Malgré mon enthousiasme pour Nucleus suite à la sortie de son premier album il y a déjà trois ans, j’ai pourtant choisi (sans pouvoir me l’expliquer) de faire l’impasse sur leur split en compagnie de Macabra paru en 2017. Pourtant, celui-ci avait tout pour attiser ma curiosité :
- Trois nouveaux morceaux de Nucleus.
- Un artwork toujours aussi sympathique signé Dan Seagrave
- La possibilité de découvrir Macabra, duo dans lequel on retrouve notamment un certain Mark Riddick derrière chaque instrument.
Du coup, s’il est fort probable que je rattrape mon retard sur le sujet dans les mois à venir, on va aujourd’hui sauter une étape pour s’intéresser à quelque chose de beaucoup plus récent, le deuxième album de Nucleus intitulé
Entity paru il y a quelques jours de cela.
Sorti chez Unspeakable Axe Records, ce nouvel album est illustré cette fois-ci par le talentueux Adam Burke (Nightjar Illustrations). Un travail particulièrement réussi qui, à la manière de ce qu’il a pu faire pour Vektor, ne laisse aucun doute quant aux thèmes abordés ici par le groupe de Chicago. Oui, ça va encore parler de Science-Fiction. Côté production, Nucleus a une fois encore fait confiance aux services de Dan Klein (aka D.F.K.) pour un résultat assez proche de ce qui avait été fait pour
Sentient, soit un mélange de sonorités synthétiques et mécaniques afin de nourrir au mieux cette atmosphère spatiale.
S’il semble ainsi vouloir marcher dans les pas de son prédécesseur, il n’en reste pas moins que ce
Entity se fait à mon sens bien moins immédiat. Pourtant, rien n’a vraiment changé du côté de Nucleus puisque l’on retrouve cette même dynamique d’ensemble avec des titres menés non pas le couteau entre les dents mais à une cadence tout à fait honorable pour un album qui, une fois encore, ne dépasse pas les quarante minutes. De même, il ne fait aucun doute qu’en termes de riffing, les Américains puisent toujours l’essentiel de leur inspiration du côté de groupes comme Immolation, Timeghoul et Demilich. On trouve en effet chez Nucleus ce même intérêt pour les enchevêtrements de riffs tarabiscotés et dissonants qui sont depuis le début des années 90 la marque de fabriques de ces deux formations que l’on ne présente plus.
Pourtant, il m’a fallu je ne sais pas combien d’écoutes pour tomber sous le charme de ce nouvel album. Un constat qui n’a rien à voir avec mes attentes vis-à-vis de Nucleus mais plutôt avec le fait que tout y est moins évident et moins préhensible, en tout cas de prime abord. Car là où
Sentient s’appréciait sans grands efforts, il a effectivement fallu s’armer de patience pour que commence à poindre, en tout cas chez moi, les mêmes sensations qu’il y a trois ans. Encore une fois, rien n’a fondamentalement changé dans le camp des Américains, c’est juste que les riffs imaginés par Dan Ozcanli et Dave Muntean me semblent beaucoup plus tourmentés qu’auparavant, tournoyant et progressant sans cesse, avec en prime un groove moins évident, plus pernicieux. Ce constat va d’ailleurs bien au-delà de ces riffs puisque même les structures sur lesquels ils reposent se font désormais bien plus complexes qu’autrefois. Les patterns changent, évoluent, mutent sans que l’on sache à quoi s’attendre. Et même après un nombre incalculable d’écoutes, il m’est toujours aussi difficile de retenir un morceau. Pourtant, aussi hermétique puisse-t-il paraître, ce nouvel album exerce chez moi un terrible pouvoir d’attraction.
Car outre cet artwork qui continue de me fasciner à chaque regard que je lui pose, il y a tout de même dans les compositions de Nucleus quelque chose de terriblement attirant. Entre ce growl menaçant et particulièrement profond, ces voix mélodiques qui ne sont pas sans faire écho au Loudblast de
Sublime Dementia ("Mobilization" et "Timechasm"), cette basse absolument délicieuse et tout en rondeurs (qui me rappelle d’ailleurs beaucoup celle du dernier Horrendous), ces riffs et autres structures imprévisibles pour ne pas dire hallucinés, ces accélérations Death/Thrash beaucoup plus classiques mais redoutables d’efficacité, ces ralentissements au groove plus subtil et cette production jouant volontairement la carte de sonorités et synthétiques et mécaniques, le voyage n’est clairement pas de tout repos mais promet en tout cas d’être pour le moins dépaysant. A noter également que Nucleus se paye le luxe d’un morceau instrumental de haute volée, l’excellent "Approach" qui à bien des égards, me fait encore une fois de plus pas mal penser à leurs copains d’Horrendous.
Vous l’aurez compris,
Entity n’est clairement pas un album aussi facile d’accès que l’était à l’époque son prédécesseur. Plus abouti et réfléchi, il est le disque d’un groupe qui ne cherche pas spécialement à séduire mais plutôt à parfaire son art quitte à laisser quelques auditeurs sur le bas-côté faute de quoi s’y accrocher immédiatement. Car pondre à notre époque un disque exigeant nécessitant plusieurs écoutes pour être apprivoisé c’est prendre en quelque sorte de gros risques dont notamment celui de passer à la trappe au profit d’albums plus immédiats. En tout cas une chose est sure, l’amateur de Death Metal technique et old school devrait pouvoir trouver chez Nucleus de quoi satisfaire son goût pour les riffs et autres structures tarabiscotés tout ça sur des paroles largement inspirées ici des écrits d’Isaac Asimov, Arthur Clarke et Frank Herbert. Bref, du pain béni pour tous les petits geek du Death Metal.
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