Je vous préviens, on ne va pas tergiverser pendant des plombes. Pas besoin :
"Killing Spree" a tenu toutes ses promesses.
Pouvait-il en être autrement, pour un album qui s'ouvre sur
"Éviscérés avec de la merde coincée dans leurs bouches" et se termine par
"Des millions de rats baveux dévorant leurs cerveaux explosés" ? Sans parler de cette pochette, figurant vraisemblablement l'auditeur non averti qui aura pris ce troisième "long"-jeu pleine poire. Convoquant plus que jamais
Last Days of Humanity (et
Foetopsy, dans une moindre mesure), Isaac Horne conforte un peu plus son assise sur le trône du Goregrind, suffixe
Hyper en guise de titre de noblesse.
Le
lore du projet Gore le plus excitant de ces dernières années s'épaissit encore un peu plus, avec un
n-ième changement de line-up :
exit l'énigmatique V, responsable des cordes et du chant sur l'excellent
"Suffocating Feats of Dehumanization", saluons l'arrivée du sieur Derek Martinez (jouant aussi dans
Casket Mush et
Barbaric Inhumanity, prétendant au titre de nom de groupe le plus con de la décennie) qui prend la relève. Les quelques vidéos
live, glanées ici ou là sur les réseaux sociaux, rassureront les s(c)eptiques quant à sa capacité à jongler entre deux micros... Et à faire chauffer son manche.
Oui, sur
"Killing Spree",
Sulfuric Cautery se fait plus technique et inaudible que jamais, poussant chaque potard au maximum. Certains passages en deviennent complètement absurdes, provoquant immanquablement le rire le plus gras possible : tantôt un blast ridicule de vitesse sur deux zones de caisse claire différentes (si si, tendez l'oreille) à 0:10 sur "Rancid Arteries", suivi par un gravity blast tout aussi stupide; tantôt un interminable roulement de
snare surmixé à 0:04 sur "Toe Tag"; et ça, sans évoquer le dernier titre, mastodonte de plus de huit (!!) minutes qui n'est, sur la fin, qu'un copier/coller grossier de passages de l'album (donc très limité en terme d'intérêt)... Trois exemples parmi tant d'autres, et un seul adjectif qui revient, sans cesse, au cours de ces vingt-deux minutes : excessif.
Dans quelle mesure ces compositions sont-elles de "vraies" compositions, et pas de l'improvisation ? S'il est difficile de comprendre ce qui nous arrive lors des parties les plus véloces, tant à cause des tapis de
snare d'Isaac, plus en forme que jamais, que de la production volontairement dégueulasse, certains titres sont redoutables dans leur construction, ne se contentant pas de blaster tête dans le guidon : le final de "Uncontrollable Bleeding", le stop'n'go mal dégrossi de "Sparagmos Rites", "Killing Spree", morceau titre, qui alterne D-Beat à la truelle de chantier et
tupa-tupa dopé.. Autant de "respirations" bienvenues qui me font me dire que les deux bougres se sont bel et bien réunis dans leur local de répétition pour se dire qu'ils allaient passer des mois à travailler d'arrache-pied, rivaliser de technique pour mettre en boîte le truc le plus inaudible possible. Brouiller encore un peu plus la limite entre
"musique extrême" et
"bruit pur et simple".
D'ailleurs, est-ce que Derek joue vraiment, ou est-ce qu'il se contente de faire n'importe quoi (coucou,
Sissy Spacek, promis, votre heure viendra sur Thrashocore) pour meubler, faire un écrin dégoûtant à l'hallucinant jeu de batterie d'Isaac ? Probablement un peu des deux. Si la plupart du temps, la guitare est absolument inaudible, vrombissement sourd relégué en arrière-plan, les parties plus calmes (entendez
"dont le bpm n'est pas à trois chiffres") font surnager des parties assez ultimes, putrides à souhait, collant (au propre comme au figuré) merveilleusement au propos.
Sulfuric Cautery fait ce qu'il sait faire de mieux... Ou presque.
"Killing Spree" n'atteint jamais la superbe de
"Chainsaws Clogged...", véritable sommet qui marie à la perfection la fosse commune et la violence gratuite. Ce troisième opus, sans pour autant abandonner les ambiances putrides, préfère se concentrer sur la puissance de feu pure et dure, la vitesse. D'aucuns trouveront l'ensemble très vain, voire putassier - et je ne pourrais décemment pas leur en vouloir. A ceux-là même qui diront
"C'est vraiment du bruit.", l'on ne pourra répondre qu'un
"Oui." de Seigneur, net, tranché. En arborant le même sourire que
Sulfuric Cautery, qui, avec
"Killing Spree", étale plus que jamais sa chiasse sur les murs. Indispensable ? Pas loin.
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