Septage - Septic Decandence
Chronique
Septage Septic Decandence (Démo)
En tant que grand amateur de Carcass, difficile de ne pas avoir une pensée émue pour Reek Of Putrefaction et Symphonies Of Sickness à la vue de ce collage particulièrement chatoyant servi ici par Septage. Certains continueront probablement de trouver dégueulasse ce genre d’illustrations qui en plus de finesse manquent évidemment aujourd’hui d’originalité mais c’est loin d’être mon cas. Au contraire, j’ai toujours eu un faible pour ces superpositions de photographies des plus explicites qui ont au moins pour elles le mérite d’être claires sur ce qui attend l’auditeur une fois le disque lancé.
Originaire de Copenhague (cette petite ville autrefois tranquille qui depuis quelques années maintenant voit l’émergence d’une scène extrême particulièrement foisonnante), Septage est un groupe relativement récent (formation en 2020) dans lequel on va retrouver quelques noms bien connus des amateurs de Death Metal. Formé sur la base d’un trio, le groupe est ainsi constitué de Malik Çamlıca (Decaying Purity, Hyperdontia, Diabolizer...) et Ugur Yildirim (Ascendency, Taphos) rejoints pour l’occasion par un certain Tobias Bendixen qui officiait jusque-là dans des groupes plutôt portés sur le Punk Rock et ses dérivés (Big Mess, Even Dwarf, ex-Motorsav...). Ensemble, ces trois garçons s’apprêtent à sortir via Me Saco Un Ojo (vinyle), My Dark Desires Productions (CD) ainsi que Steel & Bone Productions et Extremely Rotten Productions (cassette) une première démo intitulée Septic Decadence. Un disque exécuté en moins de treize minutes et placé sous le signe d’un Goregrind (et ouais Sherlock !) tout ce qu’il y a de plus cradingue et dégoulinant. Bleuaaaaargh !
Ce n’est donc certainement pas une surprise si je vous dis que les compositions de Septage s’inscrivent dans la droite lignée de ce qui fût proposé par des groupes comme Carcass à la fin des années 80 ou bien encore Exhumed et Dead Infection au début des années 90. Un mélange de Grindcore (cette cadence qui frise l’hystérie, que ce soit à base de blasts distribués en continue ou de tchouka-tchouka de Punk à chien, cette voix Canard WC mal-embouchée, ces riffs à trois notes exécutés à la vitesse de l’éclair...) aux léger relents de Death Metal (ce growl profond mais nettement moins abusé que cette première voix de chiotte (et je dis ça sans une once de critique), certains ralentissements salvateurs taillés pour briser des nuques et apporter au passage un semblant de groove ou encore ces quelques riffs nettement plus lourds et vicieux qui viennent nous écraser la carafe de temps à autre), le tout servi dans une soupe d’organes putréfiés et de matières organiques en décomposition au fumet étrangement alléchant. Alors naturellement, on repassera pour ce qui est de l’originalité mais pour le reste, Septage fait ici de l’excellent boulot, allant même jusqu’à réhabiliter un titre des Turcs de Death Room ("Jeffrey Dahmer"), obscure groupe de Death/Grind ayant officié entre 1989 et 1994 et qu’a priori peu de monde connait...
Pour réussir à mettre tout le monde d’accord ou à défaut nous souffler dans les bronches comme il se doit pendant ce tout petit quart-d’heure il faut également, en plus d’une formule bien rodée ayant déjà largement fait ses preuves par le passé, des musiciens dotés d’un soupçon d’inspiration et d’un minimum de talent. Pour le coup, le trio ne manque ni de l’un ni de l’autre puisque derrière chaque instrument, Malik, Ugur et Tobias sont loin de faire de la figuration. En effet, si derrière les fûts, Ugur Yildirim n’y va donc pas avec le dos de la cuillère, on appréciera sa capacité à calmer le jeu et nuancer son propos le temps de séquences en apparence moins punitives mais qui possèdent tout de même cette faculté de briser des nuques. De plus, Ugur fait partie de la catégorie rare des batteurs/chanteurs. Une particularité qui mérite d’être évoquée même si on ne s’attardera pas sur la "qualité" de son chant mais plutôt sur son aptitude à couler des bronzes par la bouche tout en battant la mesure avec force et conviction. Ses deux collègues ne sont bien évidemment pas en reste, d’un côté Malik avec sa basse aux rondeurs délicieusement explicites, de l’autre Tobias dont le riffing qui a su conserver l’intensité et la simplicité du Punk Rock, distille pourtant quelque chose de sombre et sinistre lors de séquences qui n’auraient certainement pas fait tâche sur Come Ethereal Somberness ou Nexus Of Teeth ("Mouthful Of Untreated Sewage" à 1:31, les premières et dernières secondes de "Corrupted And Putrid" ou "Septicious Septic" à 0:28).
Conclure cette chronique en affirmant que Septage a réussi à nous mettre ici en appétit serait quelque peu malvenu vu la gueule de l’artwork et le style pratiqué, pourtant c’est bel et bien l’idée qui s’en dégage après toutes ces écoutes. Sans prendre de risque particulier, marchant ouvertement dans les pas de formations ayant ouvert la voie il y a déjà bien des années, Septage réussi effectivement à nous mettre l’eau à la bouche avec cette première démo de Goregrind tout ce qu’il y a de plus classique et en même temps marqué par le pédigrée de chacun de ses membres. Encore une fois, Copenhague nous régale. Il n’y a plus qu’à se montrer patient pour espérer avoir du rab...
| AxGxB 29 Septembre 2020 - 790 lectures |
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