C'est au tout début des années 80 que Piet Sielck et Kai Hansen forment le groupe Gentry, recrutant peu de temps après Markus Grosskopf à la basse et Ingo Schwichtenberg à la batterie. A la suite du départ de Sielck, ils engagent le guitariste Michael Weikath, qui joue dans un autre groupe nommé Powerfool et qui ne rencontre aucun succès, groupe auquel Kai Hansen a contribué pour une durée de deux semaines. Mais cette durée est suffisante pour réaliser que le duo Hansen/Weikath marche redoutablement bien et qu'un style de jeu nouveau se met rapidement en place. Il y a ensuite un nouveau changement de nom: Gentry, rebaptisé Iron Fist, doit changer une fois de plus pour n'être ni confondu avec l'album de Motörhead qui vient de sortir, ni pour être associé à un chevalier Allemand particulièrement connu là-bas qui porte également ce surnom. Schwichtenberg propose Halloween: mais la crainte, cette fois-ci, est que le nom se confonde avec la B.O. du film du même nom. Hansen décide de le modifier légèrement et propose Helloween. Cela déplaît à Weikath mais l'idée est globalement appréciée des autres et reste.
Ainsi nommée, la jeune formation doit faire ses preuves. Elle a quelque compos en tête mais rien pour les enregistrer et doit se débrouiller avec un enregistreur audio premier prix. La cassette est envoyée à Noise Records, dont Kai Hansen connait les gérants, qui leur demandent d'enregistrer deux nouveaux titres pour le split "Death Metal", sur lequel figure entre autres Hellhammer et Running Wild. C'est Helloween qui tire particulièrement bien son épingle du jeu. Noise leur passe une nouvelle commande, cette fois-ci pour un EP, qui est enregistré en 1985.
Cet EP particulièrement conséquent, composé de cinq titres pour une durée totale de vingt-six minutes, c'est Helloween, le premier petit pas dans la cour des grands des jeunes Allemands. Malgré un son bien plus mélodique se démarquant nettement de la scène hard rock/metal allemande de l'époque, notamment menée par Accept et Scorpions, la thèmatique reste encore assez sombre - que cette noirceur soit prise au premier ou au second degré, d'ailleurs. Le monstre sur la pochette ne se montre pas particulièrement rassurant -
design que reprendra Hansen lorsqu'il fondera Gamma Ray - et "Starlight" commençant par une
wild intro où l'on entend Kai hurler puis haleter, singeant un fou à lier. On retrouve également cette ambiance pesante lors du break atmosphérique de "Victim of Fate" où Kai parle cette fois-ci à voix basse, en finissant par lâcher quelques cris ici et là. Et oui: comme la pochette - et le nom! - du split "Death Metal" et comme les thématiques des premiers Running Wild laisse l'entendre, le début des années 80 pour les groupes de heavy/speed allemands relève surtout d'une forme de
fantasy très terre-à-terre, se déroulant dans notre monde, sans fées, quêtes épiques ou grandes guerres, mélangée à une certaine forme d'horreur, quelque part provocante. Parfois, même, on y parle de satanisme.
Mais c'est bien cet attrait pour les mélodies et les duos de guitares qui démarque Helloween dans ce début d'années 80, intéressant les uns, dégoûtant les autres. Le groupe reste très ancré dans des influences britanniques comme Judas Priest - groupe préféré du sieur Hansen - ou Iron Maiden pour les jeux de guitares, le tout en y incorporant une vibe speed metal qui les distinguent d'Accept ou d'autres plus formations plus ancrées hard rock. Ainsi, la piste d'ouverture "Starlight" présente une rythmique nettement plus mélodique que sur d'autres sorties de l'époque où l'on retrouve ces fameuses harmonies à la guitare lors des soli franchement sympas. On retrouve cette présence de guitares lead dans "Warrior", "Victim of Fate" et "Cry for Freedom". Le speed metal est mis à l'honneur avec le main riff de "Murderer" et la structure globale du morceau, où tout s'enchaine vite et sans pause, dans "Starlight" et son côté entraînant dans tous les instants et dans le côté plus "Motörhead" des couplets de "Victim of Fate". Le groupe reste également fidèle à ses racines et ses influences avec un côté heavy qu'ils ne renieront jamais dans "Cry for Freedom" et "Warrior", où là aussi on retrouve un bon nombre de jeux de guitares et de mélodies.
Et qu'est Helloween sans son premier chanteur et frontman icônique, Kai Hansen, dont la voix est reconnaissable entre mille et inspirera bien des musiciens de metal mélodique allemand? C'est clairement l'un des aspects les plus importants de cet EP, cette voix aigue quelque peu criarde qui semble parfois se perdre, comme si Kai n'avait jamais suivi de cours de chant de manière assidue et qu'il se contentait de faire ce qu'il pouvait. Ainsi, il nous offre des refrains absolument mémorables à réécouter sans cesse sans s'en lasser et à faire lever le poing tel que celui de "Starlight", pièce maîtresse de cet EP, et d'autres joyeusetés, tel l'excellent pré-refrain de "Murderer", ou les quelques envolées sur "Victim of Fate" qui montre que, même jeune et sans formation véritable, le frontman est capable de grandes choses avec le temps.
C'est ce qui pourrait résumer cet EP, d'ailleurs: une ébauche, un brouillon tout à fait original de heavy/speed mélodique dans lequel Helloween a mis tout son coeur pour ne pas décevoir Noise, son label, où se mêle habilement, mais de manière encore un peu chaotique, heavy façon Maiden et mélodies façon Priest, et qui distingue de ce fait le groupe de tous ses comparses plus orientés hard rock. Le résultat ne se fait pas attendre:
"Helloween" se vend à plus de soixante mille copies, battant tous les records du label et dépassant de loin l'espérance des jeunes musiciens, qui, fort de leur première expérience et de la confiance totale de Noise, ont désormais carte blanche pour produire du nouveau matériel bien plus conséquent. Ce matériel, c'est un premier album. Cet album, c'est
"Walls of Jericho".
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