Citation : Entendu aux toilettes durant un concert de Sick Sinus Syndrome : "T'as pas l'impression qu'ils jouent toujours le même titre en boucle ? ...C'est quand même génial, non ?"
C'est cette courte anecdote de pissotière qui est actuellement utilisée pour promouvoir
"Swarming of Sickness". Voilà, ça, c'est que j'appelle de la réclame - les marketeux du monde entier peuvent aller se rhabiller. Blague à part, on peut dire qu'elle résume parfaitement le Goregrind des Tchèques de
Sick Sinus Syndrome. Le trio de mercenaires n'a pas chômé : deux petites années auront suffi pour donner un successeur à
"Rotten to the Core", déjà abordé dans nos colonnes. Un disque pas personnel pour un sou (ce qui n'est pas vraiment ce que je recherche quand j'enfourne une galette de
pathogrind dans la platine), certes, mais pétri de bonnes intentions - et d'envie d'en découdre. Hary (ancien des légendaires
Pathologist), Bilos (
Malignant Tumour,
Rubufaso Mukufo) et l'hyperactif Jirka (ex-
Ahumado Granujo et
Heaving Earth, pour ne citer qu'eux) sont donc de retour, et changent de fusil d'épaule :
exit la collaboration avec Bizarre Leprous, ce deuxième long-jeu sort sous les couleurs verdâtres d'Obscene Productions - avec une chiée de merch dans la foulée.
Ce changement d'étendard aura-t-il impacté la force de frappe, ou même la recette pratiquée par
Sick Sinus Syndrome ? La réponse sera simple, franche, massive :
NON. En revanche, je trouve ce
"Swarming of Sickness" encore un poil meilleur que
"Rotten to the Core". Est-ce que c'est sa pochette en décomposition (très probablement signée Pierre de Plasma), autrement plus représentative que la simple photographie noir et blanc du précédent ? Cette production plus terne, plus brouillonne, qui confère à sa toute petite demi-heure cette atmosphère répugnante, entre relents de fosse septique et odeur de sang séché ? Probablement un peu des deux. Parce que musicalement, rien n'a fondamentalement bougé en deux ans.
Sick Sinus Syndrome sonne plus que jamais comme du
Carcass, si le groupe avait été cryogénisé en 1989 pour se faire décongeler vingt ans plus tard.
1954 kilomètres séparent Ostrava de Liverpool, et pourtant,
"Swarming of Sickness" les traverse sans forcer en vingt-et-un titres. L'on y retrouve tout ce qui fait le sel et le gras d'un
"Symphonies of Sickness" ou
"Reek of Putrefaction". Sempiternelle introduction, très réussie, "Sick Beat Arrhytmia" annonce la couleur : guitares funèbres piquées à Bill Steer, chant truffé de glaviots de Jeff Walker, et surtout, SURTOUT ! Ce sens de la ligne qui tape juste. Ambiancé,
Sick Sinus Syndrome ? Pas loin... C'est d'ailleurs quand le trio calme un peu ses ardeurs, ralentit le rythme, qu'il parvient le plus à convaincre : " Rapid Tissue Decay", "Feast on Decay", "Appetite for Autopsy"... Clairement, ce sont les compositions menées
mid tempo qui s'extirpent le mieux de la masse grouillante de
"Swarming of Sickness". L'on se délecte à nouveau de ces riffs glauques, charcutés, disséqués avec amour par Bilos, thanatopracteur en chef, plus de 25 ans de carrière au compteur. Soit
groovy à souhait, soit permettant à ces notes qui couinent de percer le
mix pour mieux nous salir les mains. Et pour ceux qui veulent du
blast jusqu'à en avoir les dents du fond qui baignent,
Sick Sinus Syndrome distribue les pains. Ce deuxième
full-length comporte des titres d'une stupidité qui confine au sublime - l'ouverture à démarche cassée de "Uterine Rupture", les maëlstroms incompréhensibles sur lit de batterie folle que sont "Torsion of Testis", "Diseased and Plagued", "Black Putrefaction", les
D-beats lépreux de "Dioxide Lung Corrosion" ou "Peritonsillar Abscess"... Pour pédaler, ça pédale, et tête dans le guidon, s'il-vous-plaît ! Les gourmets apprécieront l'absence de tout compromis dès qu'il est question de tripaille.
On aurait pu craindre que le court intervalle de temps entre les deux disques de
Sick Sinus Syndrome signifie l'arrivée d'une nouvelle livraison bâclée - et les esprits chafouins me rétorqueraient, d'ailleurs, qu'un disque de Goregrind ne nécessite de toutes façons pas des semaines à se torturer sur ses compositions. Pour autant, ce
"Swarming of Sickness" réussit à être encore meilleur que son prédécesseur, déjà fort bien torché. Plus varié, plus mature, presque, qui sait beurrer correctement la tartine, collant immanquablement cet éternel sourire béat d'australopithèque au coin du visage. Et ça, les gars, c'est la marque ultime d'un disque de Grindcore réussi.
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