Autolysis - Inevitable Infection
Chronique
Autolysis Inevitable Infection (EP)
Notre petite douceur du jour nous arrive tout droit d’Edmonton, Canada. Actif depuis peu, Autolysis entame sa carrière avec la sortie en novembre 2022 d’une première démo intitulée Excruciating Rot. Opérant alors sous la forme d’un trio, le groupe a depuis conservé cette configuration bien qu’entre temps un changement de bassiste soit à signaler. Il lui aura fallu un petit peu moins de deux ans pour signer son retour avec la sortie début août de ce premier EP. Un disque intitulé Inevitable Infection qui devrait normalement permettre à Autolysis de toucher un public un petit peu plus large grâce à une collaboration avec le fameux label de Dylan Laviolette (Cemetery Lust, Hacksaw, Hemorrhoid, Nekro Drunkz...).
Au-delà de cette signature sur Headsplit Records qui naturellement m’a mis sur chemin de ces jeunes Canadiens, je ne peux nier que ce collage toujours aussi dégueulasse d’Adam Medford (Cadaver, Fluids, Lymphatic Phlegm, Miasmic Ooze, Pharmacist...) est lui aussi en partie responsable de mon intérêt pour Autolysis. Il faut dire que tous les deux, qui plus est associés l’un l’autre, sont en règle générale la promesse d’albums pour le moins rances et dégoulinants dont je ne suis pas le seul à me délecter avec grand plaisir. Sans trop de surprise, Inevitable Infection ne faillit pas à cette réputation.
Composé de quatre titres parmi lesquels une reprise du groupe Gore Beyond Necropsy offerte en guise de conclusion (« Grotesque Appetie »), ce premier EP joue la carte d’un Goregrind un poil plus fin qu’il n’y paraît de prime abord. En effet, avec des morceaux dont la durée est comprise entre deux et quatre minutes, il est clair qu’Autolysis à plus d’une corde à son arc et entend bien les employer à bon escient tout au long de ce petit quart d’heure. Pour autant, les Canadiens n’ont aucunement à cœur de bousculer l’ordre des choses c’est pourquoi on va retrouver sur Inevitable Infection tout ce qui fait le charme de ces productions Goregrind dignes d’intérêt (car croyez-moi, elles ne le sont pas toutes, loin de là). Cela commence par une production particulièrement abrasive avec des guitares extrêmement rugueuses, une basse saturée mais aux rondeurs perceptibles et une batterie naturelle dont la caisse-claire résonne avec un certain panache. Viennent ensuite ces incontournables du genre à commencer par ce growl de fond de cuvette qui s’apparente davantage à des onomatopées (des paroles sont-elles véritablement entonnées ? Je ne saurais même pas vous le confirmer...), ces blasts à la mitraille aussi réjouissants qu’abrutissants et bien entendu ces riffs à trois notes exécutés eux aussi à toute berzingue... Une recette tout ce qu’il y a de plus classique mais qui a le mérite d’être particulièrement efficace, en grande partie parce que les riffs, même s’ils ne sont pas bien compliqués, font très bien leur boulot mais aussi parce que les trois garçons derrière ce projet connaissent a priori très bien leur sujet et que le tout est suffisamment bien équilibré pour ne pas sombrer dans la supercherie.
Alors c’est vrai, Autolysis aurait très bien pu se contenter des éléments décrits plus haut mais le trio a tout de même souhaité étoffer son propos à l’aide de séquences beaucoup moins frontales et directes. Une lourdeur, une épaisseur mais aussi un sens du groove putride qui, bien loin de desservir le propos des Canadiens, offrent à la musique d’Autolysis un relief salutaire. De "Contaminated Injection" aux premières secondes plus sournoises d’"Incessant Bile Regurgitation" et "Septic Esophageal Sores" sans oublier ces quelques séquences effectivement plus chaloupées ("Contaminated Injection" à 2:06, "Incessant Bile Regurgitation" à 1:04, "Septic Esophageal Sores" à 2:08), on trouve sur Inevitable Infection de quoi varier les plaisirs entre toutes ces salves de blasts bien raides et ces gerboulades vocales du meilleur effet.
Reste cette reprise des Japonais de Gore Beyond Necropsy qui, même si je ne connais pas la version originale, ne doit pas être trop éloignée de celle des Nippons puisque les deux groupes boxent en effet dans la même catégorie... Quoi qu’il en soit, celle-ci s’accord à merveille avec les trois premiers titres de ce EP en avançant peu ou prou les mêmes arguments.
Du haut de ses quinze minutes, Inevitable Infection manque encore peut-être un petit peu de matière pour espérer susciter véritablement l’intérêt de la plèbe (en effet, nombreux sont ceux à dédaigner à tord ce genre de format court qui pourtant recèle bien souvent quantité de compositions toutes plus impeccables les unes que les autres) mais le fait est que ces quelques titres, aussi courts et convenus soient-ils, n’ont aucun mal à convaincre grâce à une efficacité de tous les instants et une approche finalement assez variée qui lui permet d’offrir du relief sans pour autant manquer d’impact. Bref, si le Goregrind est votre came, jeter une oreille sur les Canadiens d’Autolysis ne serait pas une mauvaise idée.
| AxGxB 18 Septembre 2024 - 324 lectures |
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