Dagoba avait mis pas mal de monde dans sa poche à la sortie de son 1er album éponyme il y a 3 ans. Forts d'une signature avec le label Season of Mist et d'une collaboration avec LE producteur en vogue, Tue Madsen, les Marseillais reviennent cette année avec un
What Hell Is About ambitieux.
Le Danois est donc passé par là et ça s'entend. Le son vous colle au mur dès les 1ères secondes du brutal mini title-track d'ouverture. Les gros riffs saccadés à la double prennent alors tout leur sens. Mais à force de produire tout le monde, Madsen standardise les groupes, qui finissent par sonner tous pareil. Alors oui la prod est énorme mais à un tel point que ça en devient surproduit, je préférais celle du 1er album, plus froide, plus sincère.
Musicalement parlant, Dagoba a suivi une évolution logique: les compos, toujours dans une veine power métal in-your-face (Machine Head, Fear Factory et Pantera restent les grosses influences du combo méditérranéen), sont plus travaillées et plus techniques. Tout le monde a progressé, notamment le guitariste Izakar, dont l'utilisation plus fréquente d'harmoniques artificielles (sifflantes) donnent davantage de valeur à ses riffs. Shawter, lui, a gagné en puissance vocale et en assurance, n'hésitant pas à chanter plus souvent en voix claire tout en gardant une certaine aggressivité, comme sait si bien le faire Robb Flynn (Machine Head). En résultent d'excellents refrains comme sur "Cancer", "Livin' Dead" ou "The White Guy (Suicide)". Franky s'en donne aussi à coeur joie, surtout au niveau de la double, principale arme de Dagoba. Il n'y a finalement que Werther le bassiste qui reste dans l'ombre.
La base des titres restent ces gros riffs saccadés appuyés par une double pédale dévastatrice. Mais Dagoba sait accélérer le tempo et quand il le fait, croyez-moi qu'il ne fait pas semblant. Brutalité et efficacité sont alors les maîtres mots. Seulement les Français ont aussi choisi de donner une certaine ambiance à leurs morceaux, par l'incorporation beaucoup plus importante que sur
Dagoba de samples en tout genres et de passages atmosphériques/symphoniques aux claviers. On a aussi le droit à 2 interludes, l'une ("The Things Apart") peu utile, sombre avec un brouhaha de voix samplées, l'autre ("042104") jouée en acoustique, déjà plus intéressante. Alors c'est bien de vouloir créer une ambiance mais là c'est tellement bourré d'effets que ça en devient gavant. Je trouve en plus que l'ambiance sinistre qu'a voulu donner Dagoba à son album ne fonctionne pas, on ne rentre pas dedans. L'impact, l'efficacité des titres s'en trouve tronqué et c'est bien dommage. J'avoue que je n'aime pas les claviers donc ça n'aide pas à apprécier mais quand même!
Afin de prendre son envol sur le plan international, Dagoba a également eu l'idée, en plus d'embaucher Madsen, d'inviter une célébrité: Simen Hestnæs (aka Vortex), la voix claire de Dimmu Borgir et d'Arcturus. Et là je dois dire que c'est un choix judicieux car les 2 titres où le Norvégien apparait, "It's All About Time" et "The White Guy (Suicide)" sont les meilleurs de
What Hell Is About! Le refrain de "It's All About Time", magnifiquement interprété par un Vortex à la voix aussi puissante qu'émotive sur laquelle des gros blasts viennent injecter une dose de violence ultra jouissive s'avère carrément l'éclair de génie de cet album!
Même si je garde une petite préférence pour le 1er opus, à la prod moins tape-à-l'oeil et au style plus épuré, il est clair que dans la catégorie gros son/efficacité, Dagoba a fait très fort. Il n'y aurait pas eu tout ces artifices superflus, la note aurait été encore meilleure. La musique de Dagoba n'a rien d'original ni d'exceptionnel mais elle bourre. Et nous, à Thrashocore, on aime bien quand ça bourre!
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