Lonewolf - Army Of The Damned
Chronique
Lonewolf Army Of The Damned
La France était plutôt bien fournie en groupes de heavy metal dans les années 1980. Sortilège, H-Bomb, High Power, Nightmare, ADX, Killers, Vulcain, Blasphème, il y avait de quoi faire par chez nous. Aujourd'hui, même si je ne suis pas un spécialiste de la question, les rangs du heavy national m'ont l'air plutôt dégarnis. À part les vieux de la vieille toujours présents et quelques formations comme Heavenly ou Hürlement, j'ai bien du mal à citer des noms. Je vais désormais pouvoir étoffer mes maigres connaissances en heavy français actuel avec Lonewolf. Mieux vaut tard que jamais puisqu'à ma grande surprise, les Rhône-Alpins se sont formés il y a vingt ans et ont sorti leur premier full-length March Into The Arena une décennie plus tard. Moi qui croyais qu'Army Of The Damned n'était que leur deuxième rejeton, il s'agit en fait d'une grande famille qui vient de s'agrandir à cinq! Premier opus pour le label autrichien Napalm Records, Army Of The Damned me servira donc de passerelle pour découvrir l'univers du loup solitaire.
Un univers dans lequel je vais vite me sentir à l'aise. Si Lonewolf est bien originaire de France sur le papier, dans les faits, il a tout du groupe de power metal allemand des années 1980/1990 puisque sa musique épique et mélodique évoque surtout Running Wild (pas étonnant vu que Lonewolf est un titre de l'album Blazon Stone), Grave Digger et Stormwarrior. Seul quelques intros calmes rappellent les récents Iron Maiden ("Lonewolf", "Celtic Heart"). Et comme tout album de power qui se respecte, le tempo se fait souvent rapide à l'image du titre d'ouverture "Lonewolf" et sa mélodie festive. Un putain d'hymne ultra accrocheur pour l'un des meilleurs morceaux de l'album. À côté des ces rythmiques effrénées héritées du speed, les Français placent aussi beaucoup de mid-tempos. Trop peut-être d'ailleurs car ces passages modérés m'interpellent moins que les élans de liberté (petit coup de mou sur "Celtic Heart" et "The Last Defenders"). Il sont toutefois bien efficaces pour la plupart avec en plus un côté épique et valeureux qui fait automatiquement lever le poing et regarder fièrement vers l'horizon. Un sentiment renforcé par le chant du frontman guitariste Jens Börner. Son timbre rauque, puissant et viril dans l'esprit d'un Chris Boltendahl évoque celui d'un chef de guerre viking qui motiverait ses troupes. Et les chœurs rendent le tout encore plus prenant, écoutez donc les refrains fédérateurs des morceaux "Hellbent For Metal" (paroles neuneu et clichesques mais qui font leur effet) et "Cold", l'une des compositions les plus réussies de l'opus.
Le chant est donc un des gros atouts d'Army Of The Damned, même si certaines lignes s'avèrent moins inspirées que d'autres ("The One You Never See", avec Blaze Bayley en guest, en fait un peu trop dans le genre vaillant héros). J'aime ce type de vocalises graves qui changent des intonations aiguës parfois soûlantes d'un genre souvent raillé pour ses "voix de gonzesses". Point de heavy de gonzesses ici. Lonewolf est masculin, fier, conquérant et courageux. L'autre point fort du combo, ce sont les mélodies, sans doute l'aspect qui m'attire le plus dans le heavy. Tant mieux, le quatuor sait y faire et se montre inspiré sur ce nouvel album gorgé de mélodies entraînantes et catchies, notamment en leads avec des solos époustouflants comme sur "Lonewolf" à 3'12, "Army Of The Damned" à 2'33, "Hellbent For Metal" à 2'17, "Soulreapers" à 1'50, "Celtic Heart" à 3'08, "Cold" à 3'18 et 5'02 ou encore "Tally Ho" à 3'14. Ce dernier se termine d'ailleurs sur un passage calme magnifique ponctué d'acoustique.
On ne m'avait dit que du bien de Lonewolf, on ne m'avait pas menti. Army Of The Damned se pose comme un très bon album de power metal à l'allemande aussi bien produit qu'exécuté qui ravira les inconditionnels du style. La musique des Français est certes kitsch et clichée car très ancrée dans les années 1980/1990, toutes les pistes ne se valent pas et certaines lignes de chant touchent moins que d'autres, rendant le disque un peu trop long (50 minutes alors que 35-40 suffisaient amplement). Mais on ne peut nier le talent du groupe pour composer des morceaux efficaces aux mélodies savoureuses et aux refrains entêtants, le tout livré avec une bonne dose d'épique qui donne envie d'attraper son épée et prendre le prochain bateau vers de nouvelles contrées.
| Keyser 29 Avril 2012 - 1955 lectures |
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