chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Yellow Eyes - Rare Field Ceiling

Chronique

Yellow Eyes Rare Field Ceiling
Le retour des frères Skarstad était attendu au tournant. Il faut dire qu'il y a deux ans, Yellow Eyes nous offrait "Immersion Trench Reverie", un album proprement saisissant, belle pièce de Black Metal en forme de madeleine de Proust, tout dans le feutré, dans la douceur, à écouter en plein hiver, vêtu du pull qui gratte, face à un feu de cheminée. Réconfortant, à contrepied de ce que le genre a l'habitude de nous offrir. Tout aussi surprenante, la sortie, un an plus tôt, du premier manifeste d'Ustalost, projet parallèle de Will, qui avait réussi, tout seul, à hisser "The Spoor of Vipers" au sommet. Tout était réuni pour faire monter la hype : les attentes étaient hautes, "Rare Field Ceiling" réussirait-il à relever le défi ?

Sans grande surprise, la réponse est "oui". Et la formation réussit, encore une fois, à surprendre son monde. Exit la cabane au fond du jardin, "Rare Field Ceiling" se veut glacial. Presque romantique : l'auditeur sera lâché seul au milieu d'un désert de glace. Un poil plus complexe, également, la faute à Mike Rekevics, qui a su muscler son jeu de batterie, apportant nombre de variations, tout en ghost notes et frappes éparses sur les cymbales, solides fondations sur lesquelles reposent les cordes des frères Skarstad, alternant entre dissonances somme toute classiques mais efficaces et riffing d'écorché vif (l'ouverture de "Light Delusion Curtain", notamment), mélodies ardentes complétées par un chant toujours aussi possédé, en retrait, mais non moins poignant. Si les plus taquins d'entre vous décideront de rester bloqués sur le spectre de Krallice, qui, c'est indéniable, plane sur certaines parties de "Rare Field Ceiling" ("Nutrient Painting" et ses arpèges, rythmés par un tom basse judicieusement mis en avant), les autres choisiront d'y voir une influence correctement digérée, peut-être même un hommage, qui ne fait que renforcer l'aura des six titres de l'opus.

Le groupe continue de vous conter l'histoire débutée sur "Immersion Trench Reverie". Les ambiances éthérées, avec notamment les beaux chœurs féminins, vous enveloppent de nouveau comme sur la fin de « Warmth Trance Reversal ». Des passages certes un peu plus effacés et écourtés que sur le précédent long format mais qui n'en perdent pas moins en importance et en impact. Ces petites touches font également écho à l'intriguant « Maritime Flare », sur lequel les musiciens sortent des chemins balisés, vous guidant vers des contrées aussi froides que brumeuses. Les sonorités épurées et ambient instaurent, au fil des minutes, un climat anxiogène à travers les cris déchirants de W. Skarstad ou encore ses notes désarticulées et cafardeuses sorties de nulle part à mi-morceau – qui me renvoient quelque peu à la fin de « Transcendental Requiem of Slaves » de Satyricon. Ce second chapitre, à l'image de Lirazel quittant son pays, délaisse donc une part de féerie au profit d'une réalité froide. Une réalité représentée de façon absconse par Yellow Eyes mais représentée par de grands aplats de noir. Car le ton se durcit nettement ici avec un rythme soutenu mais aussi des atmosphères sombres à souhait (« No Dust » en est un bon exemple). Toutefois la formation le fait avec l'art et la manière, offrant paradoxalement plus de variations. Elle injecte davantage de riffs mélodieux – comme sur « Nutrient Painting » – et parsème les titres de parties low tempos malsaines, gagnant ainsi en accroche. Un nouvel album qui montre une belle évolution, malgré les influences marquées. Il vous touche différemment par son côté plus personnel, plus black.

"Rare Field Ceiling" invite au voyage. Et ce n'est pas que de l'inteprétation. Will Skarstad, avant d'entrer en studio, revenait à peine d'un voyage en Sibérie, duquel il a ramené des fragments sonores, intégrés à l'album. Des lieux inhospitaliers, des mirages sonores, certes, mais pas dénués de beauté. Au contraire ! Et c'est ce ressenti qui accompagnera le curieux tout au long de ces trois-quarts d'heures. Plus que le voyage intérieur dépeint par "Immersion Trench Reverie", cette dernière livraison des américains retranscrit, en véritable journal de bord auditif, le chemin de Stevenson, version polaire, effectué par le bonhomme. "Maritime Flare" est la conclusion logique d'un périple en six stations. L'image est belle, puisque cette "flare", la fusée de détresse utilisée par les navigateurs en difficulté, est à utiliser en dernier recours. Vu la beauté de l'univers dépeint par Yellow Eyes, et malgré son côté inhospitalier, a-t-on vraiment envie que quelqu'un vienne nous chercher ?

C'est aussi ce paradoxe qui fait de "Rare Field Ceiling" un grand disque. Il n'était pas difficile de revenir à "Immersion Trench Reverie" : c'est qu'il était accueillant, le bougre, un vrai petit cocon bien chaud ! Mais cette dernière sortie de Yellow Eyes se fait moins facile d'accès. En explorateurs des temps modernes, c'est le danger qui nous attire, l'inconnu, et qui fait que l'on revient, inlassablement, à l'assaut de ce nouveau continent musical pour en percer les secrets. Un autre grand album, qui complète à merveille la discographie du combo.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Yellow Eyes
Black Metal
2019 - Gilead Media
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (1)  8.5/10
Webzines : (4)  7.97/10

plus d'infos sur
Yellow Eyes
Yellow Eyes
Black Metal - 2010 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Warmth Trance Reversal  (08:06)
02.   No Dust  (07:48)
03.   Light Delusion Curtain  (07:10)
04.   Nutrient Painting  (08:27)
05.   Rare Field Ceiling  (07:48)
06.   Maritime Flare  (06:31)

Durée : 45:50

parution
1 Juillet 2019

voir aussi
Yellow Eyes
Yellow Eyes
Sick With Bloom

2015 - Gilead Media
  
Yellow Eyes
Yellow Eyes
Silence Threads the Evening’s Cloth

2012 - Sol y Nieve
  
Yellow Eyes
Yellow Eyes
Immersion Trench Reverie

2017 - Gilead Media
  

Essayez aussi
Aara
Aara
Triade III: Nyx

2023 - Debemur Morti Productions
  
Darvaza
Darvaza
The Silver Chalice (EP)

2016 - Terratur Possessions
  
Chaos Invocation
Chaos Invocation
Black Mirror Hours

2013 - World Terror Committee Records
  
Prieuré
Prieuré
Magie, ténèbres, amertumes (EP)

2023 - Indépendant
  
Barathrum
Barathrum
Anno Aspera
(2003 Years After Bastard's Rebirth)

2005 - Spinefarm Records
  

Arise
The Beautiful New World
Lire la chronique
Terminal Violence
Moshocalypse
Lire la chronique
Mass Disorder
Hupokrisis (EP)
Lire la chronique
Oozing Wound
We Cater To Cowards
Lire la chronique
Lifeless Dark
Forces Of Nature's Transfor...
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Refore
Illusion of Existence
Lire la chronique
Dunkell Reiter
Thrash Never Dies
Lire la chronique
Agressor
Towards Beyond
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
The Black Dahlia Murder
Servitude
Lire la chronique
Prestige
Reveal the Ravage
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique