Haalbuaer - Mortal Ones Scream In Horror
Chronique
Haalbuaer Mortal Ones Scream In Horror
Fondé en 2020 par des gamins probablement âgés d’une petite vingtaine d’années (en tout cas à en croire les quelques photos qui trainent sur Internet), Haalbuaer n’en est pas tout à fait à son premier coup d’essai. Les deux dernières années semblent effectivement avoir été particulièrement productives puisqu’en plus de deux démos (Tribal Genocide et Purulent Aapning Til Indre Organer) parues l’année dernière, le groupe vient de sortir son tout premier album. Intitulé Mortal Ones Scream In Horror et disponible pour le moment sur Bandcamp uniquement, celui-ci sera proposé en CD à partir du mois prochain grâce au concours du label Caligari Records (ainsi qu’en cassette via Goat Throne Records). Un début de carrière qui semble donc placé sous les meilleurs auspices pour ces jeunes norvégiens.
Interpellé par cette signature sur le label américain devenu depuis quelques années déjà une source sûre d’approvisionnement de qualité et cela dans des registres parfois diamétralement opposés mais également par cet artwork primitif qui n’est pas sans rappeler le travail de Chris Campbell sur le premier et unique album des Américains d’Infester intitulé To The Depths, In Degradation (dont le jeune chanteur et bassiste Stian Hjertvik arbore d’ailleurs fièrement un t-shirt sur certaines photos promotionnelles), j’ai eu la bonne surprise de me retrouver face à un groupe certes encore un peu vert dont les influences paraissent on ne peut plus évidentes mais un groupe malgré tout suffisamment bien en place pour espérer attiser la curiosité des amateurs de Death Metal bien cradingue…
La première chose à savoir avant de commencer la lecture de cette chronique (ou plutôt de ce paragraphe), c’est que vous ne risquez pas de vous étouffer à la découverte de Mortal Ones Scream In Horror. S’il s’agit bien d’un premier album puisque c’est effectivement sous cette dénomination qu’il nous est proposé, celui-ci culmine cependant à un très modeste vingt et une minutes et dix sept secondes. Alors même si le trio ne brille ni par son originalité ni par son niveau technique (l’introduction de "Cemetery Possession" servant au passage de préambule à l’album laissait d’ailleurs imaginer le pire pour la suite), Haalbuaer a au moins le mérite de ne pas faire trop traîner les choses. Car les Norvégiens l’ont bien compris, il est plus habile de donner l’eau à la bouche à ses auditeurs et de les laisser quelque peu frustrés que de les dégoûter.
Puisant l’essentiel de leur inspiration du côté de formations telles qu’Autopsy, Undergang, Demilich et Infester, les Norvégiens n’ont clairement pas inventé l’eau chaude ni quoi que ce soit qui demande beaucoup de réflexion ou de génie. Pour autant, cela ne fait pas de Mortal Ones Scream In Horror une sortie indigne de votre temps, aussi précieux soit-il. Au contraire, on est même rapidement séduit par le Death Metal primitif, rampant et cradingue que nous offre le trio pendant un petit peu plus de vingt minutes. Un Death Metal auréolé d’une production tout aussi sommaire avec notamment un son de batterie dépouillé pour na pas dire rachitique, une guitare abrasive et lointaine et une atmosphère générale qui sent quand même encore un peu l’amateurisme (celui des temps modernes). Bref, trois caractéristiques qui donnent à l’album une saveur d’antan des plus réjouissantes.
Primitif et rudimentaire, le Death Metal d’Haalbuaer va donc, au delà de cette production que l’on vient d’évoquer, se définir également par tout un tas de riffs sombres et rampants qui par cette simplicité au service d’une efficacité indiscutable ("Cemetery Possession", "Haemophiliak", "Inhale The Nauseating Fumes", "Gorespawn", "Inhale The Nauseating Fumes" et j’en passe...), ce groove putride et vicieux qui ne manquera pas de vous faire dodeliner de la tête ("Cemetery Possession" à 2:35, "Haemophiliak" à 0:30, "Inhale The Nauseating Fumes" à 1:06, "Gorespawn" à 0:43, le riff principal de "Caverns Of The Deceased" puis cette dernière partie amorcée à partir de 1:34, "Bliss In Torment" à 0:31 et 1:36, "Pungent Ecstasy" à 0:45, etc) et ces atmosphères morbides dignes des meilleures série B ne manqueront probablement pas de rappeler à certain un groupe comme Undergang avec qui les Norvégiens partagent en effet bien des point communs. D’ailleurs comme les Danois, Haalbuaer n’est lui non plus pas avare en accélérations, dispensant ainsi ses blasts ("Cemetery Possession" à 1:18, "Acts Of Morbid Perversion" à 0:03 et 1:38, "Haemophiliak" à 0:13, "Inhale The Nauseating Fumes" à 1:05...) et autres délices de Punk à chien fatigué (ces séances de tchouka-tchouka toujours aussi efficaces : "Cemetery Possession" à 1:51, "Caverns Of The Deceased" à 0:09 et 1:11 ou "Bliss In Torment" à 0:54, "Pungent Ecstasy" à 0:45...) avec la plus grande des générosités. Les filiations avec Autopsy, Demilich ou Infester, si elles sont moins évidentes, n’en restent pas moins vraies pour autant avec quelques réminiscences que l’on peut trouver tout au long de ces vingt et une minutes (ce growl bien profond qui rappelle tour à tour celui d’Antti Boman ou celui de Jason Oliver, certains riffs comme ceux de "Cemetery Possession" ou de "Haemophiliak" qui sonnent par moment comme du Demilich, cette longue séquence bien pesante entamée sur "Acts Of Morbide Perversion" à 0:23 et ce côté Punk déglingué qui rappellent pas mal Autopsy...). Bref, les exemples ne manquent pas même s’ils paraissent effectivement moins flagrant que ceux pouvant évoquer Undergang.
Quoi qu’il en soit, Mortal Ones Scream In Horror ne devrait pas manquer d’interpeller tous ceux chez qui ces quelques noms évoquent la promesse d’un Death Metal simple mais efficace, aux atmosphères à la fois baveuses et putrides. Effectivement, les Norvégiens n’ont rien inventé et oui c’est également un peu court pour un premier album. Néanmoins, ce serait mentir de dire que je ne me régale pas de ce Death Metal primitif aux accélérations fatiguées et au groove pour le moins irrésistible. Une formule déjà bien éprouvée par Undergang mais qui malgré tout réussit à convaincre ici. Le Death Metal a donc encore de beaux jours devant lui si la jeune génération (je dois être vraiment vieux si j’en suis à écrire ce genre de phrases) est capable de ce genre de régalade.
| AxGxB 29 Novembre 2021 - 920 lectures |
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