Non, non, vous ne rêvez pas, il existe bel et bien un groupe dénommé Charcuterie. Et le plus drôle dans cette affaire c’est qu’un végétarien va s’occuper de leur première chronique sur Thrashocore. Un comble pour moi et probablement une hérésie pour ces deux fins gourmets... Formés à Philadelphie en 2019, ces derniers sont impliqués notamment (oui parce qu’ils comptent déjà à leur actif une discographie longue comme le bras) dans un split en compagnie de mes Japonais du moment, le duo Pharmacist dont j’ai déjà parlé ici plusieurs fois. Intitulé
Forensically Undetectable Waste, cette collaboration éditée au format cassette par le label Acid Redux Productions (Agathocles, Insulto, Rot...) s’est vue offrir également un pressage CD grâce une fois de plus au concours du label tchèque Bizarre Leprous Production. Au menu, tripailles et boyaux pour une durée d’à peine vingt minutes…
C’est Charcuterie qui ouvre les festivités avec six titres d’un Goregrind à ne pas mettre entre toutes les oreilles. En effet, servis par une production particulièrement croustillante qui pue l’amateurisme et le « fais-le-toi-même » à pleines narines, il y a fort à parier que les oreilles les plus délicates auront du mal à s’enthousiasmer pour ces quelques titres et ce genre de formulation particulièrement primitive et limitée autant intellectuellement qu’artistiquement. D’autant qu’on ne va pas se mentir, la musique de Charcuterie n’est d’aucune originalité et fait même preuve d’une simplicité confondante. Bref, un plateau (de Charcuterie) qui ne comblera l’appétit que des fins esthètes qui encore aujourd’hui n’en n’ont jamais assez de ces introductions synthwave sur fond de bruits douloureux à la Fluids ("Cascade Of Neuronal Cell Death"), de ces séquences tirées de documentaires sur des serial killers ("Caressing The Corpse"), d’obscurs films non-identifiés ("Revenge Of The Knuckle-Glazer"), de samples bien cradingues (sur la fin de "A Body So Severely Disfigured, The Emts Won't Be Able To Make Sense Of It") et plus globalement de ce genre de Goregrind extrêmement bas du front mené avec excès (ces accélérations complètement débiles exécutées à coup de caisse claire Téfal, ce growl porcin et tous ces gargouillis putrides et baveux, ces riffs Punk à trois notes bien débiles mais néanmoins assez efficaces sur l’instant, ces passages mid-tempos taillés pour se taper la tête contre les murs ou bien encore cette interprétation intenses et particulièrement condensées...). Bref, la musique de Charcuterie tâche et fait du bruit, reste maintenant à voir si vous y serez sensibles. En ce qui me concerne, on est là dans l’ordre de l’anecdotique sympathique, pas plus.
Plus enthousiasmant, les Japonais de Pharmacist qui, tout en reprenant le chemin d’un Goregrind empruntant très largement à des groupes tels que Carcass, Pathologist ou General Surgery, vont opter ici et contrairement à leurs habitudes pour des formats nettement plus courts. De "Mortification Of Septic Tissue" à "Spasmatic Regurgitation" en passant par "Foaming Organs", "Out Of Phlegma" ou "When Organics Shrink", aucun ne dépasse la barre des trois minutes. Une surprise pour un groupe généralement habitué à évoluer sur des formats plus allongés (entre quatre et six minutes de moyenne). Naturellement il se dégage de l’ensemble une intensité exacerbée et quelque peu nouvelle qui n’est pas sans tracer quelques parallèles avec les premiers albums de Carcass (notamment sur "Mortification Of Septic Tissue" ou "When Organics Shrink") ainsi qu’une évidente simplicité, autant dans la construction des morceaux ici un poil moins tarabiscotés que dans le riffing plus direct et frontal (la deuxième moitié de "Mortification Of Septic Tissue", "Foaming Organs"). Étant donné la productivité dont a toujours fait preuve le projet japonais depuis ses premiers balbutiements, ce parti-pris qui consiste à aborder les choses de manière différente sans pour autant sacrifier à son identité et ce sur quoi on a bâti sa réputation et son nom, est à considérer comme une excellente chose. Un soupçon de fraîcheur et de nouveauté de la part d’un groupe qui évolue pourtant dans un registre où ces deux mots n’ont pas vraiment leur place. Reste une fois de plus cette production qui de nouveau me chagrine un petit peu. Moins dense que sur les premières sorties de la formation (notamment
Medical Renditions Of Grinding Decomposition et
Forensic Pathology Jurisprudence [Extended Jurisdiction]), j’ai tendance à trouver le caractère synthétique de la batterie beaucoup plus prononcée ici… Peut-être est-ce dû à cette dynamique plus marquée qu’à l’accoutumé mais toujours est-il qu’il n’y a pas trop de doutes à avoir quant au PNJ qui se cache derrière le pseudonyme de Therapeutist...
Si la pertinence de ce genre de sortie a toujours été sujet à discussion même parmi les collectionneurs et autres amateurs d’objets en tout genre, ces splits ont pour eux quelques avantages : Mettre en lumière des formations Grind et/ou Goregrind peu connues (Expurgo, Golem Of Gore, Egggore, Charcuterie). Offrir aux amateurs de Pharmacist tout un tas de compositions particulièrement bien ficelées et même légèrement différentes de ce qu’ils peuvent trouver sur album. Ne jamais s’étendre outre-mesure en concentrant chaque attaque sur l’essentiel.
Forensically Undetectable Waste ne fait pas exception et devrait, à défaut de bouleverser quoi que ce soit, trouver une fois de plus écho auprès de tous ceux qui n’ont pas peur de se salir et d’en foutre plein partout. Allez, encore un split et un EP et je serais normalement à jour en ce qui concerne Pharmacist...
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