Medecophobic - Pandemic Of Existence
Chronique
Medecophobic Pandemic Of Existence
Medecophobic m'aura au moins permis de mourir moins con. Il existe des milliers d'appellations pour les différents types de phobies et celle des Allemands n'est pas la moins fascinante. Le terme medecophobia désigne ainsi la peur d'avoir une érection visible à travers le pantalon. Un peu comme dans la réclame Fanta avec Eli Semoun et sa "poutre apparente". Au-delà du fait de m'avoir rappelé une pub bien marrante (oui, il m'en faut peu), les Teutons auront aussi réussi à attirer mon attention et je dois dire que je ne m'attendais pas à un résultat aussi prometteur.
Formés en 2003 et auteurs de seulement deux démos, les Munichois auront mis le temps mais ont enfin sorti ce premier full-length, étape importante dans la carrière d'un groupe. Une étape que Medecophobic franchit avec brio si on écarte quelques maladresses pardonnables (non, je ne parle pas du moustique écrasé sur cette curieuse pochette!). Ma première impression après l'écoute de ce Pandemic Of Existence? Putain, qu'est-ce que ça bourre! C'est d'ailleurs rassurant de s'apercevoir qu'on peut encore être étonné d'une telle brutalité malgré la surenchère qui sévit depuis des années dans le milieu. Un peu comme la première fois que j'ai posé les oreilles sur Blasphemer, je suis resté bouche bée par l'intensité dégagée par le combo d'outre-Rhin. Nous voilà pris dès les premières secondes dans une tornade de brutalité jouissive où riffs rapides, sombres, bouillonnants et chaotiques rivalisent de sauvagerie avec des blast-beats omniprésents et dévastateurs. Ce côté "prends ça dans les mâchoires" se trouve en plus renforcé par une production crue mais puissante et audible garantie sans trigg (même pour la grosse caisse!). Une rareté dans le brutal death pour laquelle les Teutons, et surtout le batteur d'autant plus impressionnant du coup, ont toute mon estime. Le bonhomme nous offrira même parmi ce déluge de blasts divers et variés un petit gravity blast à 1'07 sur "S.W.D.". La classe!
Malgré le côté radical de Medecophobic, le groupe a quand même eu la gentillesse de placer quelques accalmies faisant apparaître un deuxième visage plus orienté groove. En plus d'une basse active, on a ainsi le droit, entre les salves de blasts, à du mid-tempo slammisant plus catchy. "Torso Tetris" à 1'07, "Arterial Spray" à 0'17, "S.W.D." à 3'08, "Inextinguishable Despise" à 2'17, "In Chains Within" à 2'47, "Pandemic Of Existence" à 0'31 et 4'38...tous les morceaux fournissent leurs slam parts d'autant plus bandantes qu'elles sont utilisées avec parcimonie au milieu d'un torrent rapide. Efficacité garantie! Les Bavarois vont même plus loin sur l'intro d'"In Chains Within" lente, lourde et vrombissante, suivie d'une petite lead bien dark. Car en plus de bourrer et de groover, Medecophobic instaure une ambiance sombre bienvenue.
Les Allemands auraient-ils donc tout compris? Pas encore. Car si Medecophobic fait montre d'un potentiel à surveiller, il souffre aussi de défauts de jeunesse importants. Disons en fait que le combo a les défauts de ses qualités. La radicalité du propose engendre comme souvent une monotonie préjudiciable. Les séquences groovies moins frénétiques ne suffisent pas en effet à rendre ce Pandemic Of Existence assez varié. Intensité éreintante, vitesse frénétique, brutalité de tous les instants, aspect parfois un peu trop chaotique font de l'opus une œuvre difficile à digérer, ce qui n'aurait pas forcément été un défaut si le chant de goret s'était fait moins monocorde. Si vous aimez l'ultra guttural indéchiffrable (pas de paroles de toute façon) sans variation par contre, vous allez adorer! En ce qui me concerne, les vocaux resteront mon grief principal contre le premier full-length des Teutons.
Malgré ce petit souci de cordes vocales auquel j'ai de toute façon fini par ne plus faire attention (je commence même à apprécier certaines séquences!), Medecophobic se place comme la première bonne surprise de 2011. Pandemic Of Existence est à conseiller fortement aux fans de Brodequin, du old-Internal Suffering et d'Orchidectomy qui pourraient trouver là de quoi rassasier leur soif de brutalité peu étanchée par ces combos disparus. Une nouvelle preuve de la profusion de nouveaux talents qui surgissent ces dernières années en Allemagne.
| Keyser 5 Février 2011 - 1744 lectures |
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