Helloween - Keepers of the Seven Keys part II
Chronique
Helloween Keepers of the Seven Keys part II
C'est au bout de quatre ou cinq mois d'épuisant travail que le groupe parvient enfin à sortir son ambitieux Keepers of the Seven Keys pt II, qui se voulait être plus que la continuité logique de son prédécesseur - mais tout cela, nous l'avons vu dans la précédente chronique. L'idée était d'enregistrer dans la foulée une autre partie, qui aurait d'ailleurs figurée en même temps que la première, mais il fallut bien cinq mois supplémentaires pour composer et enregistrer de nouveaux morceaux. Tout cela alors que certains membres s'imaginent même sortir une troisième partie pour ces Keepers, projet qui sera vite refoulé par le manque de temps et de moyens, les membres devant composer toujours plus et Kai Hansen étant déjà sur la ligne de départ et enregistrant de temps en temps des démos chez IIIrd Prophecy, le groupe de Ralf Scheepers, en tant que chanteur. Helloween se contente donc d'enregistrer une deuxième et dernière partie à cette histoire des Keepers sans être grandement satisfait du travail de leur producteur, qui donne un son beaucoup plus moderne à l'oeuvre. Et c'est ce sur quoi nous allons nous pencher en premier : s'il y a bien une chose qui marque une certaine rupture entre la partie I et la partie II, c'est bien sa production. Passant d'un son plus chaud et doux sur la première partie, le son-type de ce que l'on peut entendre par "old-school" aujourd'hui, la deuxième partie se distingue avant-tout par un son bien plus lissé et propre, moderne dans un sens, car même pour 1988, il est rare de trouver un disque avec un son aussi clair et bien poli, notamment au milieu de cette déferlante de thrash metal à l'esprit toujours plus "Do it yourself". Et ce son, qui même pour nous en 2020 peut sonner moderne, a été rapidement décrié par Michael Weikath, qui préférait les touches grasses et plus chaleureuses de Tommy Hansen. Quoi qu'il en soit, cette production permet de comprendre le disque plus facilement, en préfigurant peut-être involontairement le power metal moderne actuel à la production ultra poncée et facile d'accès, et d'en dégager toutes les notes les plus discrètes, à l'image des trompettes dans le dernier refrain de "Eagle Fly Free".
Le groupe semble pousser son côté épique, tonitruant et joyeux à son paroxysme ici avec cette pochette colorée où les codes de la fantasy sont ici appliqués avec presque une pointe de parodie. On retrouve ce côté "jusqu'au-boutiste" qu'on peinait à trouver dans la première partie avec divers instruments symphoniques amenés pour accentuer le côté glorieux de la musique. Comme dans la première partie, le disque alterne entre deux types de compos, entre les morceaux plutôt lents et mid-tempo, où l'on retrouve tous les grands tubes du groupe ("I Want Out" ou "Dr Stein") et les morceaux qui gardent l'héritage de Walls of Jericho, à l'image de "Eagle Fly Free", "March of Time" et "Save Us". C'est également ici qu'on retrouve une nouvelle fois cette volonté d'exploiter au maximum le côté épique et mélodique de leur musique, notamment dans "March of Time", bourré de mélodies ici et là comme les rythmiques en harmonie dans le solo, au refrain magnifique, au jeu de batterie super lourd et efficace et à la transition tout bonnement grandiose parce qu'elle en fait des méga-tonnes avec sa batterie en double pédale, ces choeurs en fond, sa guitare en tremolo qui reprend le riff de l'introduction et le chant de Kiske qui va toujours plus haut. A l'inverse, "Save Us" est bien plus légère et s'apparente à du Judas Priest/Running Wild worship avec son côté léger et insouciant qui lui colle un petit côté kitsch même si elle nous apporte de très bons moments comme le solo.
A l'inverse donc, on retrouve des morceaux plus posés, parfois sérieux et parfois clairement parodiques. Et... que cela vous surprenne ou non mais ce sont ces morceaux qui font baisser à ce point la note que j'attribue à ce disque puisqu'ils me parlent beaucoup moins que ceux sur le précédent disque. Les grands tubes "Dr Stein" et même "I Want Out" n'ont, à vrai dire, jamais été ma tasse de thé. Je les ai toujours vu comme un cheveu sur la soupe, à vrai dire : on alterne entre du speed épique gavé de mélodies et de sucreries avec quelque chose de nettement plus accessible et posé - bien qu'en soirée, ce genre de musique passe totalement. On trouvera néanmoins de sacrés moments, comme dans le break de "I Want Out" avec ces choeurs qui ont tellement mal vieillis qu'ils en sont devenus kitsch mais qui apportent une atmosphère un peu différente au morceau. Mais, de mon côté, rien de grandiose à se mettre sous la dent, le pire étant le seul morceau que je n'aime pas de ce disque (ceux que je viens de citer m'indifférant quelque peu, au final), à savoir "Rise and Fall", où une volonté de mettre en avant au maximum le côté humoristique et léger de la musique, qui certes bénéficie d'un rythme très dansant mais qui ne passe pas du tout avec moi, n'étant pas très sensible au côté "rigolo-marrant" du metal. Pour ajouter une touche plus positive à cette partie, on trouve également "You Always Walk Alone", qui vient juste après "Eagle Fly Free" et qui donc tempère un peu le disque après la cavalcade mélodique de ce premier titre en proposant un heavy mélodique plus posé avec un main riff tout en harmonie du plus bel effet old-school. On retrouve ces petites touches sucrées qui me plaisent tant (sans en abuser !) dans le pré-refrain ou même dans l'excellent refrain, ni spécialement furieux ni épique mais sobre et qui fait parfaitement son affaire.
Enfin, à l'image de Walls of Jericho et de Keepers partie I, on retrouve ici une petite touche prog que le groupe a su toujours plus développer. Plus discrète cette fois-ci, elle se manifeste par divers ajout peu conventionnels pour du metal mélodique comme celui-là, avec comme bon exemple tous les samples un peu aléatoires disposés dans "Rise and Fall", qui peuvent déstabiliser à la première écoute. Prog, cette fois-ci, dans le sens expérimental et novateur, dans l'aspect "on tente des trucs" plutôt que dans l'aspect "morceau super long avec plein de changements"... morceau que l'on retrouve aussi, d'ailleurs, puisqu'à l'image de la partie I se terminant en apothéose sur "Halloween", la partie II se termine sur l'ultime tube "Keepers of the Seven Keys"... où je vais encore passer pour un rabat-joie, puisque ce titre ne me parle pas beaucoup non plus. Rudement bien composé, avec tout un tas de transition bien pensées, alternant tremolo mid-tempo et riffing heavy, il ne retient malheureusement pas toujours mon attention, contrairement à "Halloween", où je buvais la moindre note. On retrouve cependant de bons moments, comme la mélodie à la guitare sèche en intro et outro, le refrain et le solo vers la 11ème minute. Bref, tout autant d'éléments qui font de ce titre un vrai précurseur du power progressif, une fois de plus.
Au final, et malgré ce qu'à pu en dire Michael Weikath, cette deuxième partie des Keepers est un nouveau succès pour le groupe. L'album synthétise toutes leurs précédentes expériences en mêlant speed mélodique et heavy plus tranquille aux thèmes fantasy et kitsch parfaitement assumés. Le disque sera d'ailleurs leur dernier grand coup d'éclat avant une douloureuse descente aux enfers. Le groupe est à sa consécration mais les tensions avec Noise Records sont telles qu'elles aboutiront à un procès que le groupe perdra et se verra forcer de payer une lourde amende à son label. Parallèlement, Kai Hansen décide de quitter le groupe à cause de la trop mauvaise ambiance entre lui, Michael Weikath et Michael Kiske. Hansen commence une nouvelle histoire sous le nom de Gamma Ray et substitue à sa place un autre guitariste, Roland Grapow.
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