Si vous suivez de près la carrière de Pharmacist, vous savez alors que la jeune formation n’est pas du genre à chômer. Je ne sais pas si c’est cette période de confinements répétés qui lui a permis d’être aussi productif, toujours est-il que depuis sa formation en 2020, le groupe japonais enchaîne les sorties à un train d’enfer. Parmi celles que je n’ai pas encore abordé avec vous, on trouve notamment ce split en compagnie de Oozing, one-man band américain formé par Christopher Tapo (Nuclear Artillery, Olfaction...) dont la discographie, outre cette collaboration, se résume à une simple démo Bandcamp parue en septembre 2020.
Tout d’abord, saluons une fois de plus l’excellent travail d’Adam Medford qui pourrait presque donner la gerbe s’il n’était pas aussi absurde. Le genre de collage qui chez moi m’incite toujours autant à me plonger avec envie et sans vraiment réfléchir dans ce que ces groupes peuvent avoir à nous proposer. Sorti en CD chez Bizarre Leprous Production mais également en cassette via Grindfather Productions et Acid Redux Productions,
Forbidden Exhumation / Thanatological Reflections On Necroticism propose pas moins de dix nouveaux morceaux à se caler sous la dent, cinq pour chaque groupe. Un programme plutôt chargé mais surtout toujours aussi qualitatif pour quiconque goûte à ce genre de délices purulents.
C’est Oozing qui ouvre le bal avec son Death/Grind épais et produit dans les chaussettes. Un parti-pris qui en laissera probablement quelques-uns sur le carreau mais qui colle pourtant très bien avec ce genre de mixture aussi peu subtile. Qui plus est, en sacrifiant sensiblement à la lisibilité et à la dynamique, ce genre de production va également permettre de masquer les stigmates les plus visibles de ce qui est très probablement une boîte à rythme. Certes, l’évidence persiste mais soyons honnête, celle-ci est suffisamment bien programmée pour ne pas être un frein à l’appréciation de ce Death/Grind bovin aussi simple qu’efficace. Flirtant systématiquement avec les trois minutes, les cinq compositions offertes par Oozing ne s’embarrassent d’aucune fioriture. Christopher Tapo rentre ainsi sans attendre dans le vif du sujet, y allant gaiement de ces riffs grassouillets servi à grand renfort de saturation et de grésillements, de ces blasts synthétiques dispensés avec juste ce qu’il faut de parcimonie pour ne pas paraître (trop) suspects, de ces ralentissements bien sentis dont le groove pour le moins efficace en fera sûrement dodeliner plus d’un, de ces solos chaotiques apportant un peu de peps supplémentaire à des morceaux qui pourtant ne manque pas d’efficacité et pour finir de ce râle baveux qui semble ne s’accompagner d’aucune véritable parole. Bref, rien de neuf mais le tout est suffisamment efficace et bien ficelé pour que l’on passe là un agréable moment.
Côté Pharmacist, le vrai/faux duo japonais (je reste convaincu que derrière le pseudonyme de Therapeutist se cache là aussi une boîte à rythme), continue son petit bonhomme de chemin sans rien changer à sa formule. Marchant toujours aussi généreusement dans les pas du Carcass pre-
Heartwork (flagrant dès le riff d’ouverture de l’excellent "Necrologic Jurisdiction Suite" avec sa mélodie qui reste bien en tête), Kyrylo Stefanskyi montre que malgré un rythme de parution pour le moins élevé il réussi à rester pertinent. Certes, il n’y à encore une fois rien de très original dans la recette employée par Pharmacist dont la production calquée sur les précédentes va conserver ce qui pour pas mal d’auditeurs pourrait être considéré comme un sérieux "défaut" (une particularité que j’ai déjà abordé précédemment, cf. ma chronique de
Medical Renditions Of Grinding Decomposition et qui concerne ce rendu assez étouffé qui manque là aussi pas mal de précision) mais pour autant, je trouve le résultat toujours aussi probant. De ces riffs cliniques à ces mélodies entêtantes en passant par ces accélérations bien senties et ces instants au groove particulièrement marqué, difficile de ne pas succomber aux charmes de l’entité japonaise si on possède un tant soit peu d’atomes crochus avec la bande à Jeff Walker.
Paru en décembre 2020, ce split des plus généreux s’inscrit dans la continuité des précédentes sorties de Pharmacist et permettra certainement au passage (ce fût le cas en ce qui me concerne) de faire connaissance avec Oozing, formation fort sympathique qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit, propose néanmoins un Death/Grind d’assez bonne facture. Destiné à tous les amateurs de ce genre de dégueulasseries,
Forbidden Exhumation / Thanatological Reflections On Necroticism ne fait pas figure d’indispensable mais reste néanmoins suffisamment efficace et convaincant pour que vous y jetiez une oreille attentive avec l’idée de prendre quand même pas mal de plaisir.
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