"Fuck safe Grindcore. This is hyperblasting Goregrind."
C'est un disque que j'attendais au tournant - et le mot est faible. Depuis la sortie de
"Chainsaws Clogged With The Underdeveloped Brain Matter Of Xenophobes" en 2019,
Sulfuric Cautery s'est imposé à moi comme une vraie révélation. J'y ai retrouvé le même frisson que celui m'ayant parcouru l'échine lors de la découverte de
Last Days of Humanity par le prisme de
"Putrefaction in Progress", glaviot purulent craché à la face du monde il y a maintenant 17 ans - putain, ça ne nous rajeunit pas... Disque fondateur, qu'on le veuille ou non. Pour beaucoup d'entre nous, une sortie sans aucun intérêt, pire, insupportable - Mais pour d'autres, un monument du genre, poussant la musique extrême dans ses derniers retranchements. Beaucoup s'en sont inspiré, l'ont décalqué, et continuent encore de le regarder avec admiration (il suffit d'écouter la dernière sortie de
Cystgurgle pour s'en rendre compte). Pour autant, bien peu de projets ont su s'approprier l'héritage des bouchers bataves, et une pincée seulement aura réussi la prouesse de le transcender. La tête de poule ?
Sulfuric Cautery, évidemment.
"Transcender",
"monument"... De biens grands mots pour un disque de Goregrind inaudible pour le commun des mortels ? Je te l'accorde. Ce
"Suffocating Feats of Dehumanization" ne risque pas de réconcilier les timorés avec le style. Néanmoins, les amateurs sauront reconnaître la marque des grands, des mains qui ont pétri ces 20 titres, superbes d’extrémisme et d'urgence. Comme le disait mon collègue Dantefever :
"C'est presque beau de réussir à faire un truc aussi affreux". Bah voilà, fin de chronique, non ?
Blague à part, on aurait pu craindre que l'hyperactif Isaac Horne s'éparpille un peu parmi ses multiples projets, d'autant que tous ne sont pas valables :
Dude Love, Malignant Hyperthermia, Retching Purulence, Mean Spirited, Desairologie, Hyperemesis... Pour n'en citer que quelques uns. J'étais en tout cas très impatient de reprendre une belle torgnole de Goregrind supersonique, même si j'appréhendais un peu. Ne serait-ce qu'égaler leur précédent long-format me paraissait une gageure insurmontable, tant il est bien foutu, taillé sur-mesure pour me plaire. Et pourtant, la note de ce second long-jeu parle pour lui, identique à son grand frère.
"Suffocating Feats of Dehumanization" est torrentiel. Du nectar pour les amateurs de caisse claire qui
ping et de riffs en forme de coulées de boue.
Produit par les efforts conjoints de Blast Addict, 625 Thrash et Malokul pour la version LP, et bientôt disponible au format CD chez Haunted Hotel Records,
"Suffocating Feats of Dehumanization" n'a pas fait varier sa recette d'un iota. Orné d'une superbe pochette aux teintes bleutées surprenantes, œuvre de l'artiste Liddo Animal
*, le disque se revendique très méchant (le
"Fuck you, Music" d'Isaac, annonçant sa sortie sur les plateformes de streaming), mais se révèle particulièrement audible pour le genre dans lequel il officie. Alors non, qu'on s'entende bien, ce n'est pas vraiment le genre de galette que l'on passera au café clôturant le déjeuner dominical chez mémé - à part pour l'écourter, ce qui peut s'avérer utile pour certaines familles dysfonctionnelles. Mais même un amateur de Grindcore prudent pour se surprendre à apprécier. Déjà parce qu'on entend les riffs - en tendant l'oreille. Certains sont d'ailleurs absolument mortels, finis à l'acide ("Torrential Regurgitation", "Compulsive Retaliation", "Unequivocally Humorless"), accompagnant à merveille le jeu de batterie phénoménal d'Isaac. Et même si ce dernier donne la plupart du temps dans le tapissage chirurgical (ce que son contrat de travail stipule, d'ailleurs), on ne pourra qu'apprécier, entre deux pilonnages en règle, les multiples et petites cassures de rythme ("Atrophy", les roulements de "Failed Pneuma"), les tapis graisseux à la double ("Gasolin Sewers") , les blast-beats qui sembleraient presque traîner la patte ("Prying Out Teeth for Information"), le matraquage du dôme de la cymbale ride ("Rat Castration", "Informant Disembowlment"), et autres
gravity blasts à en filer le tournis ("Neurosarcocleisis")... On ne sait plus où on habite.
"Suffocating Feats of Dehumanization" dégueule dans tous les sens, épluche, éviscère, détruit, charcute, et l'amateur turgescente, en redemande, lascif, en sueur, tout tâché qu'il est de sang à moitié coagulé et d'adipocire.
Je ne vois même pas pourquoi je me force à donner dans le mélioratif à outrance, pour un disque dont la tracklist comporte des "Mouth and Lungs Stuffed with Fiberglass", "Rat Castration" et autres "Euphoric Atrocities".
Sulfuric Cautery ne te veut pas du bien, pas plus qu'à la musique.
"Suffocating Feats of Dehumanization" est parfaitement gratuit, superbe dans le glauque et dans les images horribles qu'il évoque. Alors, est-ce le masochisme ou bien la curiosité morbide qui me force à y revenir sans cesse ? Peut-être un peu des deux.. Mais surtout l'envie de figer, pendant seize minutes, ce sourire narquois, cette narine qui se retrousse, ces sourcils qui se froncent de la première à la dernière seconde de l'album.
"Nasty", comme ils disent à Albion. Si tu préparais un disque de Goregrind avec tes copains, tu peux attendre dix ou quinze ans avant de chercher à le sortir.
Sulfuric Cautery, une fois de plus, plie le jeu en long, en large et en travers, atomise toute concurrence à la fois en matière de tabassage et d'atmosphère. Chapeau, les gars.
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