La sortie fin 2016 du EP
The Cursed Travails Of The Demeter marquait pour les Irlandais de Vircolac une nette progression dans la construction de leur identité. A travers ces quelques titres, le groupe réussissait en effet à s’émanciper d’influences parfois trop évidentes tout en conservant pourtant cette part d’authenticité si cher à n’importe quel groupe proposant aujourd’hui une relecture moderne de ce que l’on appelle le Death Metal old school. Paru en mars dernier chez Sepulchral Voice Records et Dark Descent Records, ce premier album confirme sans grande surprise ce désir de tracer sa propre route et de proposer quelque chose qui n’appartient qu’à eux et cela malgré ces influences toujours aussi évidentes à déceler.
Mais avant toute chose, le groupe a dû faire face à quelques remaniements de line-up suite aux départs successifs de Karen Bobaron (remplacée par Jason Keane des excellents Sacrilegia) et de Jamie Grimes. Des ajustements vraisemblablement sans incidence même s’il aura tout de même fallu un peu moins de trois ans à Vircolac pour donner une suite de premier choix à
The Cursed Travails Of The Demeter. Produit une fois de plus par Ola Ersfjord mais cette fois-ci aux Sun Studios de Dublin (Malthusian, Primordial, Cruachan...),
Masque bénéficie d’un son âpre et rugueux mais aussi plus viscéral (ah les délices offerts par cette basse hyper saturée) et moins opaque que son prédécesseur qui va lui permettre ainsi de mettre davantage l’emphase sur les atmosphères de caveaux terreux et humides dont se délecte Vircolac depuis ses débuts.
Si je ne m’attendais pas à être particulièrement surpris par la tournure des événements, je reste tout de même étonné par ce "Titan" proposé ici en guise de préambule. En effet, jamais Vircolac ne nous avait encore habitués à un titre aussi direct et rentre-dedans. Il y a bien quelques petites séquences un peu moins soutenues à l’image notamment de ce break entamé à 3:58 mais dans l’ensemble le groupe irlandais fait preuve ici de bien peu de retenue fonçant ainsi têtes baisses pour nous offrir d’emblée un premier morceau particulièrement explosif. Et à y regarder de plus près, il semble que cela ne soit pas le seul moment où Vircolac fasse preuve d’autant d’intensité ("Tether & Wane" à 2:14 et 3:57, "So I Hang From A Wretched Tree" à 2:41, "Masque Of Obsequious Venality" à 2:49, les premières mesures de "The Long Trail").
A l’image de ce que l’on pouvait déjà trouvé sur
The Cursed Travails Of The Demeter, la suite se fera beaucoup plus subtiles et nuancée (sauf en ce qui concerne le chant arraché et malveillant de Darragh O'Laoghaire), le Death Metal de Vircolac étant tout de même davantage tourné vers les mid-tempo que l’inverse. Et c’est bien en procédant de cette façon que les Irlandais ont réussi à cultiver cette identité qui est la leur, à travers une musique sombre, écorchée et bigarrée qui en appelle autant à Autopsy (ces accélérations foutraques à l’esprit Punk évident où la basse exulte, les baguettes rebondissent à toute vitesse et les médiators grattent encore et encore...) qu’au Tribulation de
The Formulas Of Death ou
The Children Of The Night (ces moments suspendus et élégants rappelant, notamment grâce à ce clavier discret, un certain esprit Victorien). Bref, Vircolac déroule sa formule posément en prenant grand soin d’élaborer des atmosphères particulièrement prenantes comme pour mieux nous embarquer dans les histoires qu’il nous raconte (celles de vampires, de loups garous ainsi que ces masques derrière lesquels nous nous cachons jusqu’à la mort…). Et si le résultat laissera de côté tout ceux en quête exclusive (rien à voir avec Bernard de la Villardière) de brutalité, il séduira les esthètes d’un Death Metal façonné pour correspondre à une certaine identité et duquel émane un esthétisme noir et en même temps très élégant (le break de "Titan" qui n’est pas sans rappeler Tribulation, l’introduction de "So I Hang From A Wretched Tree" suivi plus tard par ce pont où se fait entendre un piano déglingué, "Masque Of Obsequious Venality" sa tension omniprésente ainsi que cette séquence entamée à 4:05, cette mélodie étonnamment Pop entamée sur "The Long Trail" à partir de 4:15...).
Destinée aux seuls amateurs de Death Metal capables d’apprécier ce "manque" assumé de brutalité et cette recherche d’élégance et de subtilité, la musique de Vircolac n’a jamais fait l’unanimité. Certains trouvant la formule plutôt quelconque alors que d’autres s’ennuient profondément. En tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que les Irlandais ne versent ni dans le swedish worship, ni dans le Incantation worship ni même dans le Black/Death bestial ou à capuches. Et du coup, ça fait du bien de voir un groupe capable de proposer autre chose en traçant sa propre route et cela en faisant tout de même attention à ne pas trop s’éloigner du cadre relativement strict qu’impose ce genre qu’est le Death Metal.
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