Comme je vous le disais lors de ma chronique de
Feeling Young, split partagé en compagnie de Fluids et paru l’année dernière chez Left Hand Patches, suivre le rythme de sortie des Japonais de Pharmacist relève de la véritable gageure. D’ailleurs, peut-être faudrait-il embaucher un chroniqueur dédié à l’exercice pour espérer couvrir dans les temps tout ce que sort ce duo qui d’ailleurs n’en est probablement pas un. Une idée à creuser... En attendant, me revoilà bon an mal an à tenter de rattraper mon retard à coups de chroniques qui, format oblige, n’intéresseront probablement pas grand monde. Mais bon, trêves de ouin ouin.
Sorti en septembre 2020 sur le label mexicain Rectal Purulence (que de promesses visuelles, olfactives et auditives à l’évocation de ce nom), ce split réuni d’un côté les Japonais de Pharmacist (merci Captain Obvious) et de l’autre une formation du nom de Golem Of Gore. Renseignements pris ailleurs que sur Metal Archives où le groupe n’a vraisemblablement pas le droit de citer, il apparait qu’il s’agit là d’un jeune duo italien en activité depuis au moins 2018 et qu’à l’image de Pharmacist, celui-ci semble extrêmement prolifique, enchaînant lui aussi les sorties à un train d’enfer avec aujourd’hui dans sa besace une tripotée de EPs, de splits et autres parutions en tout genre... Afin d’illustrer au mieux cette « collaboration » (spoiler alert : ce n’en est pas une), les deux groupes ont fait appel aux services d’Adam Medford avec qui Pharmacist avait déjà travaillé par le passé dans le cadre de son premier album (
Medical Renditions Of Grinding Decomposition). Sans surprise étant donné le registre dans lequel opère ces deux formations, l’Américain persiste et signe dans ces collages absurdes et dégueulasses pour nous offrir une oeuvre toujours aussi délicieusement appétissante.
Honneur aux Italiens qui ont la lourde tâche d’ouvrir les hostilités avec leur Goregrind bas du front et tout en excès. Si la jeune formation n’a bien évidemment rien inventé, sa formule chaotique et passablement énervée (oui, c’est ce que l’on appelle dans la langue française un doux euphémisme) ne devrait pas manquer d’interpeller les amateurs de ce genre d’exercice. Cette foire à la saucisse et autres boyaux éviscérés et dégoulinants, Golem Of Gore la mène à coups de samples empruntés aux nanards de l’horreur qu’il va disséminer un peu partout quitte à parfois arriver un petit peu comme un cheveux sur la soupe ("Disgraceful Mycoplasma Genitalium"). Mais c’est surtout à coups de blasts foutraques et de tchouka-tchouka explosifs joués sur la caisse claire de Lars Ulrich, celle ayant bien sur servi lors de l’enregistrement de
St. Anger, de riffs Punk rachitiques passés à la moulinette Goregrind (pas plus de trois accords, le tout servi avec ce qu’il faut de saturation...) et d’éructations et autres gerboulades vocales que le duo va confectionner sa soupe de viscères faisandées... Aussi, et à l’exception d’un "Sadomasochistic Decadence In Gore" affiché à plus de trois minutes et sur lequel Golem Of Gore nous fait la surprise de calmer le jeu en se payant même le luxe de jouer du violon (on aura décidément tout vu), c’est pied au plancher et toujours en moins de deux minutes que les Italiens exécutent leurs méfaits dont l’originalité et la subtilité est proportionnellement inverse au degré d’efficacité déployé ici avec brio. Bref, ça tabasse sec.
Sur la face B, Pharmacist prend le relai le temps de trois nouvelles compositions aux intitulés toujours aussi évocateurs ("Clinical Tremor", "Echoes Of Somatic Symptoms" et "Autoimmune Rheumatic Disease Bouquet"). Pour cette nouvelle offrande toute en générosité (plus de quinze minutes pour trois titres), le groupe japonais va une fois de plus faire étalage de tout son amour pour Carcass à travers un Death Metal clinique aux relents mélodiques toujours aussi sympathiques (que de rimes en "ique"...). Le groupe qui depuis ses débuts se fait passer pour un duo continue ici de brouiller les pistes avec cette batterie au rendu toujours aussi synthétique qui effectivement me fait dire à elle seule que Pharmacist n’est en fait qu’un one-man band mené par l’Ukrainien Kyrylo Stefanskyi (exilé au Japon). Quoi qu’il en soit, le groupe poursuit son petit bout de chemin sans rien véritablement changer à sa formulation avec (en tout cas à l’époque puisqu’on a vu qu’il y avait du mieux depuis) une production toujours un petit peu étouffée (dans la continuité de son premier album auquel ce split succède de seulement quelques semaines) et même un poil déséquilibrée avec cette batterie en avant et ce chant et ces guitares légèrement en retrait. Rien de vraiment rédhibitoire même si cela donne une couleur un petit peu particulière à ce Death Metal teinté de Goregrind. Musicalement, pas de chamboulement là non plus avec cette même alternance de séquences plus ou moins mélodiques (notamment sur le titre "Clinical Tremor"), d’accélérations brèves mais bien senties ("Clinical Tremor" à 0:45, "Echoes Of Somatic Symptoms" à 1:28, "Autoimmune Rheumatic Disease Bouquet" à 1:24 et 2:38), de passages non dénués de groove (les premières secondes de "Echoes Of Somatic Symptoms" et de "Autoimmune Rheumatic Disease Bouquet") et enfin de moments un poil plus tarabiscotés (le riffing sur "Autoimmune Rheumatic Disease Bouquet") avec en sus ce growl épais et incompréhensible pour venir épaissir cette recette déjà bien chargée...
S’il est donc difficile de garder un oeil sur toutes les sorties de Pharmacist, une chose est sure c’est que la qualité se montre (en tout cas pour le moment) toujours au rendez-vous et cela en dépit des formats et des collaborations qui sur le papier pourraient parfois sembler quelque peu hasardeuse (à venir, la chronique du split avec Charcuterie (oui, c’est bien le nom d’un groupe)). Certes, le split n’est pas le format que les gens préfère mais à titre personnel j’y trouve bien souvent mon compte puisque loin des idées reçues, les titres qui y sont proposés sont loin d’avoir à rougir de quoi que ce soit et ne font certainement pas office de vulgaires "face B". Bref, amateurs de tripailles et de scalpels chirurgicaux, voilà de quoi vous faire plaisir.
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