En fin d’année, on a souvent envie de se faire un petit plaisir (coupable si possible), c’est bien légitime. C’est ainsi qu’en farfouillant parmi les innombrables sorties
death metal de ces derniers mois, je suis tombé sur les Français de
DISGORGED FŒTUS, un duo de darons fascinés par le gore. Ce n’est pas bien compliqué d’en être convaincu, un simple coup d’œil sur les pochettes de leurs innombrables sorties (beaucoup de démos, quelques splits, trois EP et deux compilations) suffit : elles portent toutes le sceau du putride, du pestilentiel, du décomposé.
Depuis 1996 que les mecs prennent un peu de temps sur leurs autres projets pour alimenter cette vilaine bête
goregrind, l’heure du premier album est enfin venue avec le bien nommé «
Obscene Utter Gore Annihilation », un pavé de près d’une heure pour vingt-et-un titres. Gare à l’indigestion estomacs sensibles ! Oh certes ne vous attendez pas à quelque chose d’original, le nom de la formation est déjà en soi un cliché ambulant, même si son écho dans les années 90 ne devait pas être le même qu’aujourd’hui où ce champ lexical est surexploité. Musicalement aussi, rien de nouveau : du
death gore ultra basique, très groovy, me rappelant évidemment
MORTICIAN notamment pour les climats de films d’horreurs et les nombreux interludes samplés où ça ne lésine pas sur les hurlements de jeunes femmes séquestrées. De toute façon, compte-tenu de l’artwork, il faudrait être sacrément naïf pour penser que le contenu musical puisse être l’équivalent d’une brise d’automne sur l’épiderme. Ici, le zéphyr, c’est un
flatus vaginalis accompagné de sang, de foutre et de merde. Je n’invente rien, je me contente de lire les noms des chansons (« Purulent Orgasmic Vaginal Fluids » ; « Lovely Rectal Pestilential Agony » ; « Ingested Anal Oozing in a Carnal Lesions » ; etc.). On pourra trouver cela débile, risible ou de mauvais goût, nous pourrons également apprécier la performance pour ce qu’elle est : un exutoire, un délire de l’imagination qui, de toute façon, aura toujours du mal à atteindre les sommets conquis par «
Les onze mille verges » (
Apollinaire) ou évidemment «
Les 120 journées de Sodome » (
Sade) qui, dans ses dernières parties, n’est qu’un enchaînement cru d’outrages ultimes dont l’acmé est certainement l’agonie de la petite Augustine, quinze ans et quelques. Tout cela pour dire quoi déjà ? Simplement que si la provocation est aujourd’hui plus graphique, ce ne sont que des variations imagées d’une déjà très ancienne fascination pour l’horreur et la transgression morale. Comment ? Tu as déjà eu une érection coupable en lisant Sade et tu te sens mal parce que des mineur(e)s étaient impliqué(e)s dans l’histoire ? Cela ne regarde que toi et ta conscience mon grand, l’Enfer t’attend, tu y écouteras du Yseult ou du Camélia Jordana et Sandrine Rousseau te lattera les burnes en boucle…
Je me rends compte que j’ai encore peu parlé de musique. Si vous êtes familiers de ce style, je ne vous apprendrai rien : le chant est le gargouillis d’un syphon qui se débouche, les riffs sont rustres, brutaux, la basse équivaut à un vrombissement où les notes sont parfois indiscernables et le batteur avoine tantôt sur des mid-tempos gras, tantôt en blastant comme un damné. Il faut dire que les compositions sont brèves (d’une à quatre minutes), ce qui facilite la décharge sauvage d’énergie. En plus, alors que j’étais plutôt dubitatif quant à la durée excessive de l’album, il se trouve qu’il s’écoute assez facilement d’une seule traite, notamment parce que le matraquage n’est pas constant, que les techniques d’assassinats sont variées et que les nombreux entractes horrifiques permettent de reprendre un peu son souffle.
Nous ne sommes donc clairement pas sur la révélation de l’année mais une telle débauche d’abjections méritait amplement d’être portée à la connaissance du plus grand nombre, en espérant que ce met faisandé satisfera vos palais délicats.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo