Teratoma - Purulent Manifestations
Chronique
Teratoma Purulent Manifestations
Bien que plusieurs éditions aient vues le jour au cours de l’année 2022, la sortie du premier album de Teratoma remonte pourtant à fin 2021. Intitulé Purulent Manifestations, celui-ci est tout d’abord paru via Bandcamp avant que ne soit pressé quelques mois plus tard des versions cassette, CD et vinyle grâce à l’implication sans faille des labels Transylvanian Recordings, Desiccated Productions, Unorthodox Emanations et Old Shadows Records. Si d’une édition à l’autre le contenu reste inchangé (six titres, trente minutes), on notera tout de même que les versions CD et vinyle arborent des artworks bien différents. À titre personnel, puisque vous me le demandez, ma préférence va bien entendu à l’illustration proposée ici sur votre droite et que l’on doit malheureusement à un artiste dont je n’ai pas le nom...
Formé à Berlin en 2021, Teratoma compte dans ses rangs des membres et ex-membres de SpeedKobra, Hierophant, Conflicted et Reactory. Des garçons aux origines variées puisque ces derniers nous arrivent évidemment d’Allemagne mais aussi du Brésil, du Chili et d’Italie et qui, plutôt que de perdre du temps en démos et autres EPs sympathiques mais toujours un poil frustrants, ont choisi de s’affranchir de cette première étape pour passer directement à celle du premier album. Alors certes, avec seulement six compositions et trente minutes au compteur, Purulent Manifestations n’est pas d’une grande générosité mais pour un début, on saura s’en contenter.
Vous vous en doutez probablement, aussi inutile de tourner autour du pot. Teratoma n’a pas pour lui une personnalité particulièrement affirmée tout comme le mérite de sa formule, aussi impeccable et maîtrisée soit-elle, ne lui revient en aucun cas. Ainsi l’écoute de ces quelques titres évoquera invariablement quelques grands anciens allant, selon vos infinités, de Bolt Thrower à Incantation en passant par Cannibal Corpse et même Demilich. Toutes ces influences sont évidemment diluées dans une relecture plus moderne qui va notamment apporter ce groove que l’on peut trouver à des dosages différents chez des groupes tels que Tomb Mold, Autophagy, Phobophilic, Undeath, Blood Incantation et tant d’autres formations contemporaines. Bref, vous l’aurez compris, les garçons de Teratoma n’ont effectivement rien inventé mais ce qu'ils font, ils le font sacrément bien.
Confiée notamment à Pierre-Alain Somville (Maggot Heart, King Dude, (Dolch), Okkultokrati, Under The Church) et Dan Lowndes de Cruciamentum, la production est assurément l’un des atouts de ce Purulent Manifestations. Équilibrée, dynamique et abrasive, elle met en relief le caractère à la fois simple, vif et plein de groove du Death Metal des Allemands. On appréciera notamment le grain de ces guitares particulièrement rugueuses mais aussi et surtout cette basse métallique et saturée des plus réjouissantes.
Pour ce qui est du reste, Teratoma y va bon train sans pour autant verser dans la recherche de vitesse ou de brutalité. Death Metal plutôt up-tempo, la musique des Berlinois est ainsi caractérisée par des accélérations thrashisantes plutôt tranquilles ("Tortured Voices" à 1:25 ou 2:20, "Detached From Existence" à 0:12 et 1:30, la première minute de "Nero", "An Ocean Of Infernal Dephts" à 0:22 ou 1:33...) qui, à l’instar de ces quelques solos dispensés ici et là ("Tortured Voices" à 3:03, "Detached From Existence" à 2:40, "Corporeal Mess" à 4:45), vont tout de même nourrir cette cadence entrainante qui caractérise ce premier album. Clairement, Teratoma n’est pas un foudre de guerre mais il amène suffisamment de rythme et aussi de relief à sa musique afin de rentre le tout dynamique et absolument pas plan-plan.
À l’inverse, Purulent Manifestations est également constitué de quelques séquences bien plus lourdes et suffocantes ("Nero" à 2:33, "An Ocean Of Infernal Dephts" à 2:32, la première partie de "Corporeal Mess"...) mais aussi et surtout de nombreux passages au groove particulièrement efficace, parfois pataud, toujours irrésistible. Tout un tas de moments chaloupés qui ne devraient pas manquer d’en faire chalouper quelques-uns parmi vous. En effet, de "Tortured Voices" à 3:48 à "Detached From Existence" à 0:41, 1:44 ou 2:18 en passant par "Nero" à 0:59, "An Ocean Of Infernal Dephts" à 1:09, 2:20 et 3:41 ou "Corpereal Mess" et son groove très inspiré par un certain Cannibal Corpse (à partir de 2:28 seulement), je vous mets au défi de ne pas esquisser quelques mouvants de tête ou mieux, de tête et d’épaules... Bref, comme disaient France Gall et Michel Berge : "Ça balance pas mal...".
Premier album sorti en catimini il y a déjà plus d’un an, Purulent Manifestations est-ce que l’on peut appeler une entrée des plus encourageantes. Certes, modeste et à la portée encore limitée (la chose changera peut-être si un label ayant davantage pignon sur rue se décide à investir du temps et de l’argent sur les Allemands) mais en l’état, il n’y a pas de véritables raisons de râler ou de pisser froid. Effectivement, tout ça ressemble à beaucoup d’autres choses, effectivement Teratoma ne révolutionne absolument rien mais encore une fois, le groupe maitrise sa formule d’une main de maître et offre à l’auditeur trente minutes aussi convaincantes qu’enthousiasmantes ce qui, en soit, est déjà pas mal.
| AxGxB 21 Février 2023 - 700 lectures |
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