Je sais que je me répète mais aussi dégueulasses soient-elles, j’ai toujours eu un faible pour ce genre d’illustrations faites de collages improbables dignes des plus grandes heures de www.rotten.com, ce site qui a fait les fins de soirées d’un paquet d’adolescents découvrant les joies d’Internet au début des années 2000. Comme souvent lorsqu’un artwork attire autant mon attention, il ne m’en faut pas davantage pour me lancer à la découverte du groupe qui se cache derrière. Celui qui nous intéresse aujourd’hui se nomme Pharmacist et nous arrive tout droit du Japon.
Formé en 2020 par l’Ukrainien Kyrylo Stefanskyi (expatrié depuis quelques années sur l’ile du soleil levant) et son acolyte anonyme qui évolue ici sous le patronyme de Therapeutist, la formation à probablement profité de la situation sanitaire mondiale pour ne pas rester les deux pieds dans le même sabot... En effet, à l’heure où j’écris ces lignes Pharmacist compte déjà à son actif un EP (
Forensic Pathology Jurisprudence), un album, et deux splits en compagnie de Golem Of Gore (
Ambulatory Sonic Suppuration) et Oozing (
Forbidden Exhumation / Thanatological Reflections On Necroticism). Une discographie des plus généreuses qui en deviendrait presque difficile à suivre...
Aussi, avant de nous attarder sur ces quelques amuses-bouches dispensés par le duo, on va s’intéresser en premier lieu à leur album sorti en août dernier sur le label tchèque Bizarre Leprous Production. Intitulé
Medical Renditions Of Grinding Decomposition, ce disque est à l’image de son artwork signé Adam Medford (Cadaver, Fluids), sale et dérangeant. Un album qui sans surprise s’inscrit dans une tradition Goregrind lancée dès la fin des années 80 par les Anglais de Carcass et perpétuée depuis plus de trois décennies par des groupes comme Pathologist, Exhumed, General Surgery ou Impaled.
Sans originalité aucune (et non, ce n’est pas un souci), les premières écoutes de
Medical Renditions Of Grinding Decomposition ont néanmoins de quoi laisser planer quelques interrogations, notamment à cause de cette production étouffée et de cette batterie qui, désolé si je suis dans l’erreur car c’est probablement la pire insulte que l’on puisse faire à un batteur, sonne tout de même un petit peu comme une boite à rythme. Si cela n’est pas forcément flagrant à bas régime, ça l’est tout de même bien davantage lorsque le compteur s’affole et que les blasts s’enchaînent. Du coup, sans photo ni curriculum vitae pour attester de l’existence de ce fameux Therapeutist, difficile de ne pas croire qu’il s’agit d’une batterie tout ce qu’il y a de plus synthétique.
Pour autant, si l’illusion n’est pas parfaite, celle-ci demeure suffisamment de bonne facture pour ne pas entacher l’appréciation générale de ce premier album. Plus proche du Carcass de
Necroticism - Descanting The Insalubrious que de celui de
Reek Of Putrefaction, Pharmacist s’exprime à travers des compositions qui n’hésitent pas à s’étirer puisque plus de la moitié des titres proposés ici sont affichés à plus de cinq minutes. Si ça bourre généreusement, ça ne bourre donc pas tout le temps et certaines séquences se font effectivement moins soutenues, permettant ainsi à Pharmacist d’apporter comme les Anglais un soupçon de mélodie à son Death Metal à tendance Goregrind. De la même manière, le (vrai/faux) duo va employer à peu près tous les moyens connus pour arriver à ses fins. Entre ce riffing épais et vicieux qui ne manque pas de groove, cette basse Punk ultra saturée, ces quelques accents mélodiques qui permettent d’apporter de petites bouffées d’air frais, ces fulgurances bien juteuses menées tête dans le guidon et poignée dans l’angle ou à l’inverse ces ralentissements grassouillets, ces growls et autres vociférations indéchiffrables qui ont plus à voir avec la plomberie et la faune sauvage (ah, ces fameux cris de hyènes) qu’autre chose, on trouve chez Pharmacist à peu près tous les éléments présentés par Carcass dans son cahier des charges (il n’y a bien que cette guitare qui semble être passé dans un vieux synthétiseur qui dénote quelque peu ("Cadaveric Osseous Stalactite" à 3:18 et 3:43 par exemple) mais pour le reste c’est un sans faute).
Fidèle à ce qu’il laisse entrevoir dès l’artwork de son premier album, Pharmacist vient s’ajouter à la longue liste de groupes rendant hommage de manière plus ou moins habile et déguisée aux Anglais par qui tout cela a commencé. Certes, ces neuf titres manquent cruellement d’originalité mais on ne va pas se mentir, ce n’est pas ce que l’on cherche quand on se lance dans la découverte d’un tel album. Non, ce qui prévaut ici, outre des titres plein de promesses ("Gardening On Human Soils", "Cadaveric Osseous Stalactite" et son hommage évident aux Tchèques de Pathologist, "Corporal Colophony Nectar", "Innards Saponification In Moderate Conditions", "Eulogy Of Pathological Surgery"), c’est bel et bien l’efficacité de ces compositions, ces riffs qui charcutent, cette batterie qui mitraille, cette basse qui racle et ces vocaux servit sous forme de gerboulade fumante et indescriptible ainsi que ces atmosphères cliniques et pourtant dégueulasses qui en découlent. Et pour le coup, Pharmacist, duo ou pas, a su répondre présent à chaque instant.
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