Septage - Septisk Eradikasyon
Chronique
Septage Septisk Eradikasyon (EP)
Après les derniers albums de Sulphurous et Hyperdontia, restons si vous le voulez bien au Danemark pour aborder cette fois-ci le cas de Septage qui a sorti en août dernier son tout premier EP sur les labels Dark Descent Records (CD), Me Saco Un Ojo (vinyle) et Desiccated Productions (cassette). Intitulé Septisk Eradikasyon, celui qui fait suite à une excellente première démo Septic Decadence parue il y a maintenant un petit peu plus d’un an renoue ici avec ces collages bien cradingues signés une fois de plus par le Suédois Staffan Chaffey. Une oeuvre toujours aussi explicite et dérangeante qui laisse effectivement peu de doute quant à son contenu et à ce que l’on va y trouver.
Alors s’il s’agit bien d’un EP (c’est en tout cas sous cette appellation que celui-ci nous est proposé), sachez tout de même que Septisk Eradikasyon possède peu ou prou les mêmes caractéristiques que celles de Septic Decadence. Enregistrés pour la deuxième fois consécutive par Marcus Ferreira au No Master’s Voice Studio, ces quatre nouveaux morceaux s’affichent une fois de plus sous la barre des douze minutes. Finalement, la seule différence que l’on va donc pouvoir constater ici est l’absence d’une quelconque reprise à figurer au tracklisting. En effet, après cet exercice de style opéré avec brio sur Septic Decadence le temps d’une relecture d’un morceau de Death Room ("Jeffrey Dahmer"), Septage revient aux affaires avec sous le coude quatre morceaux qui lui appartiennent.
Ainsi, puisque l’on ne change pas une équipe qui gagne, on ne change pas non plus une formule ayant jusqu’ici largement fait ses preuves. Encore moins lorsque la dite formule emprunte directement à celle concoctée il y a maintenant plus de trente ans par les grands patrons du genre (oui, je veux bien évidemment parler de Carcass pour tous ceux qui auraient un peu de mal à percuter). C’est ainsi sans surprise aucune que l’on va retrouver pendant près de douze minutes cette délicieuse déferlante Goregrind aussi peu subtile qu’efficace. Une relecture assénée sans grande originalité mais avec un panache et une conviction tels que ce genre de léger petit détail est finalement bien vite oublié...
Toujours aussi peu manchots derrière leurs instruments respectifs, Tobias Bendixen (guitare, chant), Malik Çamlıca (basse, chant) et Ugur Yildirim (batterie, chant) vont s’empresser une fois encore de délivrer la bonne parole à coups de brulots Goregrind tous plus juteux et dégoulinants les uns que les autres. Servi ainsi par une production abrasive et cradingue parfaitement dosée (c’est à dire en restant suffisamment lisible pour n’accentuer que le caractère impitoyable de chaque titre), Septisk Eradikasyon se caractérise comme on pouvait s’y attendre par les mêmes qualités que celles exposées lors de ma chronique de l’excellente démo qu’est Septic Decadence. On va ainsi retrouver ces mêmes riffs Death / Grind toujours aussi sauvages et particulièrement redoutables (d’ailleurs pas de temps à perdre puisque c’est en fanfare que le trio entame ici les hostilités), ces voix absolument dégueulasses et incompréhensibles (à l’exception de quelques passages plus intelligibles comme celui sur "Simmered In Mephitis" à 2:10) partagées comme on l’a vu entre chacun des trois musiciens et bien entendu ces accélérations absolument jouissives (pour blaster, ça blast comme il faut) qui, en plus de ces riffs épileptiques dispensés eux aussi à des vitesses qui frisent l’indécence, vont insuffler au Goregrind des Danois une intensité et férocité pour le moins décapante.
Bien entendu, au-delà de ces quelques éléments évidents qui constituent l’essentiel de cette recette déroulée avec un certain brio par Septage, on note également quelques petites subtilités évidemment bienvenues comme par exemple cette basse toujours aussi bien mise en avant et dont on va retrouver avec envie et satisfaction les même rondeurs toujours aussi délicieuses. Car ce n’est pas souvent que l’on peut se délecter de cet instrument dans un genre comme le Goregrind aussi serait-il malvenu de s’en plaindre ou pire de l’ignorer. Ainsi quel véritable régal que ces quelques passages aux couleurs parfois Tech Death ("Sick Possessions" à partir de 0:56 et "Simmered In Mephitis" à partir de 1:32) !
Comme à l’évidence les trois larrons de Septage ne sont pas que de sombres dégénérés shootés aux blasts et aux riffs tricotés dans tous les sens à des vitesses que beaucoup jugeraient excessives, on va également retrouver quelques transitions particulièrement bien senties qui au-delà de quelques mouvements de tête inévitables, vont surtout amener de courtes mais néanmoins vitales petites bouffées d’air frais au sein de déflagrations auditives menées pour l’essentiel le couteau entre les dents avec la furieuse envie d’en découdre ("Of Gangrene Limbs" à 1:51, "Perpetual Fetid Odor" à 0:17, "Sick Possessions" à 0:38 et 0:56, "Simmered In Mephitis" à 2:05)...
Aussi ce premier EP constitue un véritable retour en force pour le trio danois qui frustre autant qu’il régale. Certes, Septage ne s’est pas vraiment fait attendre en signant un retour pour le moins inattendu moins d’un an après sa première punition mais quatre titre pour moins de douze minutes c’est quoi qu’il arrive toujours trop peu. Ne reste plus qu’à espérer que le groupe planche désormais sur un album ou en tout cas une sortie un petit peu plus conséquente pour laisser enfin filer ce sentiment de frustration même si en l’état il n’y à ici matière qu’à se réjouir. Bref, amateurs de Goregrind furibard et efficace, vous voilà à nouveau servi !
| AxGxB 12 Novembre 2021 - 800 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène