tout de même au one-man band allemand de se démarquer malgré une approche pour le moins classique et sans surprise. Pour autant, on ne boudera pas notre plaisir ici même si pour la suite, on espère sincèrement que l’Allemand saura concilier son intérêt pour les scènes norvégiennes et allemandes. En attendant, si vous vous savez clients de ce genre de Black Metal respectueux des codes d’une époque aujourd’hui révolue, n’hésitez pas à vous pencher sur le cas de Furis Ignis. Vous ne devriez pas avoir à le regretter.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo