Vomi Noir - Les Myasmes de la Deliquescence
Chronique
Vomi Noir Les Myasmes de la Deliquescence
L’avantage avec le Goregrind, c’est qu’on ne risque pas de se tromper sur la marchandise !
Quand on voit passer le disque d’un groupe qui s’appelle « Vomi Noir », on peut déjà se faire une idée de ce qui nous attend sur la galette. « Les myasmes de la déliquescence »… Je vous vois venir : Oui, son intitulé et sa tracklist, en forme de précis de médecine illustré, peuvent paraître un peu pompeux, voir indigestes – J’aurais plutôt tendance à dire qu’ils s’inscrivent dans la plus pure tradition du genre, à savoir la description, par le menu, de tout ce que le champ médical peut offrir de plus ignoble à voir et imaginer. Actif depuis 2015, le trio Toulousain poursuit son petit bonhomme de chemin, déjà auteur de démos, splits et autres formats courts qui laissaient entrevoir un sacré potentiel, tant dans l’atmosphère que dans le tabassage. La ville rose, tu disais ? Mon œil, ouais.
Comme j’ai coutume de le rappeler, trouver des disques estampillés « Goregrind » qui soient de qualité est devenu bien compliqué. On les connaît, les fumistes, ceux qui enfilent poncifs et riffs usés, masquent leur manque de hargne derrière les productions dégueulasses et autres jaquettes sorties des entrailles d’Ogrish. C’est bien pour cette raison qu’il faut mettre en lumière, et encourager, ceux qui se décarcassent, s’échinent à sortir du lot. Vomi Noir fait partie de ces groupes qui redorent le blason d’un genre, qui prête aujourd’hui plus au sourire et à la lassitude qu’à la nausée. Par leur talent, la violence de leur musique, mais également par la qualité de leurs visuels – et la pochette de ce premier full-length ne me donnera pas tort.
On est en plein dans la gerboulade, oui, mais la gerboulade de premier choix, Monsieur. Vomi Noir convoque les plus grands noms du genre au cours des 24 minutes de l’opus. Se côtoient la tendance gutturale et baveuse des légendaires Carcass (ainsi que leur goût pour le détail de pathologies pointues), la brutalité sans bornes et le pitch vocal de Regurgitate, période « Carnivorous Erection », le « no compromises » de Last Days of Humanity quand il était encore audible, mais également le groove des Polonais de Dead Infection. Rien que ça. A défaut d’innover sur quoi que ce soit, Vomi Noir mise tout sur l’efficacité, la poisse. Et ça marche du feu de Dieu ! Ecouter « Les myasmes de la déliquescence », c’est signer pour une douche immédiate après écoute.
L’album jouit d’une production proprement (héhé) parfaite pour le genre : étouffante, mais jamais brouillonne. Les cymbales se répandent dans le mix, les cordes, accordées dans les baskets, forment un goudron diablement épais, qui colle aux godasses, support parfait pour la voix, entre la chasse d’eau et le siphon d’évier, qui éclabousse. « Les myasmes de la déliquescence » tabasse en quasi-permanence, nous offrant des morceaux véritablement taillés pour que le péquin moyen évacue sueur et sang sur le sol du pit : Citons par exemple la doublette « Reliquat Pestiférant »/ »Eclatements Humorragiques… », le premier cadencé par une alternance de blasts et de D-beats frénétiques pour finir sur un solo complètement désarticulé (qui ponctuent le disque), le second offrant une rythmique aussi galopante qu’implacable. Comme d’habitude, difficile d’isoler un titre plutôt qu’un autre quand l’ensemble est aussi homogène dans la branlée. Facile, comme excuse ? Essaye, tu verras.
On notera également les éternels samples, véritable caution du style, qui, pour une fois (et Dieu que ça fait du bien), sont parfaitement choisis. Ni trop clichés, ni trop nombreux, ni complètement idiots, ils servent à merveille l’atmosphère de l’album. Du « Je vous salue Marie, pleine de merde… » (Sorti de « Une affaire de femmes » de Chabrol, comme quoi…), en passant par les bruits d’agonie et de mastication bruyante ouvrant « Pustulations Orificielles » ou le « C’est vraiment dégueulasse… » qui clôt « La Fluxion Morbifique… », tout est à sa place.
« Vraiment dégueulasse… » Bon résumé de ce que Vomi Noir nous offre. On prend, et on savoure, cette belle tarte de Goregrind, comme on aimerait s’en infliger plus souvent. Pire, malgré le traumatisme auditif, on prend son plateau vide et on va l’agiter sous le nez des tauliers, pour en reprendre un peu plus. « Les myasmes… » est fort, puisqu’il saura, j’en suis convaincu, trouver preneur chez les amateurs de Grindcore, qui sont souvent assez méfiants par rapport à ce que la frange « Gore » peut offrir – vu la médiocrité ambiante régnant dans le genre, on ne peut pas franchement leur en vouloir. Alors, Vomi Noir, l’exception qui confirme la règle ? En tout cas, les bonnes sorties à tendance « tapis rouge sang » deviennent de plus en plus fréquentes, et ce n’est pas pour me déplaîre. Aux récents Jig-Ai et autres Sulfuric Cautery, nul doute qu’il faudra à présent compter sur Vomi Noir. Chapeau, messieurs, et merci pour ce moment.
| Sagamore 28 Janvier 2020 - 1561 lectures |
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