Sulfuric Cautery - Chainsaws Clogged With The Underdeveloped Brain Matter Of Xenophobes
Chronique
Sulfuric Cautery Chainsaws Clogged With The Underdeveloped Brain Matter Of Xenophobes
D'avance, avant même d'entamer le brouillon de cette chronique, je sais qu'elle ne fera pas consensus, dans son contenu comme dans la note - du moins, pour ceux qui en auront quelque chose à faire. Je ne peux pas blâmer les autres, qui passeront leur chemin : j'ai été le premier à rester circonspect face à ce nom d'album de trois kilomètres de long (bien que le message soit aussi puéril que louable) et cette pochette franchement moche. Le Goregrind nous ayant habitué à des disques pour la plupart médiocres, il est devenu, malgré lui, une sorte de running-gag. Rares sont les groupes se revendiquant du genre et parvenant à proposer, encore aujourd'hui, des disques de qualité.
Ouais, depuis la naissance du style avec Carcass, passant par le premier full-length de Sublime Cadaveric Decomposition, les sorties de Gored, Jig-Ai, Dead Infection et Lymphatic Phlegm, et, bien entendu, le sommet du genre avec "Putrefaction in Progress", j'ai peine à trouver des artistes qui font rimer "Goregrind" avec qualité. Mais ça, c'était avant de tomber sur ce long-format de Sulfuric Cautery, qui reprend les choses là où les bataves de Last Days of Humanity les avaient laissées, avec leur album-épitaphe. Je prédis d'ailleurs à ce "Chainsaws Clogged With The Underdeveloped Brain Matter Of Xenophobes" le même destin : celui d'être aussi bien méprisé qu'adulé - et qui aura l'immense mérite de ne laisser personne indifférent.
19 titres, 18 minutes, une caisse claire au ping reconnaissable entre mille autres, des titres jonglant entre les pathologies exotiques et le message politique, le décor est planté. Au-delà de la violence ahurissante que déploie Sulfuric Cautery, servi par un trio de voix tantôt hystériques, tantôt pitchées, et surtout ce batteur, monstre d'endurance et de rapidité (Isaac Horne, connu pour ses méfaits chez Lurid Panacea), reprenant sans difficulté le flambeau du supersonique Marc Palmen; C'est avant tout l'atmosphère de cet album qui nous saisit. Sulfuric Cautery s'inscrit comme l'un des (trop) rares héritiers de ce "Goregrind à ambiance" développé par les deux premiers albums de Carcass, la vélocité extrême en plus. Au milieu de cet indécent déluge de blast-beats et de nappes de guitares grasses, accordées dans les baskets et passées dix fois par la moulinette HM-2, on retrouve tout ce qui manque cruellement à la majorité des albums du genre : la saleté, celle qui colle à la peau et aux fringues, nécessitant la douche, la désinfection du matériel et des tympans après chaque écoute. "Chainsaws Clogged With The Underdeveloped Brain Matter Of Xenophobes" est presque sans pitié, moins jusqu'au-boutiste que "Putrefaction in Progress", en témoignent les quelques parties mid-tempo disséminées au sein des titres, aérations bienvenues au milieu du déluge, mais également la production, moins crue, plus accessible aux curieux, ceux qui auraient envie de se faire peur. Le cliché qu'on a tous entendu, le fameux "Ta merde, là, c'est que du bruit !" pris au pied de la lettre en jouant exagérément vite et fort, comme pour faire taire une bonne fois pour toute les mauvaises langues.
Beaucoup considéreront cette sortie comme une galette sans intérêt, guère plus sexy que le bruit d'un marteau-piqueur couplé à une machine à laver en cycle court. Pour moi, c'est un coup de cœur total. Sulfuric Cautery joue le Goregrind comme je l'aime, et comme il aurait toujours dû être joué, à l'ancienne et sous amphét', me rappelant pourquoi j'ai autant d'amour pour le Grindcore et la totalité de ses sous-genres : parce que c'est un style qui ne triche pas. Il est bovin, oui, probablement inaudible pour la majorité du commun des mortels, oui, mais il est sincère. Il cherche juste à repousser, toujours un peu plus loin, les limites de la musique, de ce qui est acceptable ou pas. Un défouloir qui en met partout, sans se soucier des dommages collatéraux. Bref, le genre de sorties que j'attendais sans même oser en rêver, resté inconsolable depuis "Putrefaction in Progress", qui souffle cette année ses treize bougies. Sulfuric Cautery commet un album de haute-volée, voué à rejoindre les grands classiques de l'une des franges les plus intransigeantes de la musique extrême. Quel beau plaisir coupable...
| Sagamore 15 Décembre 2019 - 1084 lectures |
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