« Pink Bubbles Go Ape », ou le début de la fin pour HELLOWEEN? Il y a un peu de ça, et même beaucoup à vrai dire si l'on fait l'inventaire des galères endurées par le groupe au sortir des triomphaux « Keeper Of The Seven Keys ». S'en suit donc une rupture de contrat abusive avec Noise, une addition salée sous forme de remboursement du label allemand assortie de l'interdiction de sortir le moindre album ailleurs qu'en Europe (ainsi qu'au Japon, ouf!), le départ de Kai Hansen –
parti former GAMMA RAY - fatigué par la bataille d'influence que se livrent les deux Mickael (Kiske et Weikath) pour s'assurer le contrôle des citrouilles et « Pink Bubbles Go Ape » donc, qui après un « Keeper Pt.2 » aux allures de grand messe speed métallique, ne pouvait que décevoir malgré l'arrivée de Roland Grapow au poste de twin guitariste.
Vous me direz, pourquoi perdre son temps à chroniquer « Pink Bubbles » s'il émarge dans la catégorie sorties de route, l'infâme
« Chameleon » achevant deux ans plus tard de précipiter HELLOWEEN sur le bas côté? La pochette déjà, une énigme qui vaut bien celle de l'Atlantide, et qui permettra à cette chronique de figurer en bonne place dans un futur dossier réunissant les pires attentats à l'ordre esthétique de l'histoire du metal. Son contenu ensuite qui, s'il est loin d'atteindre les minimas d'excellence du chef d'oeuvre précédent –
avec les somptueuses « Dr. Stein », « Eagle Fly Free » ou « I Want Out », la barre était sans doute un peu trop haute – reste quand même très honnête, exception faite d'une intro dispensable (« Pink Bubbles Go Ape »), d'une farce happy metal faisandée (« Heavy Metal Hamsters ») aussi dynamique qu'un rat de laboratoire placé sous assistance respiratoire, et enfin d'une mièvrerie de phase terminale qui préfigure la grande carrière solo à venir de Mickael Kiske (« Your Turn »). Le bilan pourrait s'alourdir avec une « Number One » nappée de claviers sur laquelle les guitares se font bien discrètes, mais le futur ex-successeur de Bruce Dickinson au sein de la vierge de fer (l'arlésienne médiatique des année 90) a au moins le bon goût de patienter jusqu'au refrain (abominable) pour tout emplâtrer. La mélodie principale, elle, reste gentiment nulle, donc passable. Dans la catégorie supérieure, on trouve un opening track assez entraînant, « Kids Of The Century », qui respecte à peu près le cahier des charges en capitalisant sur de bonnes lignes de guitares et de chant, la speedée « Back On The Streets », toutes leads dehors dès les premières mesures et qui s'avère bien plus inspirée que sa devancière en matière de solis, ainsi qu' une funny song générique un peu molle mais pas déplaisante pour autant (« Goin' Home »). Dans le même ordre d'idée, « I'm Doin' Fine, Crazy Man » ne paye pas de mine mais son break flamenco à consonnance mélancolique à 1:42 est intéressant, d'autant que le duo Weikath/Grapow fait le métier en couchant quelques leads rock n' roll bien senties dans la partie finale.
Pas d'albums de HELLOWEEN sans morceau interminable, « Mankind » jouant ici le rôle de la longue pièce pseudo instrumentale dont le démarrage singe tant bien que mal (franchement mal à vrai dire) le « Seventh Son Of A Seventh Son » de qui vous savez. Un entre deux bancal de 6:18, ni fait ni à faire, qui ne satisfera ni les amateurs de progressif (seulement 6 minutes? La bonne blague!), ni les partisans d'une musique plus directe (c'est long parfois, 6 minutes ...). On se consolera avec deux classiques véritables sauvant « Pink Bubbles » de la plus complète panade, l'excellente « The Chance » (présente sur le « High Live » sorti en 1996) et la superbe « Someone's Cryin' », deux perles speed metal sur lesquelles tout le monde élève son niveau de performance, de Michael Kiske (impeccable) à la paire Grapow/Weikath, enfin sur la même longueur d'onde. Du très bon HELLOWEEN qui occulte partiellement les défauts majeurs de cet album mineur, aux compositions croûlant sous des nappes de claviers à l'américaine et qui souffre, au delà d'un évident manque de patate rythmique, de l'absence de refrains marquants, exception faite de « Someone's Cryin' » et « The Chance ». Une déception certaine, à relativiser au regard de la catastrophe industrielle
« Chameleon », qui sonnera le glas du HELLOWEEN Mark 3 dans la douleur, le batteur Ingo Schwichtenberg (souffrant de d'addictions diverses et de schizophrénie) finissant ses jours sous une rame de métro quelques années après s'être vu signifier son éviction par les autres membres d'un groupe alors au bord de l'implosion.
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