La discographie de Tenebro depuis sa reprise d’activité en 2019 c’est une démo, deux albums et quatre EPs (ainsi qu’un cinquième déjà en préparation). Un rythme étonnamment soutenu pour une formation qui pendant près de vingt ans est pourtant restée végéter dans l’ombre en attendant patiemment son heure... Du coup, après avoir récemment couvert ici-même deux des trois sorties de 2023 (
Ultime Grida Dalla Giungla et
La Bestia Dell'Isola Maledetta), retour aujourd’hui sur le premier album de ce duo italien au doux parfum d’hémoglobine et de viscères.
Paru en 2022 chez Xtreem Music,
L'Inizio Di Un Incubo a pour lui une illustration particulièrement engageante signée de l’Américain Matt « Putrid » Carr (Acid Witch, Church Of Disgust, Cianide, Druid Lord, Hooded Menace, Nekrofilth, Putri Yell…). Une oeuvre qui bien évidemment n’a pas manqué d’attirer mon regard et qui transpire une fois encore l’amour de ces deux Italiens pour le cinéma d’horreur des années 70 et 80 et plus particulièrement celui de son pays connu sous le nom de Giallo, ces films de seconde division (au mieux) mêlant intrigues policières, scènes d’horreur plus ou moins explicites et érotisme débridé. Côté production, c’est encore une fois Il Beccamorto plus connu sous le nom de Hannes Grabstein (Engrossed, Sepolcro...) qui signe l’enregistrement et le mixage de ce premier longue durée alors que le mastering a quant à lui été confié pour l’occasion à Giorgio Trombino (Assumption, Becerus, Ekpyrosis, Spasticus...). Sans surprise les deux hommes offrent à Tenebro un son lourd et rugueux collant parfaitement au Death Metal primitif et macabre qu’il distille avec application depuis maintenant cinq ans…
De fait, ceux d’entre vous qui connaissent Tenebro mais auraient néanmoins attendu cette chronique avant de poser leurs oreilles sur ce premier album auront très certainement déjà deviné qu’il n’y a évidemment rien d’autre à attendre de ces onze morceaux que ce que j’ai déjà pu écrire au sujet de ces deux Italiens sur Thrashocore. En effet, si chacun jugera de l’efficacité et de la pertinence de la musique du duo à chaque sortie selon ses propres standards, il n’en reste pas moins que la formule par laquelle il a choisi de s’exprimer est restée plus ou moins identique depuis 2019. Aussi, vous ne m’en voudrez pas de me répéter mais je ce n’est pas comme si j’avais vraiment eu le choix…
Empruntant à Mortician, Impetigo et Necrophagia l’essentiel des éléments qui la caractérise, la musique de Tenebro ne brille ni par son originalité, ni par le niveau d’engagement technique de ses deux musiciens et encore moins par la diversité de son propos. Un postulat qu’il faut bien avoir en tête puisqu’il en tiendra sûrement plus d’un à bonne distance même si à l’inverse ce genre de description résonne chez les amateurs de ces formations évoquées plus haut comme la promesse de moments extrêmement savoureux.
C’est donc tout naturellement que l’on va retrouver sur ce premier album de Tenebro les mêmes riffs primitifs et faisandés qui bien souvent vont tourner en boucle de manière plus ou moins marquée, ces mêmes mid-tempo baveux au groove bien lourdingue sur lesquels on va prendre plaisir à s’échauffer les cervicales, ces accélérations salvatrices et plus ou moins tendues (tooupa-toupa, blasts, etc) qui vont évidemment permettre de nuancer le propos des deux Italiens et ainsi amener un peu de nervosité à l’ensemble et finalement ces atmosphères macabres (renforcées par l’usage de quelques samples tirés de ces fameux giallo que je serais bien incapable d’identifier) qui feront là encore tout l’intérêt de son excellent successeur. Cependant, s’il est un premier album qui ne manque pas d’atouts pour convaincre, on ne peut pas dire que
L'Inizio Di Un Incubo soit tout à fait du même niveau qu’
Ultime Grida Dalla Giungla. Globalement moins marquant dans son riffing mais également un poil moins varié d’un point de vue rythmique et dynamique, ce premier album est davantage "plombé" (l’importance des guillemets afin de nuancer mon propos) par la redondance de cette formule qui caractérise, on l’a vu, le Death Metal de Tenebro. De la même manière, s’il ne manque pas de séduire et de convaincre, le groove dispensé par les deux garçons tout au long de ces quarante-cinq minutes n’est pas aussi redoutable et imparable que ce que l’on a pu entendre l’année dernière sur des titres tels que "Lo Squartamento Della Tartaruga", "Khakhua", "Oscuro Rito Sessuale". Alors bon, rien de rédhibitoire dans ces quelques critiques dans la mesure où l’ensemble demeure tout de même très bien balancé avec là encore beaucoup de bons moments et autres passages rondement menés mais forcément, quelques mois après la chronique de
Ultime Grida Dalla Giungla, difficile de ne pas voir ce qui manque ou ce qui fonctionne un petit peu moins bien ici.
Pour autant, malgré ces quelques griefs à son encontre,
L'Inizio Di Un Incubo reste un premier album solide, encore un petit peu vert en comparaison de ce que Tenebro sortira un petit peu plus tard mais fondamentalement engageant pour qui aime ce genre de sonorités primitives et bas du front largement inspirées par Mortician, Necrophagia, Impetigo et le cinéma d’horreur (italien). De fait, s’il n’y a rien de bien nouveau pour tous les amateurs de Death Metal à la sauce série B, le duo a cependant pour lui des compositions efficaces et suffisamment bien ficelées pour espérer reléguer au second plan quelques défauts comme une certaine répétitivité ainsi qu’un indubitable manque de personnalité. Alors certes, on lui préfèrera effectivement son successeur mais en l’état,
L'Inizio Di Un Incubo n’en reste pas moins très agréable à écouter.
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